Guerres Germaniques

 

 

 

 

 

 

Les Germains

Selon César, les Germains sont des guerriers plus redoutables que les Gaulois parce qu'ils sont éloignés du confort et des plaisirs de la civilisation romaine. La guerre est leur première préoccupation et influe sur toute l'organisation socio-économique de la tribu. L'homme n'exerce en général que cette seule activité, car à ses yeux, c'est paresse et lâcheté que d'acquérir par sa sueur ce qu'il peut obtenir par son sang. Aussi, le reste du temps s'emploie-t-il à ne rien faire. L'entretien de la maison et des champs est laissé aux plus faibles de la famille, femmes et vieillards. Les épouses accompagnent d'ordinaire les hommes à la guerre, et pendant le combat les soutiennent de leurs cris et de leurs soins. L'énergie combative des femmes n'est pas en reste, et on les a vues arrêter la retraite de leurs maris et attaquer l'assaillant du haut de leurs chariots.
C'est en armes que se règlent toutes les affaires publiques et privées. Les Germains choisissent leurs rois d'après leur noblesse et les chefs d'après leur courage. Ces derniers regroupent autour de leur personne des compagnons qu'ils rétribuent en chevaux, armes et festins. Le chef montre l'exemple, et ses compagnons le suivent en toutes circonstances, même dans la mort. C'est un déshonneur de revenir d'un combat ou le chef a péri. Celui-ci se distingue par des vêtements ajustés au corps, tandis que ses hommes vont le plus souvent nus, couverts d'une simple peau de bête, ou d'une saie agrafée sur l'épaule par une fibule ou une épine.

 

Il n'y a aucune ostentation dans leurs équipements. À la guerre très peu portent des cuirasses ou des casques, à peine un bonnet de cuir pour certains. Leur apparence suffit en effet à intimider n'importe quel adversaire. D'une imposante stature, les yeux souvent d'un bleu insoutenable, les Germains attachent leur cheveux en chignon sur le côté de la tête, ou les hérissent au sommet du crâne pour se grandir et se donner un aspect plus farouche encore. Dans la tribu des Chattes, les jeunes guerriers se laissent pousser barbe et cheveux jusqu'à ce qu'ils aient tué un ennemi. Les plus vieux se font un honneur d'apparaître en première ligne et d'engager le combat.

La force des Germains réside dans leur infanterie. Elle marche généralement au combat en formation de coin, derrière des enseignes à représentation animale. La cavalerie est également utilisée, et chez certains peuples, comme les Tenctères, elle jouit d'une grande réputation. Les Germains emploient également des corps mixtes. Aux cavaliers sont adjoints de jeunes fantassins choisis pour leur rapidité et leur robustesse, qui courent à côté des montures, agrippés aux crinières. Fantassins et cavaliers portent un bouclier rehaussé de couleurs, et la framée : sorte de petite lance au fer court et étroit qui peut aussi s'utiliser comme arme de jet. Les combattants à pieds emportent aussi des javelots, souvent de bois et durcis au feu, qu'ils lancent à de très grandes distances. Rares sont ceux qui emploient le glaive ou la lance, si ce n'est les premières lignes chérusques qui sont armées d'une longue pique de plusieurs mètres, qui les aide à atteindre à distance un ennemi embourbé dans les marais. Avant d'engager le combat, pour enflammer leur courage et effrayer l'ennemi, les Germains entonnent le barritus, cri de guerre dont le son rauque s'apparente au barrissement de l'éléphant. Pour lui donner le maximum de puissance, le bouclier est placé devant la bouche en porte voix. C'est le comble du déshonneur que d'abandonner son bouclier sur le champ de bataille. Ceux qui sont frappés de cette infamie mettent généralement fin à leur jour. Les traîtres et les transfuges sont quant à eux pendus, et les lâches sont noyés sous des claies dans la boue des marécages.
Les peuples germaniques sont divisés en 2 ou 3 branches principales, selon la période considérée et pour des raisons ethnolinguistiques :
Leur population est estimée de 1 à 4 millions d'individus. Les tribus sont indépendantes les unes des autres et il n'y a pas d'unité politique.
 
