Révoltes dans l'Empire

 

 

 

La révolte de Tacfarinas ( 17- 24 ap JC)

 

En Afrique, une révolte commence en 17 ap JC, ayant pour motif la revendication des terres fertiles accaparées par la colonisation romaine. Une précédent révolte concerne déjà les Musulames en 5 ou 6. Un Gétule nommé Tacfarinas, ancien militaire ayant servi dans les troupes auxiliaires de l'armée romaine puis déserté, réussit à rassembler la confédération des Musulames et s'allie avec Mazippa, le chef des Maures, à l'Ouest et avec les Cinithiens (peuple saharien vivant près de la petite Syrte, à l'Est). Il commence par diriger une bande de voleurs de bétail puis entraîne ses hommes à combattre comme les Romains. Face à la Legio III Augusta, il pratique une guerre comme les Numides, faite d'attaques soudaines suivies d'abandon rapide, d'embuscades et de harcèlement. Le proconsul d'Afrique, Marcus Furius Camillus part en campagne pour le combattre. Il réunit en un seul corps la Legio III et tous les auxiliaires qu'il trouve et il marche contre Tacfarinas. Cette armée est bien moins nombreuse que la troupe de Numides et de Maures et Camillus essaie de faire espérer la victoire aux adversaires, aussi Tacfarinas, trop confiant, accepte le combat dans le Sud Ouest de la Tunisie actuelle. Camillus dispose la légion au centre, les auxiliaires et les ailes de cavalerie sur les flancs et remporte la victoire. Juba II semble avoir participé à cette victoire car il frappe, en 18 ap JC, des monnaies en souvenir de ce fait d'armes.

 

 

Après cette défaite, Tacfarinas pratique efficacement la guérilla, il assiège et détruit une cohorte de la Legio III, qui tient une fortification près de la rivière Pagyda, sous le commandement de Decrius, en 18 ap JC et qui a fait une sortie imprudente. Lucius Apronius Caesanius, qui succède à Camillus, remporte une victoire contre Tacfarinas près de la ville de Thala. Mais la guerre n'est pas terminée et l'armée de Tacfarinas menace aussi les villes de la côte. Il envoie une ambassade à Tibère pour proposer la fin de la guerre contre l'octroi de terres mais l'empereur s'estime insulté par un déserteur. En 20 ap JC, la Legio IX Hispana est envoyée pour lutter contre cette révolte et en 21 ap JC, la Legio VIII Hispana qui stationne dans l'actuelle Croatie, part en Afrique. Le gouverneur Quintus Junius Blaesus annonce une amnistie, fait sans doute des concessions au sujet des terres et beaucoup de combattants quittent Tacfarinas. Il change l'aspect de cette guerre, divise son armée en 3 divisions indépendantes, fortifie les positions et renforce les garnisons. Puis après l'été, il ne revient pas avec son armée pour hiverner à l'abri dans l'Africa Vetus, comme ses prédécesseurs, mais il agit comme en début de campagne. Il envoie son aile gauche contre les Garamantes pour protéger Cirta, fait surveiller par son aile droite les débouchés de l'Aurès et il tient le territoire des Musulames, patrouille dans le désert d'un abri à l'autre et finit par capturer le frère de Tacfarinas en 22 ap JC. Puis il est rappelé et récompensé par Tibère. Mais, une légion est enlevée et les Maures se révoltent à l'avènement de Ptolémée.

 

 

Tacfarinas étend la révolte de la Maurétanie à la Grande Syrte, les Romains sont débordés. Incapables de capturer Tacfarinas, ils tentent de diviser les tribus en promettant des terres. La Legio IX est rappelée en 23 ap JC. Tacfarinas a reconstitué une petite armée mais le nouveau proconsul Publius Cornelius Dolabella s'allie avec le roi Ptolémée pour le combattre et s'inspire des méthodes de Blaesus. En 24 ap JC, Tacfarinas, soutenu par le roi des Garamantes qui lui envoie des troupes légères, investit Tupusuctu (Thubusque) en Maurétanie Césarienne, près de l'actuelle Tiklat en Algérie. Dolabella demande le soutien du roi Ptolémée, divise son armée en quatre corps, attribue des chef maures à des contingents de troupes légères. Dolabella apprend que des huttes venaient d'être montées près des ruines d'un fort appelé Auzéa (ou Auzia), à proximité de Thubascum en Algérie, dans un place entourée de forêts. Il envoie ses escadrons de cavaliers et des cohortes sans bagages à l'attaque, au lever du jour. Les ennemis sont encore endormis, sans armes et vite pris ou tués. Tacfarinas ne pouvant fuir, évite la captivité par une mort au combat près de Tlemcen, qui entraîne beaucoup de légionnaires. Cette longue guerre de sept ans est finie, les Garamantes envoient des ambassadeurs.

 

 

 

Les révoltes en Gaule

 

 

Monnaie TuronesPendant ce temps, la Gaule romaine bouillonne. Les impôts de plus en plus lourds provoquent un mécontentement qui se transforme en révolte en 21 ap JC. Dans les actuelles provinces d'Anjou et de Touraine, la nouvelle de la mort de Germanicus et le faible moral des légionnaires du limes germain favorise ce mouvement. Julius Sacrovir, un noble Eduen, citoyen romain et le Trévire Julius Florus sont à la tête du mouvement. Un corps de cavaliers est formé à la romaine. Florus prépare l'insurrection en Belgique tandis que Sacrovir s'adresse aux peuples de l'Ouest et du Centre. Le message passe très bien et la conjuration se met en place, organisée par Sacrovir qui prudemment, recommande d'attendre que toutes les cités soient prêtes et que lui même en donne le signal. Mais les Andecaves(Andes) et les Turons s'arment trop tôt et les légions romaines entrent en scène. Le légat Acilius Aviola fait venir une cohorte de Lugdunum et réduit les Andecaves. Un corps de légionnaires est envoyé par Visellius, le gouverneur de la Basse Germanie, pour combattre les Turons. Des nobles gaulois combattent aux côté des Romains, Sacrovir même y participe.

