Instruments de musique

Luth

Instrument à cordes pincées descendant du ’ud (oud) arabe, lui-même hérité de l’ancien Orient et de la civilisation persique. Les plus vieilles représentations occidentales du luth figurent sur deux pyxides (coffrets) en ivoire datant du Xe siècle. 

L’instrument possède une table en bois avec une décoration centrale appelée rosace.  La caisse est piriforme, le fond est bombé et composé de plusieurs côtés.  Le manche est plutôt court et possède des frettes (cases).  Fabriquées en boyaux de mouton, en soie et même en métal, les cordes ont varié en nombre au fil des années, allant de sept jusqu’à vingt-sept.

Au XIVe siècle, il y avait déjà plusieurs fabricants (luthiers).  En l’an 1500, à l’époque des ménétriers-luthistes, la musique polyphonique était notée de façon particulière sous forme de tablature. 

Gratté avec un plectre ou pincé avec les doigts pour jouer des pièces instrumentales ou pour accompagner le chant, le luth a été utilisé pendant plusieurs siècles du Moyen Âge jusqu’à l’époque de Mozart.

Cistre

L’ancêtre du cistre de la Renaissance est la citole médiévale.  Dans les deux cas, l’instrument possède des frettes et des cordes métalliques.  Il est joué avec un plectre ou à l’occasion avec les doigts.  Durant la Renaissance, le cistre suivait le luth de très près en popularité. 

Avant 1600, le corps et le manche étaient faits d’un morceau. C’est à partir du XVIIe siècle qu’il sera fabriqué de différentes pièces montées.  Il était associé à la musique populaire et se retrouvait souvent accroché au mur dans les salons de barbier.  Malgré tout, plusieurs pièces polyphoniques complexes ont été composées pour le cistre et l’instrument a souvent servi d’accompagnement dans les ensembles mixtes (instruments de types différents).

Flûte à bec

La flûte à bec, qui disparut de façon significative de l’art musical vers la fin du XVIIIe siècle, fût par contre très importante durant tout le Moyen Âge, la Renaissance et l’époque baroque. 

La flûte est un des plus vieux instruments du monde.  Certaines fouilles archéologiques ont permis de retrouver des spécimens datant de milliers d’années.  Au Moyen Âge, on l’appelait flaüte, frestel, flageol, fistule!  Benoit de Sainte-Maure, Chrétien de Troyes ainsi que Guillaude de Loris en font mention dans leurs œuvres littéraires respectives :   le Roman de Troie, le Chevalier au lion et le célèbre Roman de la Rose.

Les fleutiers (fabricants de flûtes) savaient déjà les faire en plusieurs tailles dès le XIIIe siècle.  À notre époque, sont conservés en musée, deux instruments originaux datant du XIVe siècle.

Flûte traversière

La flûte traversière était utilisée en Europe dès le XIIe siècle.   À cette époque, elle était en bois, de forme cylindrique et ne possédait pas de clé. 

Plus tard, sous Louis XIV, l’instrument devint conique et on lui ajouta des clés afin de faciliter le jeu des altérations.  Puis au XIXe siècle, Theobald Boehm, créateur de la flûte moderne, réintroduisit la forme cylindrique et le jeu complet de clés.

Saqueboute

Saqueboute est le nom qu’on a donné au trombone jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. 

On sait qu’en 1468, cet instrument a sonné pour la mariage du duc de Bourgogne, Charles le Téméraire.  La buisine (trompette à coulisse) est l’ancêtre du saqueboute.  Plusieurs ensembles de hauts (forts) instruments étaient composés de :

  1. bombardes (instruments à anche double de la famille du hautbois);

  2. chalémies (cf description de la chalémie);

  3. cornets à bouquin (corne de bois recouverte de cuir possédant une embouchure comme la trompette ou le cor de chasse et des trous de jeu comme la flûte);

  4. saqueboutes (le terme saqueboute fait aussi référence à une lance guerrière ou à une perche pour les petites embarcations).

L’Allemagne devint, à partir du XVIe siècle, le plus grand fabricant de hauts instruments. 

Chalémie

En italien, ciaramella est l’ancêtre du hautbois.  La chalémie accompagnait souvent les cornemuses avec lesquelles elle produisait un son riche en harmoniques.

Les chansons de Noël, jouées par les bergers et accompagnées par ces instruments, sont à l’origine des pastorales du XVIIIe siècle.  La chalémie possédait un son robuste tout à fait adapté pour les musiques populaires et les événements qui avaient lieu à l’extérieur.  Au Moyen Âge, les ménétriers qui en jouaient étaient membres de grandes corporations, la plus connue étant la Guilde de Paris, soit celle de Saint-Julien des menestriers.

Harpe

Instrument à cordes à rang décroissant, possédant un cadre triangulaire dont un des côtés est une caisse de résonance.  Tout au long du Moyen Âge, la forme du triangle a beaucoup varié (équilatérale, isocèle, scalène..).  Au fil des années, la harpe est devenue de plus en plus grande.  Le poète Eustache Deschamp disait : «la harpe tout bassement va », indiquant qu’elle était un bas (doux) instrument.

Au XIVe siècle, la harpe avait une étendue d’environ deux octaves;  le 3e octave se développa au XVe siècle.  Contrairement à la harpe irlandaise qui possédait des cordes métalliques se jouant avec l’ongle, la harpe continentale se jouait avec la pulpe du doigt et elle était montée de cordes de boyaux.  La plus ancienne harpe date d’environ 2600 ans avant J. C. et est d’origine sumérienne.  Elle a été retrouvée dans la cité antique de Ur ou Our en Mésopotamie.