Vêtements et habitations
Les germains se couvrent souvent d'une saie qu'ils attachent d'une épine ou alors d'une agrafe. Ils portent également des fourrures d'animaux sauvages chassés récemment. Les germains accordent en général peu d'importance à leur apparence physique. L'habillement des femmes n'est guère différent de celui des hommes, à l'exception qu'elles laissent apparaître le haut de leur poitrine et ont les bras nus.
Les familles germaniques vivent à l'écart les unes des autres et chacune à sa manière. Les villages ne sont pas des constructions regroupées et mitoyennes, en effet chacun se réserve plus ou moins d'espace autour de sa maison.
L'ensemble des constructions sont bâties en bois, les Germains creusent en général des caves sous terre qu'ils recouvrent de fumier. Ces caves abritent les récoltes de sorte que si l'ennemi pille la maison, il ne pense pas à fouiller le sous sol, ainsi leur récolte reste intacte.
 Agriculture
Le sol cultivé par les Germains n’est pas doté d’arbres à fruits comestibles, les habitant sèment donc et récoltent des céréales. Les troupeaux sont assez nombreux, mais les animaux qui les composent sont d’assez petites tailles. Ils aiment posséder des troupeaux bien fournis, en effet c’est la seule richesse qui les comble. Ces terres sont attribuées en fonction du rang social de chaque individu. Les Germains changent de terres en labour au cours des années, et celles à cultiver demeurent en surnombre. Ils n’exigent qu’une seule chose de la terre : une récolte, ils ne mettent pas en application tous les grand principes connus chez les Romains tel que délimiter les champs, irriguer. C’est une des raisons pour qu’ils divisent l’année en trois saisons et non pas quatre, les Germains ignorent en effet l’automne et ses bienfaits.
Pouvoir
On choisit les rois par la noblesse et leur filiation et les chefs de guerre pour leur bravoure. Le pouvoir des rois n’a rien d’arbitraire et d’absolu. Les chefs de guerre s’imposent par leur exemple et suscitent l’admiration en se montrant résolu, en attirant les regards ou encore en agissant en première ligne.
Seuls les prêtres ont le droit de procéder à une exécution, de mettre aux fers ou encore de flageller. Ils n’obéissent pas à un chef, mais agissent comme s’ils recevaient directement des ordres des Dieux.
Chez les différents peuples germaniques, il n’y a pas de distinction entre les lois et les coutumes, les lois étant considérées comme un rempart contre le corruption.

 

 

Guerre en Germanie

Sous Auguste

Mais les efforts militaires d'Auguste vont porter sur la Germanie et vers le Danube et commencer violemment. Déjà en 39 av JC, Agrippa, gouverneur de la Gaule, traverse le Rhin et combat les Suèves qui attaquent les Ubiens. En 16 av JC, le légat Marcus Lollius Paulinus dépêche vingt centurions au delà du Rhin pour lever le tribut dans le territoire des Sicambres. Ils n'en reviennent pas vivants, il semble qu'ils sont crucifiés par les Germains. Puis Lollius est battu et tué par les Sicambres alliés aux Tenctères et aux Usipètes qui viennent de traverser le Rhin. La Vème légion Alaudae est étrillée et perd son aigle. Auguste fait construire, face à l'embouchure de la rivière Lippe, un fort, celui de Vetera Castra. En outre, il fait creuser la Fossa Drusiana, (L'IJssel (également Geldersche IJssel, en français, anciennement, Yssel)),un canal reliant le Rhin au lac Flovo qui préfigure l'actuel Zuiderzee dans le but d'utiliser la marine pour transporter des troupes lors de la conquête de la Germanie. Le trajet est considérablement raccourci, au prix d'un ensemble d'écluses, de digues et de levées de terre encore visibles aujourd'hui.

 

 

 

 

 

Claudius Drusus Nero rassemble cinq légions au bord du Rhin, en particulier la XVIIème à Novesium près de l'actuelle Cologne, les autres à Vetera et à Monguntiacum (Mayence) et étouffe la révolte du côté romain du Rhin avant qu'elle n'éclate. Entre 12 av JC et 9 av JC, il fait 4 expéditions en Germanie, combat les Suèves, les Chattes, les Sicambres, les Usipètes, les Tenctères, les Bructères et les Chérusques. Il parcourt la Germanie de l'embouchure du Rhin à la Lippe, à l'Ems et jusqu' à la Wéser. La première expédition est une véritable démonstration navale. En réponse à une nouveau franchissement du Rhin par les Sicambres, il repousse l'ennemi loin de la rive gauche du fleuve et utilisant le nouveau canal, atteint le lac Flevo, et rejoint les Frisons. Puis à l'aide de leurs pilotes abordent chacune des îles de leur archipel. Une seule réaction ennemie est notée par Strabon, il s'agit d'un combat victorieux contre les Bructères. Mais au retour, la flotte se trouve immobilisée en raison d'un reflux rapide et les Frisons doivent les aider à remettre les bateaux à flot. Drusus ne rapporte aucune tentative similaire dans les années suivantes.