 

Florus continue son action chez les Belges, mais un corps de cavalerie est levé par les Romains dans la capitale des Trévires, (l'oppidum de Titelberg est devenu la cité d' Augusta Treverorum, Trèves). Florus tente de les entraîner dans le massacre des Romains installés dans le pays, mais seuls quelques uns suivent. Après cet échec, Florus rassemble ses "clients" et tente de gagner la forêt des Ardennes pour y former un foyer d'insurrection. C'est alors que les légions de Visellius et de Silius arrivent par des chemins opposés et leur ferment le passage. Julius Indus, un Trévire hostile à Florus, commande le corps de cavalerie trévire fidèle et dissipe la foule d'insurgés en désordre. Florus s'échappe quelques temps mais se tue et la révolte cesse dans le Nord.

Gaulois

Mais l'irrésolution de Tibère facilite la poursuite de l'insurrection par Sacrovir. Ce dernier réussit à faire basculer les cohortes éduennes auxiliaires disciplinées qui s'emparent de la cité d'Augustodunum (Autun), la capitale des Eduens et y proclament la liberté de la Gaule. Sacrovir y recrute des crupellaires, esclaves publics affectés au métier de gladiateurs, revêtus d'une armure en fer d'une seule pièce. Il arme la jeune noblesse gauloise qui étudie la langue et la science des Romains, ainsi que les habitants d'Augustodunum et les paysans. Il a bientôt 40 000 hommes dont 8 000 seulement portent l'armure. Les armes sont des épieux, ou des instruments de chasse. Chaque jour, de nouveaux volontaires viennent grossir la troupe. Seuls les Séquanes rejoignent le mouvement.

Deux légions et un corps d'auxiliaires venus du Rhin entrent dans le territoire des Séquanes, dispersent les insurgés et dévastent les villages traversés. Les soldats sont pressés de piller le pays le plus riche de la Gaule. A douze milles d'Augustodunum, l'armée éduenne attend, rangée dans la plaine. Les crupellaires sont au centre et en première ligne, les cohortes et les "civils armés" forment les ailes. Le légat Silius commandant 12 000 légionnaires aguerris, envoie les cavaliers envelopper les flancs de l'armée gauloise et les légionnaires attaquer en face. Les ailes plient rapidement et les paysans peu armés se débandent. Les crupellaires peu sensibles au javelot ou à l'épée sont plus résistants. Les légionnaires utilisent leur dolabra (hache) pour percer les cuirasses ou des leviers et des fourches pour faire basculer ces pesants ennemis qui, à terre, ne peuvent se relever. Sacrovir entraîné par la fuite des siens arrive à Augustodunum où il compte se défendre mais il trouve le peuple et les magistrats découragés et il se tue avec ses amis. La répression n'est pas sévère, Tibère ne voulant pas faire durer les troubles qui réjouissent ses ennemis à Rome.

 

La révolte des Thraces

 

En 25 av JC, c'est au tour des Thraces de se soulever car ils n'obtiennent pas l'exemption du service militaire et craignent d'être dispersés dans des contrées lointaines. Poppaeus Sabinus, le gouverneur de la Macédoine reçoit l'ordre de réprimer la révolte. Les rebelles sont installés dans les gorges au milieu des bois et sur les collines découvertes. Sabinus leur parle avec modération en attendant les renforts : une légion de Mésie dirigée par Pomponius Labeo et les Thraces fidèles avec leur roi Rhémétalcès. Une fois l'armée rassemblée, Sabinus marche contre les rebelles, chasse ceux qui se tiennent sur les collines découvertes et s'installe sur une montagne étroite qui s'étend jusqu'à la première forteresse bien défendue. Il utilise ses archers pour repousser les guerriers qui s'agitent devant les remparts mais une sortie brusque jette le désordre parmi les archers. Une cohorte de Sicambres intervient opportunément pour chasser les Thraces rebelles.

 

 

 

Puis Sabinus va camper en face du camp ennemi et laisse les Thraces fidèles dans les retranchements avec licence de piller et de dévaster pendant la journée. Mais rapidement, les Thraces cessent de garder le camp et ne songent qu'à festoyer et s'enivrer. Les rebelles renseignés sur cet état de fait, s'organisent pour à la fois attaquer le camp romain et attaquer ces pillards. Ils attaquent de nuit et tandis que les Romains les repoussent facilement, les Thraces auxiliaires sont surpris en plein sommeil et massacrés avec conviction, considérés comme des traîtres favorables à l'esclavage. Sabinus le lendemain dispose son armée en bataille mais les rebelles ne quittent point leurs positions retranchée. Alors Sabinus commence à assiéger la place et fait édifier une contrevallation d'une longueur de quatre mille pas. Puis il resserre son enceinte et construit une terrasse d'où sont envoyés des pierres, des feux et des javelines. Mais c'est le manque d'eau et la discorde qui affaiblissent les défenseurs. Enfin, par une nuit de tempête, les rebelles se lancent à l'assaut désespérément et perturbent par leurs cris les légionnaires. Beaucoup sont tués, peu réussissent à passer et le lendemain les survivants sont forcés de se rendre. La révolte cesse en partie en raison de l'hiver rigoureux et précoce du mont Hémus.

 

 

 

La révolte des Bataves

 

 

 

