CASTRA

  1. Pluriel de Castrum. Campement ou camp fortifié. La disposition d'un camp romain attestait un système et un art remarquables. La forme générale du camp était carrée, et la position entière entourée d'un fossé (fossa) et d'un retranchement (agger) en dedans de ce fossé, dont le haut était défendu par une forte enceinte de palissades (vallum).

Retranchement ou rempart artificiel dont les Romains entouraient leur camp ou les positions qu'ils voulaient occuper un certain temps pendant la guerre. C'était ordinairement une vaste levée de terre, surmontée de palissades (vallum), et protégée extérieurement par une tranchée (fossa), qui n'était autre chose que toute l'étendue de terrain creusée pour former l'agger. Lorsque la nature du sol ne permettait pas de faire une levée de terre, on avait recours à d'autres matériaux faciles à trouver ; l'agger était alors construit d'une enceinte de troncs d'arbres qu'on remplissait de broussailles, etc, comme on le voit dans la gravure, prise de la colonne Trajane.

 

Palissade faite de jeunes troncs avec leurs branches latérales raccourcies et taillées en pointe, de manière à former des espèces de chevaux de frise. Les Grecs et les Romains la plantaient ordinairement au sommet de la levée (agger) dont ils entouraient leurs camps ; par suite, on emploie souvent ce mot, dans un sens plus large, pour désigner à la fois le rempart de terre et la palissade qui le couronne.


Chacun des quatre côtés avait une vaste porte pour l'entrée et la sortie ; la plus éloignée de la position de l'ennemi (A) était appelée porta decumana ; celle qui faisait immédiatement face à cette position (B) porta praetoria ; pour les deux autres : celle à main droite (C) porta principalis dextra ; celle à main gauche (D) porta principalis sinistra.
L'intérieur était divisé en sept rues ou passages dont le plus large, qui établissait une communication directe entre les deux portes latérales et passait devant la tente du général (praetorium), était large de 30m 50 et s'appelait via principalis. En avant de cette rue, mais dans une direction parallèle, il y en avait une autre, appelée via quintana, large de 15m 25, qui partageait la partie supérieure du camp en deux divisions égales ; et celles-ci étaient de nouveau subdivisées par cinq autres rues de même largeur qui coupaient la via quintana à angles droits.
Les tentes et les quartiers des troupes étaient disposés ainsi qu'il suit :
1, le praetorium, ou tente du général.
2, le quaestorium, espace concédé au questeur pour sa tente et pour les magasins du commissariat qui étaient sous ses ordres.
3, le forum, sorte de place du marché.
4, les tentes de la cavalerie d'élite et des volontaires.
5, les tentes de l'infanterie d'élite et des volontaires.
6, les equites extraordinarii, ou cavalerie extraordinaire fournie par les alliés.
7, les pedites extraordinarii ou infanterie extraordinaire fournie par les alliés.
8, places réservées pour les auxiliaires d'occasion.
9, les tentes des tribuns et des praefecti sociorum, ou généraux qui commandaient les alliés.
Telle était la partie supérieure du camp.
Le centre de la partie inférieure était occupé par les deux légions romaines qui formaient une armée consulaire, flanquée de chaque côté par les ailes droite et gauche, composées des troupes alliées. On comprendra du premier coup d'oeil la manière dont ces corps étaient distribués, par les noms de chacun d'eux qui sont écrits dans notre plan au-dessus de leurs positions respectives.
Enfin tout l'intérieur était entouré d'un espace découvert, large de 60 mètres entre l'agger et les tentes, pour les mettre à l'abri du feu et des traits et faciliter à l'intérieur le mouvement des troupes. Le plan, dressé d'après la description de Polybe, à l'époque où les armées romaines étaient divisées par manipules, est donné ici pour expliquer la méthode générale suivant laquelle était disposé un camp romain, et non comme dessin authentique d'un monument ancien. Quelques uns des détails de moindre importance furent nécessairement modifiés, quand la coutume de diviser les légions en cohortes au lieu de manipules eut prévalu ; mais le plan général et les traits principaux de la disposition intérieure restèrent les mêmes.