Durant la deuxième expédition, en 11 av JC, Drusus choisit la vallée de la Lippe, une région agricole riche et un chemin direct sur la rive gauche de la rivière, profitant d'un conflit entre Chattes et Sicambres. Drusus atteint la Wéser en détruisant les habitations sur son passage. Il rejette les Chérusques sur la rive orientale et Dion Cassius rapporte des victoires remportées sur les Chauques et les Tenctères; Puis la saison s'avançant, il est temps de rentrer et la colonne romaine étirée est surprise et enveloppée par les Germains sur les hauteurs, près d'Arbalo selon Pline. Mais, ceux ci trop confiants, attaquent en désordre et avec incohérence ce qui permet à Drusus de sortir du piège. C'est ainsi que Drusus décide de faire construire une forteresse au confluent de la Lippe et de l'Alise et une autre dans le pays des Chattes.

Dans la troisième expédition, Drusus choisit en 10 av JC, la dépression hessoise. Les Chattes et les Sicambres se sont réconciliés devant la menace romaine. Drusus passe l'année 10 av JC et un partie de l'année suivante à effectuer des marches dans le pays des Chattes. Les réactions des Germains sont violentes et le camp de l'Alise est détruit. Drusus est nommé consul pour l'année 9 av JC, il repart aussitôt pour la Germanie et reprend la voie de la dépression hessoise, atteint la Wéser puis l'Elbe en contournant le Hartz au Nord. L'armée romaine bat à nouveau les Chattes, les refoule au delà de l'Elbe et poursuit des bandes de Marcomans attardés qui se retirent dans le pays des Boïens, la Bohème actuelle.

 

 

Au cours de la quatrième expédition, partie de Monguntiacum (Mayence), il traverse la territoire des Chattes jusqu'à l'Elbe. Il ne s'agit pas d'une conquête car les Germains, habilement, se retirent dans les forêts à l'approche de l'armée romaine, mettant à l'abri leurs biens et leurs familles. Puis ils attendent la mauvaise saison et le retour des Romains. a ce moment, les Germains sortent de leurs forêts et attaquent l'arrière de l'armée romaine, éliminent les légionnaires qui traînent et pillent les bagages. Et ils attaquent aussi bien la nuit que le jour, occasionnant des pertes sensibles aux Romains. La stratégie de Drusus semble peu efficace, mais il multiplie les forteresses aux confluents de toutes les rivières se jetant dans le Rhin. Un fort, "Castra Herculi" est construit près de la jonction du nouveau canal et du Rhin, en Germanie inférieure, au début du siècle suivant. Enfin les castella drusiana, constituent une suite de postes fortifiés en bordure du Rhin, de l'Helvétie (camp de Dangstetten près de l'actuelle Zurzach) à la mer, le plus souvent sur des hauteurs. Florus a compté une cinquantaine de ces castella mais peu sont situés avec précision comme Argentorate qui correspond à l'actuelle Strasbourg et où des cavaliers Trévires sont installés. Drusus par ces campagnes, cherche à empêcher ou à faire éclater les coalitions ennemies.


Les Romains ont donc atteint l'Elbe en 9 av JC et beaucoup d'entre eux pensent qu'ils sont aux extrémités de la Terre. Au retour de l'armée romaine, vers la mi-août, après avoir franchi la Saale, le cheval de Drusus fait une chute et lui brise la cuisse. L'état de la blessure s'aggrave et quand Tibère le rejoint c'est un mourant. Il a à peine trente ans. La campagne de Germanie continue avec Tibère pour chef. qui reste dans le pays jusqu'en 7 av JC. Les légions parcourent le terrain entre le Rhin et l'Elbe et aucune bataille n'est notée. Tibère donne l'ordre à toutes les tribus de reconnaître la souveraineté de Rome et toutes, même les Sicambres qui s'y résignent en dernier, obéissent. Les messager sicambres venus apporter la soumission de leur peuple sont traités comme prisonniers de guerre et enfermés en Italie et 40 000 personnes sont transplantées en Gaule et sont connus sous le nom de Cugerni. Un peu plus tard, le gouverneur d'Illyricum, Lucius Domitius Ahenobarbus installe sur le territoire des Marcomans, une horde d'Hermundures, venu de Vindélécie et pour cela, il s'avance au-delà de l'Elbe supérieur sans rencontrer de résistance. En 6 av JC, Tibère doit rentrer à Rome par suite d'un différent avec Auguste et la campagne subit un arrêt.