Une nouvelle flambée de violence éclate en 28 av JC au delà du Rhin. Les Frisons se révoltent et tuent les collecteurs d'impôts. C'est l'avidité des Romains qui en est responsable. Drusus, voyant qu'ils étaient pauvres, leur avait imposé des cuirs de boeufs pour l'usage des troupes. Et depuis, pas de soucis jusqu'à l'arrivée du primipile Olennius, chargé du commandement de la Frise. Il décide que les peaux livrées seront d'auroch, condition impraticable en Germanie. Ils doivent livrer leurs boeufs, puis leur champ et enfin leurs enfants et leurs femmes comme esclaves. Ils prennent les soldats qui lèvent le tribut et les mettent en croix. Olennius s'enfuit à Flevum, un fort où un corps important de romains et d'alliés observent les côtes de l'Océan. Le fort est assiégé. Le propréteur de la basse-Germanie, L. Apronius marche contre eux avec l'armée qu'il dirige et une bonne part des troupes de la Germanie supérieure, en particulier de la cavalerie. Il descend le Rhin et quand il arrive, les Frisons ont délaissé le siège et défendent leurs foyers. Le terrain n'est pas propice à une avance rapide, des lagunes bloquent les légions. Apronius fait construire des chaussées et des ponts mais l'arrivée de ces troupes est si échelonnée que les Bataves repoussent tout ce qui est envoyé contre eux. Les renforts continuent d'arriver mais le spectacle des combattants en fuite les démoralisent. Enfin, les légions arrivent avec la Vème en tête et après un dur combat, l'ennemi est repoussé, et les blessés ramenés en arrière. De nombreux tribuns, préfets et centurions sont morts. Neuf cents romains sont tombés et quatre cent autres isolés dans une maison où ils craignent d'être trahis, se donnent la mort. La soumission est incomplète, cette "victoire" du bois de Baduhenne permet aux Bataves de vivre "libres" sur leurs terres jusqu'au milieu du III ème siècle.

 

 

La révolte de Civilis 69 70 ap JC (Chef Batave ayant la citoyenneté romaine)

 

 

Peu de temps après, la nouvelle d'un désastre dans la révolte des Bataves arrive à Rome. Les Bataves occupent une île baignée par l'Océan et le Rhin. Ils sont alliés avec Rome, ont participé aux guerres de Germanie et de Britannia.

La révolte commence sous le règne de Vitellius. Claudius Civilis joue le rôle d'ami de Vespasien et répond favorablement à la demande d'Antonius Primus et Hordeonius Flaccus de bloquer par une fausse alarme les légions de Germanie que réclame Vitellius. Civilis voit les Bataves excédés par les levées de soldats de Vitellius et par la manière dont elles sont pratiquées. Ainsi les vieillards et les infirmes sont enrôlés pour les rançonner et les enfants sont enlevés, cela lui facilite la tâche. Il leur décrit la situation des légions romaines dont il ne reste que les vieux soldats, les autres sont partis porter Vitellius au pouvoir. Les Canninéfates précipitent le mouvement sous l'influence de Brinnon, le fils d'un rebelle, qui proclamé chef, lance un appel aux Frisons et se jette sur un camp romain, gardé par deux cohortes et situé près de l'Océan. Les légionnaires surpris et en nette infériorité numérique ne peuvent repousser l'attaque. Le camp est pillé. Les préfets de cohorte ne pouvant défendre les autres postes y mettent le feu. Toutes les troupes sont concentrées dans la partie supérieure de l'île sous le commandement du primipile Aquilius mais ces troupes sont composées, d' "une foule confuse de Nerviens et de Germains". Une flotte de vingt quatre bâtiments est également rassemblée là.

Civilis tente une ruse, blâme les préfets d'avoir abandonné les forts, et prétend avec sa cohorte étouffer la révolte des Canninéfates, chacun peut retourner dans ses quartiers d'hiver. Mais la ruse ne prend pas. Alors Civilis joue franc jeu, il place les Canninéfates, les Frisons et les Bataves en trois corps séparés et formés en coin. La bataille a lieu au bord du Rhin, les vaisseaux ont la proue tournée vers l'ennemi. Le combat est commencé depuis peu qu'une cohorte de Tongres bascule dans le camp de Civilis. Dans la flotte, une partie des rameurs est batave et change les vaisseaux de direction, présentant la poupe vers l'ennemi. Les pilotes et les centurions qui résistent sont massacrés, la flotte entière est livrée à l'ennemi.

En Germanie et dans les Gaules, Civilis est célébré comme un libérateur. Hordeonius Flaccus en laissant faire a aidé Civilis, mais aux nouvelles des cohortes détruites et des postes envahis, ordonne au légat Munius Lupercus qui commande deux légions, de marcher contre l'ennemi. Lupercus dirige rapidement dans l'île les légionnaires, les Ubiens voisins, les cavaliers trévires et une aile de cavalerie batave. Durant le combat l'aile de cavalerie batave trahit et découvre l'aile gauche de l'armée romaine. Les auxiliaires ubiens et trévires sont dispersés et les Germains s'acharnent sur eux. Les légionnaires se réfugient en bon ordre dans le camp nommé Vetera. Les huit cohortes bataves rappelées par Vitellius à Rome, exigent pour le prix du voyage, le don militaire, une double paye et une augmentation du nombre de cavaliers, toutes choses promises par Vitellius. Elles rejettent l'autorité de Hordeonius et vont en Basse-Germanie rallier Civilis.

Hordeonius indécis confère avec ses officiers pour déterminer s'il faut réprimer cette révolte, mais les tribuns et les officiers se méfient des auxiliaires et n'ont pas confiance dans ces légions recrutées à la hâte. La décision est prise en commun de retenir les soldats dans leur camp. Mais Hordeonius change d'avis, écrit au commandant de la Legio I Germanica, Herennius Gallus (près de l'actuelle ville de Bonn), de fermer le passage aux Bataves et que lui même les presserait par derrière avec son armée. Puis il change à nouveau ses projets et écrit à Gallus de ne pas effaroucher leur retraite.

Les Bataves approchent du camp de Bonn et déclarent à Gallus qu'elles "ne sont point en guerre contre les Romains et que fatiguées d'un long et stérile service elles soupiraient après la patrie et le repos, que, si personne ne les arrêtait, leur marche serait inoffensive; mais que si des armes leur fermaient le chemin, elles trouveraient passage avec le fer". Gallus hésite mais les légionnaires le décident à combattre. Trois mille légionnaires, des cohortes belges levées rapidement et une masse de vivandiers et de paysans sortent par toutes les portes pour envelopper les Bataves moins nombreux. Ces guerriers chevronnés forment des bataillons triangulaires, aux trois faces serrées et impénétrables et ainsi ils mettent leur arrière et leurs flanc en sécurité. Ils éparpillent ces combattants d'un soir, repoussent les Belges puis les légionnaires qui fuient en désordre vers les retranchements et c'est un vrai carnage. Les vainqueurs continuent leur route sans combats et rejoignent Civilis Ce batave fait reconnaître Vespasien par les siens et vient le proposer aux deux légions bloquées à Vetera. La réponse est négative, l'empereur est Vitellius et ce déserteur batave mérite un châtiment. Furieux, Civilis appelle aux armes tous les Bataves, les Bructères et les Tenctères et plus globalement la Germanie.