Lyre

La lyre est un instrument intimement lié à l’Antiquité classique.  Elle est disparue avec la chute de Rome à la fin du Ve siècle de notre ère.  On la retrouvait sous différentes formes (symétrique, asymétrique, quadrangulaire, en U avec ou sans caisse de résonance).  À quatre cordes, elle symbolisait les quatre éléments et à sept cordes, les planètes.

La lyre médiévale provient probablement des cultures scandinaves.  On a retrouvé plusieurs spécimens de cette dernière dans les sépultures.  On sait qu’elle était jouée à l’épaule, entre les jambes et certaines avec un archet comme le crwth (croute) gallois.

Un instrument appartenant à la même famille s’appelait ala bohemica (aile de bohème) à cause de sa forme ailée.  Cette lyre avait des cordes couchées à l’horizontale au dessus de la caisse de résonance plutôt que de façon verticale comme pour la harpe.  Les bardes s’accompagnant à la lyre chantaient les récits et les grandes épopées qui perpétuaient d’une génération à l’autre la mémoire des ancêtres.

Une autre sorte de lyre était appelée psaltérion.  Cet instrument était en forme de triangle ou trapèze et ses cordes pouvaient être pincées, frottées ou frappées.

Cornemuse et musette

La cornemuse est un instrument à vent possédant un réservoir d’air fait en peau d’animal.  Elle est munie d’un porte-vent dans lequel on souffle avec la bouche pour gonfler le sac.   Par contre, la  petite cornemuse française du XVIIe et XVIIIe siècles appelée musette a un soufflet situé sous le bras droit du musicien qui sert à gonfler la poche de cuir.  Ce qui donne la possibilité au musicien de chanter tout en jouant.  De plus, la cornemuse possède un ou plusieurs tuyaux produisant un son continu servant d’accompagnements (bourdons) ainsi qu’un tuyau mélodique (chanteur ou hautbois). 

Le verbe « muser » signifie jouer.  Le terme « museor » fait référence aux cornemuseux.

L’instrument est de toutes les fêtes. On dit qu’il pouvait amuser, réjouir autant le corps que l’âme.  Au Moyen Âge, on retrouve la cornemuse dans tous les pays occidentaux du nord au sud de la Scandinavie à l’Italie, de l’est à l’ouest de l’Espagne à la Bulgarie.

 

 

Tambour militaire, timbales , nacaires, tambour de Basque , guimbarde et cymbales

Les instruments de percussions sont classés en deux groupes :  les instruments pourvus d’une peau (membraphones) et les résonnants (idiophones) i. e.  ceux qu’on doit secouer, frapper, entrechoquer, frotter, pincer, racler,  comme les cloches, les cymbales, les blocs, la guimbarde, le xylophone, les os, le fouet, le tambour à friction, etc. 

Ce sont probablement les plus anciens instruments du monde et ils ont fait partie intégrante de la musique de toutes les cultures.  On les a toujours utilisé pour toutes sortes d’occasions comme la danse, les marches, la prière, la guerre, les réveils, pour sonner l’alerte, pour mendier, guérir, soigner ou pour animer les fêtes…

Viole, violon, rebec

En Italie au XVIe siècle, le terme viola était utilisé pour tous les instruments à cordes frottées (sauf le rebec).

On en distinguait deux sortes :

  1. les viola da gamba jouées entre les jambes (le manche possédait des frettes, le fond était plat et l’instrument était accordé comme un luth).

  2. la viola da braccio jouée à l’épaule (ces violes ont formé plus tard, durant la Renaissance, la famille du violon).  Sur la reproduction suivante, il s’agit du violoncelle.

Au Moyen Âge, le violon n’existait pas.  Par contre, les trouvères jouaient la vièle (fiddle en Angleterre, fisdel en Allemagne).  Le terme dérivait de vitular qui voulait dire se réjouir.  La transformation graduelle de la vièle a donné naissance au XVIe siècle au violon qu’on appelait aussi violetta .

Par ailleurs, le mot rebec nous vient de l’arable rebab.  C’est un petit instrument à trois cordes frottées dont la caisse et le manche sont faits d’un seul morceau.  À cause de sa forme, au Moyen Âge, on l’appelait aussi marionnetta. Il était très joué par les jongleurs et les ménétriers et il accompagnait souvent les présentations de marionnettes ainsi que le récit des chansons de gestes.

Vielle à roue

Au Moyen Âge, la vielle à roue portait aussi les noms :  organistrum, lira, cyfoine, armonie, sinfonie, chiphonie…  C’est un instrument à cordes frottées dont l’archet est remplacé par une roue qui est actionnée à l’aide d’une manivelle.  Au Xe siècle, l’abbé Odo de Cluny a donné des instructions pour la fabrication de l’organistrum.  À cette époque et jusqu’au XIIe siècle, l’instrument était joué par deux personnes. 

À partir du XIIIe siècle, la vielle est devenue portative.  Elle était tenue grâce à un baudrier (ceinture) et pouvait être jouée par une seule personne.  À l’origine, elle était diatonique et vers la fin du XVe siècle, elle est devenue chromatique.  C’est un instrument qui a été souvent associé aux classes sociales pauvres et aux démunis.  Ce qui n’a pas empêché Chédeville, Haydn, Mozart et Vivaldi d’écrire pour la vielle à roue!