 

Campagne de Drusus Campagne d'Ahenobarbus

 



Mais les Germains sont exaspérés par l'arrivée des hommes d'affaires italiens et Tibère disgracié est éloigné à Rhodes pendant dix ans. En l'an 2 ap JC, les Chérusques et les Chauques se soulèvent et c'est Ahenobarbus, officiellement chargé des légions de Germanie qui les arrête. Quand Tibère revient en l'an 4 ap JC, adopté par Auguste, la situation en Germanie s'est dégradée, mais une chaussée de rondins de 40 kilomètres de long, les Pontes Longi, au nord de la Lippe, facilite les déplacements des légionnaires. Tibère, dans une première campagne franchit le Weser et soumet les Chérusques. Une deuxième campagne le mène au bord de l'Elbe, face aux troupes germaniques sur l'autre rive. C'est la première fois que l'armée romaine prend ses quartiers d'hiver en Germanie, près d'Aliso. Les Chauques se soumettent ainsi que les Cannenefates, les Bructères et les Langobards installés entre le Weser et l'Elbe. Sur le front maritime, toute la côte est reconnue jusqu'au Jutland. Ces expéditions sont réussies, la pénétration romaine va-t-elle s'arrêter sur l'Elbe ?

La réponse est fournie en l'an 6 ap JC. Une gigantesque mobilisation doit faire converger pas moins de 12 légions vers la Bohême du roi Marobod. Le plan prévoit que ces troupes parties de Germanie, de Norique et d'Illyrie doivent conquérir le réduit des Marcomans. Tibère commande la pince orientale et partira de Carnutum, pour franchir le Danube et marcher vers le nord-ouest tandis que Sentius Saturnus emmènera les légions du Rhin depuis Monguntiacum (Mayence), remontera le Mein, enfoncera les Chattes et rejoindra Tibère en traversant la Forêt Hercynienne. Le plan semble parfait, les ennemis sont deux fois moins nombreux que les légionnaires.

 

 

 

 

 

Cinq jours avant de pouvoir se rejoindre, les armées furent arrêtées à cause d'une révolte en Pannonie et en Dalmatie.

 

Le désastre de Varus : an 9 ap JC (Bataille de Teutobourg)

La bataille de Teutobourg, également connue sous les noms de bataille du Teutoburger Wald ou bataille de Teutberg (Schlacht im Teutoburger Wald, Varusschlacht ou Hermannsschlacht en allemand) (clades Variana en latin) désigne la destruction de trois légions de l'Empire romain commandées par Publius Quinctilius Varus en l'an 9 ap JC par une alliance de tribus germaniques menée par le chef chérusque Arminius.

Pendant ces années, la révolte couve en Germanie qui se transforme peu à peu en province romaine avec les commerçants italiens qui s'installent au voisinage des camps romains, la formation d'agglomérations et de marchés. Une partie des Germains est tentée par le mode de vie romain, comme chez les Gaulois à l'époque de César. Mais les peuples plus éloignés du Rhin, tels les Chérusques, les Chattes, les Bructères et les Marses, inspirés sans doute par la révolte de l'Illyricum, en particulier les nobles et les jeunes suivent Arminius (Hermann) dans sa révolte. Il est fils du chef chérusque Segimer. Ancien otage élévé à Rome, il a servi cinq ans dans les rangs de l'armée romaine tout comme son frère Flavius mais ce dernier coopère volontiers avec Rome. Cela illustre le caractère restreint et secret de cette révolte à l'opposé de celle qui vient de frapper la Dalmatie et la Pannonie. En fait l'alternative entre l'engagement du côté des légions et les coups de main contre les troupes d'occupation pousse de nombreux Germains dans le deuxième terme. Arminius a combattu en Pannonie  et s'y est illustré. C'est sur l'ordre d'Auguste qu'il est revenu en Germanie avec Varus.