Munius Lupercus et Numisius Rufus, les deux commandants de légion font renforcer les enceintes des camps et raser les constructions proches du camp. Mais les approvisionnements sont insuffisants. Les Bataves et les Germains rivalisent de vaillance et attaquent d'abord de loin, mais en vain. Alors ils se lancent sur le rempart, avec des échelles et en montant sur leurs camarades faisant la tortue (les derniers sont à genoux et les premiers lèvent leurs boucliers pour permettre aux autres de grimper sur ce "plancher"). Mais ils sont repoussés et accablés de traits et de javelots. Ils poursuivent néanmoins le combat et utilisent des machines qu'ils ont construites, des ponts en bois montés sur roues qu'ils avancent vers le rempart, les uns combattent au dessus comme sur une terrasse, les autres, abrités dessous sapent les murailles. Mais la baliste renverse ces constructions et les javelines enflammées les empêchent d'établir les claies et les mantelets. Alors, ils se retirent comptant sur la disette et la trahison, et maintiennent le siège.

Pendant ce temps Hordeonius Flaccus tente de rassembler des renforts depuis les Gaules et il confie l'élite des légions au commandant de la Legio XVIII Gaius Dillius Vocula et lui ordonne de marcher le long du Rhin pendant qu'il s'embarque sur le fleuve, malade et détesté des soldats qui le considèrent comme un traître. Ils arrivent à Bonn, au camp de la Legio I ou plus encore la défaite est mise au compte d'Hordeonius. Puis l'armée se rend à Colonia Claudia Ara Agrippinensium (Cologne) où les renforts arrivent des Gaules. Mais ce sont des soldats peu fiables en ces temps de révolte. Vocula fait preuve de fermeté vis à vis des séditieux et les légionnaires le veulent pour chef. Hordeonius lui cède le commandement.

Mais les affaires vont mal, l'argent et les vivres manquent, le Rhin est pratiquement fermé à la navigation en raison d'une sécheresse inhabituelle. Les Gaules se refusent aux tributs et aux levées. L'armée entre à Novaesium (Neuss) et s'augmente de la Legio XVI et de l'officier Herennius Gallus. Ne voulant pas risquer le combat contre Civilis, les deux officiers installent un camp à Gelduba (Gelb) et reprennent l'entraînement des légionnaires, se ranger en bataille, se retrancher, palissader un camp etc... Puis Vocula mène une partie de l'armée chez les Cugernes, un peuple qui est favorable à Civilis. Gallus reste au camp avec le reste des soldats. Un navre chargé de grains s'échoue près du camp, les Germains le tirent de leu côté, Gallus envoie une cohorte mais les Germains sont plus nombreux et les renforts arrivant de chaque côté, on en vient à une bataille où les Germains sont vainqueurs et entraînent le navire. Les légionnaires vaincus avec beaucoup de pertes s'en prennent à leur chef, le maltraitent et l'obligent à livrer ses complices ! il est mis aux fers et accuse Hordeonius de trahison. Le lendemain Vocula le libère et met à mort les auteurs de la révolte.

Civilis soutenu par la Germanie entière, fait ravager les Ubiens qui restent fidèles à Rome et leurs cohortes sont taillées en pièces à Marcodurum. Le siège de Vétéra se poursuit, bloquant tout message de l'extérieur. Les Germains voulant combattre sont envoyés arracher les palissades, ils sont repoussés mais y retournent. Une nuit, les barbares ont allumés de grands feux et le vin aidant se lancent à l'assaut. Les légionnaires frappent en priorité les guerriers les plus audacieux tandis que les Germains frappent dans le vide. Civilis s'en aperçoit et fait éteindre les feux. Le combat est plus incertain mais les Romains plus expérimentés lancent des projectiles dans la bonne direction dès qu'un bruit les avertit. Les Bataves construisent une tour à deux étages qu'ils approchent de la porte prétorienne. La tour est fracassée par des poutres battantes actionnées par les légionnaires qui surpassent les Bataves dans la construction de machines et bientôt Civilis revient à la tactique de siège long tout en distribuant des promesses pour troubler les légionnaires.

La nouvelle de la défaite des Vitelliens à Bedriacum arrive accompagnée d'une lettre de Caecina. Les soldats de Rome sont conviés à abandonner Vitellius. Les auxiliaires gaulois le font rapidement, les vieux légionnaires sont bien moins pressés malgré les exhortations des officiers. Civilis envoie les hommes les plus résolus de son armée contre Vocula. Conduits par Julius Maximus, ils tombent sur le camp des légions avant que Vocula n'ait pu les déployer. Les cohortes des Nerviens paniquent et découvrent les flancs des légionnaires, les cavaliers sortent mais rebroussent chemin face à un adversaire l'attendant en bon ordre. La situation devient grave pour les Romains qui cèdent quand soudain les cohortes des Vascons commandées par Galba arrivent au bon moment et chargent les Bataves par derrière et c'est à leur tour de paniquer en imaginant une armée entière arrivant au secours de Vocula. Les Romains sont au contraire galvanisés par cette arrivée et les Bataves ont perdu leurs meilleurs fantassins et les Romains plus de combattants. Vocula attend plusieurs jours pour marcher à l'ennemi ! Enfin il décide de faire lever le siège de Vetera. Arrivé près du camp, Vocula donne l'ordre de s'entourer de fossés et de retranchements pour combattre sans les bagages. Mais les légionnaires exigent de combattre immédiatement et ils s'avancent en désordre et engagent l'action. Et les assiégés sortent pour participer au combat. Civilis est terrassé par la chute de son cheval ce qui effraie les siens. Les assiégeants fuient et Vocula au lieu de les poursuivre, renforce le camp de Vetera avec des tours et des palissades.


