PYRRHUS
Pyrrhus est né vers 318 av. J-C. Il était le fils d'Éacide, roi d'Épire, et était un parent éloigné d'Alexandre le Grand. Il rêvait d'étendre son royaume vers l'Occident et vers l'Orient pour reconstituer l'Empire d'Alexandre et reconstruire l'unité du monde grec.
Il combattit tout d'abord au côté du roi de Macédoine, Démétrios Ier Poliorcète, son beau-frère, à Ipsos (301 av. J-C.). En 295 av. J-C., il fut rétabli en Épire par Ptolémée Ier et partagea le pouvoir avec son oncle Néoptolème qu'il empoisonna quelques années plus tard. Il fut le meilleur général de son temps, mais était un homme politique médiocre. Il hésita toujours entre les conquêtes italiennes et l'expansion de son empire vers l'Orient.
En 288 av. J-C., il envahit la Macédoine, toujours gouvernée par son beau-frère Démétrios, et le renversa avec l'aide de Lysimaque, roi de Thrace, en 288 av. J.-C. S'étant partagé la Macédoine avec Lysimaque, il en fut chassé par ce dernier dès 286 av. J.-C.
En 281 av. J.-C., le peuple de Tarente, une colonie grecque du sud de l'Italie, alors en guerre contre Rome, eut recours à Pyrrhus. Celui-ci accepta l'offre de Tarente et débarqua un jour avec 25 000 mercenaires, les meilleurs soldats de métier de l'époque, et une vingtaine d'éléphants de combat venus d'Inde.,Le gros des forces de Pyrrhus consistait en une phalange de 20 000 hommes. La tactique de la phalange était de clouer sur place l'armée ennemie tandis que la cavalerie débordait les ailes. Les éléphants épaulait la cavalerie dans son mouvement d'encerclement.
La première bataille eut lieu à Héraclée en 280 av. J-C, colonie côtière de Tarente située à l'ouest de la ville. Les légions romaines résistèrent au choc de la phalange de Pyrrhus, mais les éléphants mirent en fuite les chevaux romains avant de s'enfoncer dans le flanc des légions, qui se débandèrent ; les pertes furent impressionnante d'un côté comme de l'autre. À l'issue de la bataille, Pyrrhus ne put s'empêcher de déclarer :"Encore une victoire et je suis perdu".
L'automne suivant, en 279 av. J-C., Pyrrhus combattit une nouvelle fois les Romains, cette fois à la tête de forces supérieures à Ausculum dans le nord de l'Apulie. La bataille ne fut pas décisive, mais elle fut, une fois encore très coûteuse, d'où l'expression "victoire à la Pyrrhus".
Il tenta donc en automne de 278 av. J-C une mainmise sur la Sicile, qu'il considérait comme une base pour ses prochaines conquêtes autour de la Méditerranée. Pyrrhus aida les cités grecques à en chasser les Carthaginois, mais son attitude despotique provoqua la défiance des cités grecques qui lui firent défaut lorsqu'il voulut écraser Carthage, qui de plus s'était alliée aux Romains pour le repousser.
Il retourna alors en Italie en 276 av. J-C., et affronta l'armée romaine à Bénévent, dans l'ouest de l'Apulie. La bataille ne fut pas décisive, mais elle fut, une fois encore, extrêmement sanglante. En effet, les Romains, menés par Curius Dentatus, s'étaient aperçus que les éléphants n'étaient pas invulnérable aux pointes des pilums, et qu'ils étaient susceptibles de s'emballer sous l'effet de la douleur et de piétiner leurs propres troupes. Force fut à Pyrrhus de reconnaître que les Romains n'étaient pas aussi barbares que les Grecs de Tarente ne le prétendaient, et, en songeant aux adversaires qu'il venait de combattre, il s'exclama : "Quel champ de bataille je laisse derrière moi". Après cette bataille, Pyrrhus se retira à Tarente, et peu après, en Grèce.
En 274 av. J-C., il se tourna une nouvelle fois vers la Macédoine et il en chassa Antigonos Ier Gonatas. Il le poursuivit jusqu'à Argos, dans le Péloponnèse, où il fut tué en 272 av. J-C. dans un combat de rues, par une femme qui lui lança une tuile du haut d'un toit (Hé Oui !). Reconnu comme un vaillant et prestigieux chef de guerre, Pyrrhus suscita notamment l'admiration d'Hannibal, qui utilisa également des éléphants lors de la deuxième guerre punique.