 


Mais la réussite de cette révolte tient beaucoup aux erreurs faites par les Romains. Les meilleurs officiers et les meilleures troupes sont partis pour le Danube. Les forces dont dispose Varus sont réduites à 3 légions, 6 cohortes et 3 ailes de cavalerie par Auguste, peut être par crainte d'une révolte comme vient de la connaître la Pannonie. Et ce sont des nouvelles recrues qui remplacent les légions en campagne. De la même façon, Varus,le nouveau gouverneur de Germanie n'a pas beaucoup d'expérience militaire, dépourvu de talents diplomatiques ou militaires tout autant qu'ignorant du pays et de ses gens, mais il est l'ami d'Auguste et proche de Tibère, toutefois il est réputé pour avoir réprimé une révolte en Judée qui s'est soldée par la crucifixion de deux mille révoltés.

 


Arminius commande un détachement de Chérusques auxiliaires de l'armée romaine et réussit à capter la confiance du gouverneur Publius Quinctilius Varus. Il l'entraîne avec trois légions, la XVIIème, la XVIIIème et la XIXème, trois détachements de cavalerie et six cohortes d'auxiliaires, dans une grande embuscade. C'est la répétition de la bataille d'Arbalo en 11 av JC, mais Varus est trop confiant. Sa politique fiscale irrite profondément les Germains tant il est âpre au gain et il les exaspère en appliquant brutalement le droit romain. Arminius le pousse à quitter le secteur du fleuve Weser pour rejoindre le secteur du fleuve Hase en passant par une zone marécageuse. L'alliance anti romaine rassemble des Chérusques, des Marses, des Chattes, des Chauques, des Sicambres et des Bructères. Varus donc, à la fin de l'été, se prépare à regagner ses quartiers d'hiver quand il reçoit la nouvelle de la révolte d'une tribu et aussitôt, malgré les avertissement de Ségestes, le beau père d'Arminius, loyal envers Rome, il fait quitter la voie militaire à l'armée et se dirige vers les révoltés. L'armée est réduite du fait des nombreux détachements que Varus a éparpillés et de plus elle est lourdement chargée.

 

 

Dès que l'armée s'est éloignée de sa route, Arminius quitte la colonne avec ses hommes pour dit-il rassembler des Germains et ainsi renforcer les légions. Les alliés se révoltent et massacrent les petites garnisons romaines qui y résident et se rassemblent pour attaquer l'armée de Varus. L'armée romaine avance sans méfiance dans un pays considéré comme ami. Les chemins sont impraticables en raison des pluies d'automne et il semble que les légionnaires doivent couper des arbres et "construire la route" pour avancer. Ils s'arrêtent et montent le camp près du ruisseau Hunte, au voisinage de l'actuelle ville de Bohmte en Basse-Saxe. Le lendemain, les légions progressent entre une zone de marécages et une colline, un chemin resserré, à Kalkriese près de l'actuelle ville d'Osnabruck. Alors cette "foule" de Germains, bien plus nombreuse que les Romains, attaque une première fois les flancs de cette armée en marche avec un certain succès car l'endroit est bien choisi. Les légionnaires subissent une pluie de javelots et de flèches. Les Romains pris par surprise subissent de lourdes pertes. Arminius a fait construire des palissades en bois pour entraver l'action des légionnaires. La réaction des légions est rapide, et l'attaque des palissades est lancée malgré un terrain difficile, c'est un échec en dépit de plusieurs assauts, les Romains sont repoussés. Mais en obliquant vers le Sud Est, Varus réussit à faire sortir son armée diminuée entre les retranchement ennemis, en perdant de nouveaux légionnaires.


Une part importante de l'armée continue à avancer vers Aliso et Varus décide de se séparer des bagages superflus, chariots etc... Le terrain est plat, l'étape se déroule sans encombre et le camp est établi le soir près de la ville d'Engter. Le lendemain, il n'y a plus d'autre choix que d'avancer dans une zone de forêt vers Wiehengebirge. Et aussitôt l'embuscade recommence. Ce terrain ne permet pas à la cavalerie d'agir efficacement et les légions sont mal à l'aise pour se déployer. La panique s'installe et la cohésion de l'armée romaine s'effondre. C. Numonius Vala, légat de Varus, quitte la colonne avec toute la cavalerie et s'enfuit vers le Rhin, mais il tombe dans une embuscade préparé par Arminius. Pendant ce temps les légionnaires progressent en tombant dans de nouvelles embuscades. Le nombre des guerriers germains augmente aux nouvelles des premiers succès. Le soir les légionnaires survivants réussissent à établir un camp près de la ville actuelle de Lengerich.