Civilis prend le camp de Gelduba et remporte un combat de cavalerie près de Novaesium. Les soldats sont excédés des revers et veulent la perte des généraux. Ils réclament le don militaire en sachant que l'empereur Vitellius a envoyé de l'argent. Hordeonius le distribue au nom de Vespasien. La sédition se renforce dans une atmosphère de débauches et de rassemblements nocturnes. Les légionnaires sortent Hordeonius de son lit et le massacrent. Vocula échappe à ce sort tragique en s'échappant déguisé en esclave. Puis après avoir envoyé des centurions vers les nations gauloises solliciter des secours, remis les images de Vitellius dans le camp, les légionnaires de la Legio IV et XVIII se mettent sous les ordres de Vocula, qui les engagent à Vespasien et les conduit vers Moguntiacum (Mayence) pour lever le siège. Mais cette alliance de Chattes, d'Usipètes et de Mattiaques s'est retirée après avoir été surprise et battue par les légionnaires assiégés.

L'annonce de la mort de Vitellius ne passe pas inaperçue dans ce contexte. Civilis, en particulier, peut s'adresser aux légions vitelliennes qui ne veulent pas de Vespasien pour empereur. Chez les Gaulois l'incendie du Capitole autorise toutes les spéculations sur la fin de l'empire. La mort d'Hordeonius est suivie d'une intense tractation entre d'une part Civilis et Classicus, le préfet d'un corps de cavaliers trévires, puis entre Civilis et Julius Tutor un chef trévire chargé par Vitellius de garder la rive du Rhin et Julius Sabinus un chef lingon. Les guerriers de ces deux peuples veulent passer rapidement à l'action. Il reste à déterminer si les légionnaires doivent être éliminés ou gagnés à la cause commune. La deuxième option est retenue avec l'élimination des commandants de légions. Malgré l'apparente soumission des chefs gaulois, Vocula se rend compte du complot mais manque de moyens pour le réprimer. Il se rend à Cologne et y retrouve Claudius Labeo qui promet, si on lui donne des forces de ramener la majorité des Bataves à l'alliance avec les Romains. Il reçoit un petit corps d'infanterie et de cavalerie puis il entraîne aux armes des Nerviens et des Bétasiens.

Vocula voyant que Classicus et Tutor persistent dans leur rejet de l'alliance romaine fait marche arrière et se retire à Novaesium. Les Gaulois campent à proximité et des soldats et centurions viennent en nombre jurer obéissance à un empire des Gaules. Vocula pressé de fuir, reste et tient un discours aux légionnaires dans lequel il leur reproche leur trahison, leur montre des exemples passés où les légionnaires romains dans des circonstances plus terribles n'ont pas flanché et les légions assiégées à Vetera qui supportent la disette et restent fermes. Il montre que les moyens de résister existent et que si lui même ne leur convient pas comme chef, il propose d'en choisir un autre, même parmi les soldats. Ensuite Classicus le fit tuer par un déserteur de la première légion, Aemilius Longinus et fait mettre aux fers les officiers Herennius et Numisus. Tous les légionnaires présents jurent fidélité à l'empire des Gaules. Tutor investit Cologne et fait prêter le même serment aux troupes romaines. A Mayence, les tribuns sont éliminés et le préfet du camp chassé pour avoir refusé le serment. Les cinq mille assiégés du camp de Vetera résistent jusqu'à ce que la faim les pousse à envoyer une députation à Civilis pour rester en vie. Après avoir prêté serment, ils sortent en colonne sans rien emporter et sont assaillis par des Germains qui leur tuent beaucoup de monde. Les rescapés se replient vers le camp qui est pillé. Le camp est incendié et les survivants de l'embuscade sont brûlés.

Civilis obtient l'alliance des habitants de Cologne et continue de gagner les cités voisines. c'est alors que Claudius Labeo, avec une troupe de Bétasiens, de Tongres et de Nerviens, lui tient tête au pont de la Meuse dont il s'est emparé à l'avance. Mais les Germains traverse à la nage et tombent sur ses arrières pendant que Civilis s'adresse directement aux Tongres et les dissuade de combattre. Les Bétasiens et les Nerviens se soumettent et rejoignent l'armée de Civilis dont l'influence continue de grandir. En revanche, le Lingon Julius Sabinus s'est fait saluer empereur et attaque les Séquanes avec une armée nombreuse et indisciplinée. Les Séquanes acceptent le combat et sont victorieux. Les cités gauloises penchent à présent pour la paix et un congrès à Durocorturum (Reims) suit les conseils de Julius Auspex qui fait valoir la force des Romains et les avantages de la paix.

A Rome, en juin 70 ap JC, Mucien prépare pour la Germanie, une expédition forte de huit légions en faisant venir des troupes d'Hispanie et de Britannia. Les cités gauloises se rassemblent chez les Rèmes. Les chefs de la révolte ne sont pas conscients du danger. Civilis poursuit Labeo en Gaule Belgique, Classicus se repose et Tutor ne ferme pas les gorges des Alpes. La Legio XXI Rapax avance par Vindonissa dans l'actuel canton d'Argovie, en Suisse, Sextilius Felix se presse à travers la Rhétie avec les cohortes auxiliaires. Une troupe de cavaliers les accompagne, commandée par Julius Briganticus, neveu de Civilis, haï par son oncle et réciproquement. Tutor rassemble les Trévires, des recrues de Vangions, de Céracates et de Triboques et de vieux légionnaires corrompus. Une cohorte détachée par Sextilius Felix est massacrée. Mais quand l'armée romaine approche, les légionnaires désertent ainsi que les Triboques, les Vangions et les Céracates. Tutor et les Trévires se retirent à Bingium où il a rompu le pont sur la Nava. Mais les cohortes de Sextilius Felix découvrent un gué et l'attaquent. Tutor est battu. La majorité des Trévires abandonnent la lutte Les deux légions prisonnières des Bataves prêtent serment à Vespasien et se mettent à l'abri chez les Médiomatrices. Julius Valentinus et Julius Tutor réussissent à ramener les Trévires sur le sentier de la guerre et pour couper toute possibilité de recul, tuent les officiers romains Herennius et Numisisus.

