Expédition vers l'Arabia Felix
(Arabie Heureuse (littéralement))
En 55 av JC , le proconsul de Syrie, Gabinius "marche contre les Nabatéens et les bat au combat". Cette intervention romaine a pour but de sécuriser la frontière sud de l'empire et maintenir le passage vers l'Egypte, mais il s'agit aussi d'obtenir des tributs. La présence romaine devient incontournable. Ainsi, Pompée oblige les Nabatéens à entrer dans la clientèle de Rome et laisse la province de Syrie entre les mains de Scaurus. Ce dernier se montre menaçant et obtient un tribut de 300 talents d'argent sans combattre. Le roi Malichos entretient de bonnes relations avec Rome et en 47 av JC, il aide Jules César dans sa guerre d'Alexandrie en lui envoyant ses cavaliers au moment où il en a vraiment besoin. Mais il soutient les Parthes en 40 av JC quand ceux-ci font la conquête de la Palestine, reprise rapidement par Rome et il fait à nouveau le mauvais choix en soutenant Marc Antoine face à Octavien (futur Auguste) dans la guerre civile qui suit. Antoine oblige les Nabatéens à payer un tribut à Cléopâtre à partir de 31 av JC. Ceux ci refusent, Cléopâtre charge Hérode le Grand d'attaquer Malichos. Hérode est vainqueur et pille la Nabatène. Mais quand Cléopâtre voit l'armée d'Octavien en 30 av JC, elle tente de faire passer sa flotte en mer Rouge, à travers le désert, les Nabatéens attaquent et incendient les navires.
C'est en 25 av JC, sous le règne d'Obodas III que le préfet d'Egypte Gaius Aelius Gallus, dirige une expédition militaire vers l'Arabia Felix, sur l'ordre de l'empereur Auguste. Le but est de reconnaître l'origine de l'encens et des autres marchandises précieuses que les Nabatéens vendent et pouvoir commercer directement avec l'Arabie du Sud. Gallus part avec 10 000 soldats romains et égyptiens et prend pour guide un gouverneur nabatéen, Saleh (Syllaios, Sylleus) que lui fournit le roi. Ce guide persuade Gallus que la route par la terre est impraticable, lui fournit 1 000 hommes et lui recommande d'équiper une flotte dans le port de Cleopatris (au sud de l'actuel canal de Suez). Les Romains construisent des navires peu adaptés à la mer Rouge. Ils recommencent et après quinze jours de navigation difficile, nous dit Tacite, et des navires perdus, atteignent le port nabatéen de Leukè Kômè (Port Blanc), malades du scorbut et d'autres maladies. L'armée passe l'hiver au port.
Routes commerciales terrestres des Nabatéens.
Au printemps, l'expédition reprend la route, marchant vers l'intérieur, passe près de Yathrib et subit la marche dans le désert, rallongée par le guide et enfin aboutit en six mois dans les royaumes sud-arabiques. Une armée veut leur interdire le passage et bien que moins nombreux, les Romains remportent une nette victoire et continuent vers le Sud. Strabon, l'ami de Gallus, écrit que le Préfet ne perdit que sept hommes au combat et que des dizaines de milliers d'ennemis furent tués! Ils prennent la ville d'Asca, celle d'Athrula et assiègent celle de Marsiaba (aujourd'hui Ma'rib), mais manquant d'eau doivent abandonner. Epuisé, Gallus donne l'ordre de rentrer, à deux jours de marche des régions productrices d'aromates, trouve des guides efficaces et revient en deux mois en Egypte, avec une armée fort diminuée.
Les pertes sont considérables pour l'armée romaine mais les lieux utiles sont repérés et en peu de temps, le commerce nabatéen est fort concurrencé par voie maritime, depuis l'Egypte. Saleh est mis à mort à Rome, pour trahison, après avoir accusé Aretas IV, le nouveau roi, d'être responsable de la mort d'Obodas en 8 av JC. Ce règne est l'apogée du royaume nabatéen. Ce roi est un grand bâtisseur et Petra en conserve la trace aujourd'hui. Pour ménager son voisin Hérode Antipas, il lui donne Phasaelis, une de ses filles en mariage. Le commerce des aromates et des parfums est détourné de Pétra vers l'Egypte romaine. Hérode Antipas répudie Phasaelis et se remarie avec Hérodiade, la femme de son frère Hérode Philippe 1er. Phasaelis retourne vers son père. Aretas ulcéré, lui fait la guerre et le bat en 36 ap JC. Tibère refuse d'aider Hérode, le gouverneur de Syrie, Vitellius, est peu enclin à le soutenir. Aretas envahit la Judée et annexe les territoires sur la rive occidentale du Jourdain. En 39 ap JC, il est destitué par l'empereur Caligula et exilé dans le sud de la Gaule.
Le nouveau roi, Malichos II, pratique une politique en faveur de Rome et en 70 ap JC, il fournit à Titus un contingent de 5000 cavaliers et un millier d'archers pendant le siège de Jérusalem en 70 ap JC. Pendant ce règne, le contrôle de Damas est perdu. Le dernier roi, Marâ’nâ Rabbêll II, monte sur le trône le 20 Octobre 70. Bostra devient la deuxième capitale. A sa mort, en 106, par ordre de Trajan, Cornelius Palma, le gouverneur de la Syrie, annexe la Nabatène en s'emparant de Petra et de Bostra. C'est la nouvelle province d'Arabie Pétrée qui a pour capitale Bostra (au sud de la Syrie actuelle). En 114 ap JC Petra devient "métropole" de province et en 220, une colonie romaine dont les revenus sont agricoles. En 269 ap JC, la nord de la province est envahi par les troupes palmyréniennes, des destructions sont subies à Bostra. C'est la période d'expansion de la reine Zénobie (Septimia Bathzabbai Zenobia). L'occupation de Petra comme centre urbain, malgré le séisme de mai 363, persiste jusqu'au régime des Omeyyades (7ème - 8ème siècle).