Varus le lendemain, décide de traverser une zone de marécages pour atteindre la chaussée romaine. Mais le rassemblement de guerriers germains est considérable et l'attaque des débris des légions commence aussitôt. La situation devient critique et Varus suivi par plusieurs officiers, se donne la mort dans les environs de l'actuelle Mûnster. A cette nouvelle, les légionnaires ne veulent plus se battre. L'aigle d'une légion est enterré pour éviter sa capture et un très petit nombre de légionnaires isolés atteindra le Rhin. Beaucoup imitent leur chef et ceux qui se rendent sont soit sacrifiés aux dieux germanique, soit réduits en esclavage et seront parfois libérés contre une rançon. L'armée de Varus, forte de près de 24 000 hommes, est anéantie. Aussitôt la Germanie entière se soulève contre la domination romaine. Toutes les garnisons sont éliminées sauf celle d' Aliso, où Lucius Caedicius, le préfet du camp résiste farouchement aux assiégeants très supérieurs en nombre et ses archers font des ravages chez les agresseurs. Le siège d'Aliso se prolonge et quand les ressources sont épuisées, Caedicius emmène sa troupe et des femmes et enfants, par une nuit noire, jusqu'au camp de Vetera où les deux légions de Monguntiacum, commandées par Lucius Nonius Asprenas sont arrivées. Cette rapide réaction d'Asprenas et la rugueuse défense d'Aliso ont limité la victoire des Germains et dissuadé une révolte gauloise. Le refus du roi Marobod, invité par Arminius à écraser les dernières légions de l'armée du Rhin fait échouer le plan du Chérusque.

Arminius vainqueur

Mais c'en est fini de la politique d'expansion en Germanie. Le désastre est rapidement réparé et l'effectif de l'armée du Rhin est même significativement augmenté puisque on passe de cinq légions à huit organisées en deux armées. Tibère a repris le commandement de cette force et en l'an 11, repasse le Rhin mais ne s'en éloigne guère comme pour montrer aux Germains que Rome est toujours là. Auguste abandonne le projet de Germania jusqu'à l'Elbe et décide de faire du Rhin la frontière de l'Empire. En l'an 13 ap JC, Germanicus succède à la tête de ces deux armées à Tibère qui est bientôt reconnu comme héritier d'Auguste.

Auguste meurt le 19 août 14 ap JC, âgé de 77 ans, il est un des rares empereurs romains à mourir dans son lit. Il a réussi à faire de son fils adoptif Tibère, un héritier dans une situation telle que le Sénat doive approuver sa nomination.

 

 

Campagne de Germanicus la Revanche sur Arminus

A la mort d'Auguste Tibère lui succède

En Germanie quatre légions de Germanie inférieure et des vexillaires se révoltent à leur tour, Germanicus y met bon ordre. A la fin de l'année, Germanicus, à la tête de détachements des légions de Vetera, (12 000 légionnaires, 26 cohortes alliées et huit ailes de cavalerie, composées chacune de 500 à 1000 cavaliers), traverse le Rhin, saccage le territoire des Marses et détruit le sanctuaire le plus sacré, celui de Tanfana ou Tamfana. Au retour, la cavalerie de Germanicus est attirée dans une embuscade par Arminius et l'infanterie vient à son secours et la sauve.


En 15 ap JC, Germanicus mène une campagne en Germanie. Il investit le territoire des Chattes en même temps que l'armée du bas Rhin se bat contre les Chérusques et les Marses soulevés par Arminius. L'été, Germanicus partage son armée en 3 corps:

Lui-même, Germanicus, s'embarque sur le Rhin avec les quatre légions de haute Germanie.
Caecina s'engage dans le pays des Bructères avec les quatre légions de basse Germanie.
Albinovanus, avec la cavalerie, avance dans le territoire des Frisons.