C'est alors que Quintus Petilius Cerialis arrive à Moguntiacum. Il a enflammé le courage de ses hommes qui ne rêvent à présent que d'en découdre et il renvoie tous les alliés, annonçant que les légions suffisent. En même temps, il pardonne à tous les légionnaires qui ont prêté serment à l'empire des Gaules. Les Gaulois satisfaits du retour de leurs jeunes se soumettent plus volontiers. Civilis et Classicus, après la défaite de Tutor rassemblent rapidement des troupes éparses et invitent Valentinus à ne pas risquer de combat décisif. Celui ci rassemble beaucoup de combattants Trévires et se fortifie à Rigodulum, un poste fermé par la Moselle et les montagnes. Cerialis donne l'ordre aux légions, y compris chez les Médiomatrices, de marcher contre l'ennemi et lui même, rassemble tous les soldats de Moguntiacum et marche sur Rigodulum. En trois jours Cerialis est sur place. La cavalerie est envoyée en hauteur et l'infanterie a l'ordre de s'ouvrir le passage, l'infanterie légère en avant. L'approche est pénible sous les traits de l'ennemi mais une fois au contact, les Trévires sont écrasés. Une partie des cavaliers fait prisonniers Valentinus et d'autres chefs.


Cerialis entre dans Augusta Treverorum, la capitale des Trévires (Trèves).que ses soldats veulent détruire. Il réussit à calmer leurs ardeurs. Les légionnaires venant de chez les Médiomatrices sont démoralisés. Cerialis interdit tout reproche concernant la rebellion aux collègues. Il rassemble les Trévires et les Lingons et leur tient un discours dans lequel il explique que les Romains gardent les barrières du Rhin, pour protéger les Gaules d'un nouvel Arioviste attiré par les richesses de leur pays. Pendant ce temps Civilis et Classicus envoie à Cerialis des courriers disant que Vespasien  est mort et l'Italie en pleine guerre intestine. Cerialis envoie les courriers et le messager à l'Empereur et fait entourer le camp de fossés et de palissades.  Les partisans de Civilis affluent.Tutor et Civilis ne sont pas du même avis sur la stratégie. Civilis préfère attendre les nations transrhénanes qui effraient les Romains, tandis que Tutor veut combattre tout de suite, le temps jouant pour les Romains qui envoient des armées depuis la Britannia et l'Hispanie, alors qu'à présent Cerialis ne dispose que des restes de l'armée de Germanie. De plus ces Germains sont indisciplinés. Classicus approuve Tutor et la discussion s'arrête.

La bataille de Trêves (Augusta Treverum) décembre 70

La coalitition germano-gallo-batave est disposée comme suit :

Ces troupes avancent soit par les montagnes, soit par la plaine et attaquent tellement à l'improviste que Cerialis, qui a passé la nuit dehors, apprend dans son lit, l'assaut et la défaite des siens. Tutor avait raison, les légionnaires de l'armée de Germanie fuient et le camp des légions est forcé, la cavalerie en déroute. L'ennemi est installé au milieu du pont sur la Moselle. Cerialis, en tenue de nuit, arrête les fuyards et au milieu des traits, soutenu par les plus braves, reprend le pont et le fait garder par une troupe d'élite. Puis, voyant dans le camp, les légionnaires éparpillés, les aigles presque enveloppées, il les menace de nouvelles légions qui se vengeront sur eux s'ils l'abandonnent. Les légionnaires se rallient par cohortes et par manipules mais l'ennemi déborde de toutes parts et les bagages et les tentes gênent. On se bat dans l'enceinte du camp !

Tutor, Classicus et Civilis animent le combat et parlent aux Gaulois de liberté, aux Bataves de gloire et aux Germains de butin. La victoire se profile, mais soudain, la Legio XXI Rapax qui a trouvé la place de se reformer, soutient l'attaque de l'ennemi et le repousse. Les vainqueurs en sont à se disputer les dépouilles et en oublient l'ennemi, ils sont saisis en voyant les cohortes ralliées sur le haut des collines, qui leur semblent un renfort de troupes fraîches. C'est la fuite, les légionnaires prennent le camp ennemi et le saccagent.

C'est alors que les habitants de Cologne appellent les Romains à leur secours, ils ont massacré les Germains qu'ils hébergeaient comme cette cohorte de Chauques et de Frisons, épargnée dans la bataille de Trêves, qui est invitée à un festin. Quand les Germains repus dorment, les portes sont fermées et le feu est mis au bâtiment et les "invités" périssent dans l'incendie. Cerialis accourt à marches forcées. Un autre souci préoccupe Civilis, la Legio XIV Gemina et la flotte de Britannia menacent les côtes des Bataves. Cependant Fabius Priscus et la légion se dirigent vers les Nerviens et les Tongres. La flotte est attaquée par les Canninéfates qui la capture ou la coule en grande partie. Ils mettent en déroute les nombreux Nerviens qui ont pris les armes du côté romain. Classicus bat les cavaliers envoyés par Cerialis, à Novaesium.

Après la défaite de Trêves, Civilis reconstitue son armée et vient camper à Vetera Castra, une position sûre. Cerialis qui vient de recevoir en renfort trois légions, la II, la VI et la XIV Gemina, le suit de près. Ils sont séparés par une plaine que Civilis a fait inonder avec les eaux du Rhin. Les plus audacieux des Romains provoqués par les Bataves, engagent le combat. dans ces conditions, le lourd légionnaire est défavorisé par rapport au Germain légèrement armé et habitué aux fleuves. Ceux ci connaissent les gués et se portent sur les flancs et l'arrière de l'ennemi. Cette confusion engloutit armes et chevaux. Les Germains sont fiers de leur succès, les Romains aiguillonnés par la honte.      