Germanicus est vainqueur des Bructères qui pratiquent la tactique de la terre brûlée, un des aigles perdus dans le désastre de Varus est retrouvé. Germanicus atteint la forêt de Teutobourg, rend les derniers honneurs aux légions de Varus et se lance à la poursuite d'Arminius. Mais en septembre, après avoir déjoué une embuscade des Bructères, des Tubantes et des Usipètes, il renonce à cette poursuite et donne l'ordre de revenir derrière le limes. La retraite de Caecina est pénible sous le harcèlement d'Arminius qui inonde la route des Longs Ponts et l'officier romain doit abandonner son camp qu'Inguiomer, l'oncle d'Arminius pille, trop attiré par le butin, mais ainsi, Caecina parvient à forcer le passage et à défaire les ennemis. Albinovanus dirige la cavalerie vers la mer et suit le rivage La .rumeur d'une défaite romaine était parvenue. On voulait détruire le pont sur le Rhin; mais en l'absence de son époux la femme de Germanicus, Agrippine, s'y opposa. Caecina, selon Tacite est "sauvé" par l'intervention d'Agrippine, l'épouse de Germanicus dont la détermination empêche la destruction des ponts de Vetera décidée pour empêcher l'invasion de la Gaule et ainsi permet aux légions de traverser le Rhin. Les pertes en matériel et en chevaux sont considérables.

 

La bataille d'Idistaviso (16 ap JC)

 


En 16 ap JC, une nouvelle campagne est préparée par Germanicus. Il rassemble son armée aux bouches du Rhin et au début de l'été la convoie sur une flottille de mille transports jusqu'à l'embouchure de l'Ems. Puis il se dirige vers le Weser, rencontre Arminius à Idistaviso et celui ci accepte le combat. L'armée de Germanicus comprend huit légions et un grand nombre d'auxiliaires germains et gaulois. L'infanterie est placée avec la rivière à droite et la forêt où se déploie la cavalerie à gauche. Les auxiliaires avec leur lance et leur bouclier ovale, sont placés dans la première ligne pour faire face aux charges des cavaliers germains. En arrière, des archers auxiliaires soutiennent ces fantassins. La deuxième ligne romaine est composée d'un noyau de prétoriens flanqué par deux légions, la troisième ligne se compose de légionnaires et d'auxiliaires. Les Germains forment un grand arc de cercle autour des légions romaines. Arminius dirige sa cavalerie sur les flancs de l'armée romaine mais les légions tiennent bon avec les auxiliaires et Arminius est blessé à la cuisse par le centurion Quintus Minucius. Les Germains à l'aile gauche commencent à se retirer dans les bois face aux cavaliers de l'armée romaine, et Arminius utilise ses forces de réserve pour mener un assaut frontal contre cette ligne d'auxiliaires. Mais Germanicus a ordonné à ses cavaliers de charger de flanc et en queue les cavaliers germains. L' assaut d'Arminius est repoussé et c'est la déroute chez les Germains, Arminius réussit à s'enfuir, méconnaissable, le visage couvert de sang. Germanicus remporte la victoire, les pertes sont lourdes des deux côtés. Les Romains ne font pas de prisonniers.

A l'automne, Germanicus retourne vers la mer du Nord et l'armée est transportée par la flotte. Elle est malmenée par la tempête et dispersée sur les côtes jusqu'en Bretagne. Germanicus et le vaisseau amiral est poussé vers la côte des Chauques et manque de mourir dans la tempête. La campagne se termine par une invasion du territoire des Marses, tandis que Silius pénètre chez les Chattes. Le deuxième aigle perdu par Varus est récupéré. Pendant l'hiver, Germanicus est rappelé par Tibère et le commandement supérieur de l'armée du Rhin est supprimé. Pour Rome c'est la fin des tentatives de repousser la frontière jusqu'à l'Elbe. Le 26 mai 17 ap JC, Germanicus a droit au triomphe pour ses campagnes de Germanie et il part rapidement en Orient assurant le commandement général de cette partie de l'Empire.

 

Désormais Rome ne s'aventura plus du côté de l'Elbe préfèrant renforcer les fortification à L'Est du Rhin et profitant de la discorde des tribus germaines entre elles pour assoir sa domination.

 


GermanicusGERMANICUS (Tiberius Drusus Nero), général romain, fils de Decimus Drusus. Nero et d'Antonia, nièce d'Auguste, né à Rome en 16 avant notre ère, mort à Antioche en 19 apr. J.-C. Questeur à vingt an., il soumit deux fois les Dalmates et les Pannoniens révoltés et obtint le consulat avant l'âge légal. Il jouissait au plus haut degré de la confiance d'Auguste, qui lui confia les huit légions du Rhin (14 apr. J.-C.). A la mort d'Auguste, ces légions voulurent contraindre Germanicus à prendre l'Empire. Celui-ci refusa, puis, pour détourner l'effervescence des troupes, fit en Germanie plusieurs. campagnes périlleuses. Il reprit les aigles de Varus et vainquit Arminius. Tibère, jaloux, le rappela à Rome, où un magnifique triomphe lui fut décerné. L'empereur lui donna le consulat, mais ne tarda pas à l'éloigner, en l'envoyant en Asie avec un pouvoir dictatorial. Il pacifia la Cappadoce, la Commagène, l'Arménie, visita l'Egypte, la Judée, la Syrie, se faisant aimer par la douceur et l'habileté de son administration.
Mais il était en butte à l'opposition de Pison, confident de Tibère. Il tomba malade en Syrie, et mourut à Antioche. Le bruit courut qu'il avait été empoisonné par Pison. Celui-ci, accusé devant le Sénat, se donna la mort. La fin prématurée de Germanicus fut un deuil public. Il avait composé divers ouvrages, dont il ne reste qu'une traduction en vers des "Phénomènes" d'Arato.

Reconstitution du site hypothétique de la bataille à Kalkriese

La révolte de Pannonie éclate dans un pays qui semble pacifié. Les Dalmates et les tribus pannoniennes sont soumises depuis peu aux gouverneurs romains mais ils ne supportent pas les impôts inconnus jusque là et impitoyablement levés. Les légions de Dalmatie sont conduites sur le Danube et Rome a enrôlé tous les hommes en état de se battre. Ce sont ces guerriers qui donnent le signal de la révolte, commandé par Bato, un Désitiate (peuple dalmate voisin de l'actuelle Sarajevo). Les Pannoniens les imitent, menés par deux Breuques, Pinnès et un autre Bato. La révolte se répand très vite, des citoyens romains sont exécutés. Tout l'Illyricum se soulève, on avance le chiffre de 200 000 fantassins et 9 000 cavaliers tandis que des Daces et des Sarmates traversent le Danube et envahissent la Mésie. Le danger est sérieux, les insurgés peuvent attaquer la Macédoine ou l'Italie. Auguste demande et obtient du Sénat la formation de nouvelles troupes et l'envoi de tout ce qui est disponibles vers les villes menacées. Les Thraces conduits par leur roi Rhoemetalkes viennent en nombre épauler les sept légions de Tibère qui revient en Illyricum Les légions du Rhin restent en Germanie qui peut être tentée par la révolte. Un accord de paix est conclu avec Marobod, sur la base du statu quo. Tibère reçoit des renforts de Mésie dont le gouverneur, Aulus Caecina Severus, vient en toute hâte, de Syrie et d'Italie, il a bientôt dix légions et leurs troupes auxiliaires, des vétérans venus d'eux mêmes et d'autres volontaires soit en tout 120 000 hommes.

Toutefois, la première campagne en l'an 6 ap JC permet seulement de protéger les grandes places telles que Sirmium et Siscia. Mais Bato le Dalmate combat avec succès Marcus Valerius Messalla tandis que Bato le Pannonien lutte contre Aulus Caecina La révolte continue dans l'année suivante où Germanicus, le jeune neveu de Tibère participe à la guerre. La troisième campagne en l'an 8, permet aux Romains qui mobilisent 15 légions (ajout de troupes venues d'Egypte et à nouveau d'Italie), de soumettre les Pannoniens grâce à l'attitude favorable de leur chef Bato qui convainc toutes ses troupes de poser les armes et livre Pinnès aux légionnaires. Il est rapidement exécuté par Bato le dalmate et la révolte reprend. Mais elle est vite jugulée et le Dalmate est réduit à protéger son territoire. La pacification reste longue et Germanicus en l'an 9 doit combattre les Pirustes, à la frontière épirote, ainsi que la tribu des Désidiates et les soumettre. La guerre se transforme en conquête des forteresses et quand Tibère revient en été 9 ap JC, Bato est assiégé dans la dernière place forte : Audetrium (actuellement Much) et celui ci se rend à Tibère tandis que ses hommes luttent opiniâtrement jusqu'au 3 août de l'an 9 ap JC. Gnaeus Lentulus traverse le Danube, avec une forte armée pour châtier les Daces transdanubiens. C'est la première fois que les troupes romaines envahissent le territoire des Daces. Ils avancent jusqu'au Marisus et écrasent l'armée des Daces. Les Romains établissent les 50 000 prisonniers Daces en Thrace. Germanicus vient à Rome annoncer la fin heureuse de la "guerre de Bato" et à la même époque arrive une nouvelle désastreuse en provenance de Cermanie.