Le lendemain, c'est une véritable bataille que prépare chacun de son côté, les deux chefs en motivant leurs troupes. Cerialis place en première ligne, la cavalerie et les troupes auxiliaires et en seconde ligne, les légions, les troupes d'élite sont maintenues en réserve. Mais le terrain est toujours le même et l'affrontement commence par l'envoi de projectiles divers qui sont bien vite épuisés. Comme l'écrit Tacite : "les barbares commencèrent une charge furieuse ...un corps de Bructères s'élance de la digue qui s'avançait dans le Rhin et arrive à la nage." Les cohortes alliées plient mais les légions interviennent et rétablissent la situation. C'est alors qu'un déserteur batave indique à Cerialis le moyen de prendre l'ennemi à revers. A l'extrémité du marais, un passage sur un terrain solide est gardé par des Cugernes peu attentifs. Deux ailes de cavalerie les enveloppent rapidement et les légions chargent. Les Germains refoulés repassent le Rhin. L'exploitation de cette victoire n'est pas faite, la cavalerie cesse la poursuite en raison d'une pluie soudaine et de la nuit qui arrive tandis que la flotte romaine n'est pas là.

Civilis reçoit un renfort de Chauques, fait brûler la ville des Bataves après avoir enlevé ce qui pouvait s'emporter et se réfugie dans l'île des Bataves. Voyant que les Romains manquent de bateaux pour faire un pont, il fait détruire la digue construite par Drusus, réunissant l'île à la Germanie. Les hostilités se poursuivent sous forme de raids, de coups de main qui créent l'insécurité dans les cantonnements romains. La situation devient sérieuse à Grinnes et à Vada. Les pertes sont nombreuses en particulier Briganticus, le préfet de cavalerie. Cerialis y accourt avec des cavaliers d'élite et précipite les Germains dans le fleuve. Civilis réussit à s'échapper. Un peu plus tard des Germains tentent d'enlever Cerialis qui se déplace par voie d'eau pour contrôler les quartiers d'hiver construits à Novaesium et Bonn. Mais il n'est pas dans la galère prétorienne, ni dans les bâteaux qu'ils emmènent.

Peut être à la suite de cette opération, Civilis veut s'assurer la maîtrise du fleuve pour couper le passage aux convois venant de la Gaule. Il arme donc tous ses navires à un ou deux rangs de rames, y ajoute beaucoup de barques équipées en liburniennes et montées par une quarantaine d'hommes et les déploie au confluent de la Meuse et du Rhin. Cerialis se prépare au combat. Les deux flottes envoient des traits, se croisent et se séparent vite, les Romains sont poussés par le courant, les Bataves ont le vent en poupe. Civilis reste sur la rive droite du Rhin et Cérialis ravage l'île des Bataves tout en ménageant les propriétés de Civilis. Puis vient l'automne et la montée des eaux sur l'île menaçant les campements romains et leur ravitaillement.

Cerialis entreprend par de secrets émissaires, d'offrir la paix aux Bataves et le pardon à Civilis. Et les Bataves comme les Germains sont ébranlés. Civilis se rend compte de cette opération et demande une entrevue à Cerialis. Le pont du Nabal est coupé en deux, les deux chefs s'approchant de la coupure discutent et conviennent que les combats s'arrêtent, Civilis peut vivre tranquille chez les siens et les Bataves sont dispensés de tout tribut et fournissent aux légions des auxiliaires. La révolte de Civilis se termine à la fin de l'année 70 ap JC.

 

Révoltes de Maures

 

Dans la Maurétanie Césarienne (une région correspondant au centre et à l'ouest de l'Algérie actuelle), les Maures, nomades comme les Scythes dit Pausanias, refoulés vers le sud se révoltent vers 144, quand les Romains construisent un mur en pleine campagne, pour protéger leur bétail et leurs cultures des pillards. En Afrique du Nord romaine, l'armée comprend la Legio III Augusta cantonnée à Lambese depuis Hadrien. Cette légion est épaulée par des ailes de cavalerie et des cohortes, soit environ 5 500 hommes en Afrique Proconsulaire et en Numidie, 10 000 en Maurétanie Césarienne et 8 000 en Maurétanie Tingitane (le nord du Maroc actuel). Au IIème siècle, ce sont essentiellement les Maures qui perturbent l'ordre romain par des incursions rapides depuis les montagnes du Rif ou de l'Atlas. Cette révolte semble l'unique crise grave en Afrique durant le IIème siècle. Une offensive romaine rassemblant en 145, la cohorte de Carthage ainsi que des contingents d'auxiliaires prélevés sur la Numidie et la Césarienne, est conduite par Uttedius Honoratus le Clarissime. Les légionnaires ont construit une route dans les défilés de l'Aurès. L'offensive vise aussi bien la Maurétanie Césarienne que la Maurétanie Tingitane et ne semble pas recueillir le succès escompté. Antonin  doit faire venir des légionnaires de Britannia et des auxiliaires de Pannonie dans la région pour mater cette rébellion.

 

En Latin Aulus Vitellius, (15-69), empereur Romain (69). Élevé auprès de Tibère, il gagna ensuite la faveur de Caligula, de Claude et de Néron par son esprit de flatterie. En 68, il reçt de Galba le commandement de l'armée de Germanie inférieure. Il se rendit populaire auprès de ses soldats qui le proclamèrent empereur à la mort de Galba (janvier 69), tandis que Othon était reconnu comme empereur dans le reste de l'empire. Après la défaite d'Othon à Bédriac (avril 69), Vitellius marcha sur Rome, mais il ne put imposer son autorité dans l'ensemble de l'empire. De son côté, l'armée d'Orient proclamait empereur son chef Vespasien (juillet 69), et Vitellius, battu à Crémone (octobre 69), fut égorgé sur le forum par la populace.

 

Vitellius était loin d'être ambitieux, il était plutôt paresseux et très attiré par la nourriture et la boisson, un immonde porc assoifé par le pouvoir et le sang.

Les Sicambres ou Sugambres (var. Sicambri, Sicambers, Sigambrer, Sugumbrer, ou Sugambri) sont un peuple germanique établi, au Ier siècle av. J.-C., sur la rive droite du Rhin (entre les rivières Ruhr et Sieg), selon Jules César.

Ce dernier, lors de la guerre des Gaules, ravage leurs terres lors de sa première traversée du Rhin car ils ont recueilli ses ennemis, mais ne peut combattre leur armée. Le peuple germanique, deux ans plus tard, traverse le Rhin lors de l'extermination des Éburons et surprend le camp de Quintus Cicero, qui s'en sort à grande perte. L'arrivée de César fait se replier les Sicambres sur leurs terres outre-Rhin.

« Dépose tes colliers, fier Sicambre ! » (« Depone colla, Sicamber ! »). Cette phrase est prononcée par Remi, alors évêque de Reims, lors du baptême de Clovis en 496 à Reims. Les Sicambres ont alors rejoint la Belgique et se sont peu à peu confondus avec les Francs.

Les Andécaves (latinisé en Andecavii), parfois appelés les Andes, fit partie sous l'Empire de la Lyonnaise 3°.

Ce peuple est situé à l'est des Namnètes et à l'ouest des Turones. Leur pays a formé depuis l'Anjou à qui ils ont donné leur nom, ainsi qu'à Angers, leur capitale, nommé d'abord Juliomagus, puis Andecavi.

Le territoire des Andécaves se situait de part et d'autre de la Loire. Les lieux-dits d'Ingrandes semblent indiquer les limites approximatives de ce peuple.

Ingrandes-de-Touraine devait être la limite géographique entre les Andécaves et les Turones.

Ingrandes (Maine-et-Loire) était-elle une réelle limite entre Andécaves et Namnètes ? En effet, plus en aval du fleuve, la cité d' Ancenis tire son nom d'Andenemessos. Ancenis était un lieu sacré pour le peuple gaulois des Andécaves.

Par la Mayenne, la Sarthe et le Loir, il prit peu à peu possession des terres situées au confluent de la Loire et de ces rivières. Longtemps, une lutte ouverte avait opposé les Andécaves aux Vénètes, peuple de même origine établi en basse-Loire et en Morbihan, contre lequel le peuple angevin avait su préserver son indépendance. Jules César et ses légions avaient été, au milieu du premier siècle avant notre ère, des adversaires d’une tout autre force : c'est dans un pays qui ne semble pas opposer de résistance que le légat Crassus hiverne, en 57-56 avant Jésus-Christ, et que César peut préparer ses campagnes victorieuses contre les peuples de l'Ouest. Mais c'était mal connaître l'opiniâtreté angevine : cinq ans plus tard, le chef angevin Dumnacus ne se contente pas d'aller répondre, devant Alésia, à l'appel de Vercingétorix ; regagnant sa cité après la défaite, il joint ses armes à celles des Pictons qui se sont révoltés contre leur chef Duratius, trop dévoué à Rome. Il met le siège devant Limonum (Poitiers), mais à l'approche de quatre légions dépêchées contre lui, conscient de sa faiblesse, cherche à se mettre à l'abri au nord de la Loire. Il atteint les abords du fleuve mais ne réussit pas à le franchir et est vaincu par deux fois, en un lieu qui n'est pas avec certitude déterminé (entre les Ponts-de-Cé et Saumur). Les bandes gauloises sont en déroute et César peut, dans l'été de l'année 50 av. J.C., quitter le pays conquis pour n'y plus revenir.

La Gaule augustéenne est ensuite divisée en trois provinces : Aquitaine, Belgique et Lyonnaise. La cité des Andécaves (Andegavum, puis Juliomagus du nom de la ville romaine qui lui succède au temps d'Auguste) est située dans cette dernière province, ainsi que le territoire qui l'entoure. De soumission récente, elle est placée directement sous l'administration du pouvoir impérial, et connaît une urbanisation active au cours du premier siècle. Quelques révoltes sporadiques viennent rappeler aux Romains le souvenir de l'indépendance celte : Tacite mentionne en 21 un mouvement de rébellion des Andécaves, suivis de près par les Turons, contre la Rome de Tibère. Mais l'importance de ce soulèvement ne doit pas être exagéré : le légat de la Gaule celtique, Acilius Aviola, en vient à bout avec sa seule cohorte. En 32, un autre sursaut de révolte est tout aussi éphémère. La romanisation est inéluctablement en marche, et ces révoltes, qui peuvent avoir des causes fiscales  - Tibère aux prises avec des difficultés financières accentue le poids des prélèvements - sont aussi les dernières expressions d'une identité celtique mise à mal par la rigidité du nouveau cadre de vie qui se superpose à l'ancien : c'est la fin de l'indépendance monétaire, de la singularité religieuse, des pratiques coutumières et des regroupements tribaux. De telles évolutions ne pouvaient s'effectuer sans soubresauts.

Les Garamantes étaient un ancien peuple libyco-berbère qui nomadisait, depuis le IIIe millénaire avant notre ère, entre la Libye et l'Atlas plus particulièrement autour des oasis de Djerma (nom moderne de leur capitale, Garama) et de Mourzouk. Leur nom signifierait « les gens de la cité ». Ils faisaient partie de cet ensemble de populations à peau sombre qui se distinguent des négroïdes soudanais et des blancs méditerranéens. Il est probable qu'ils auraient été encore plus au Sud, jusqu'au fleuve Niger et la région de Gao.

Hérodote, dans le chapitre IV.183 mentionne le peuple des Garamantes, habitant l'intérieur de la Libye, en situant leur pays à trente jours de la Méditerranée.

Ils étaient en relation avec le Soudan et le Niger et faisaient le trafic d'ivoire, de métaux précieux et d'esclaves à destination de Carthage. Ce furent des cavaliers de l'armée carthaginoise. Les Garamantes avaient des chariots attelés à quatre chevaux, sur lesquels ils pourchassaient les Éthiopiens Troglodytes.

Fils de Juba I, élevé à la cour d’Auguste.

Epoux de la fille de Cléopâtre.

Savant, collectionneur d’objets d’art.

Roi de la Maurétanie (25 av J. C) (partie occidentale de la Berbérie, à partir de l'actuel Maroc, en passant par tout le nord de l'actuelle Algérie, jusqu'aux frontières de l'actuelle Tunisie).. Berbère romanisé car, en cette période, les romains ont fini par annexer toute l’Afrique du nord pour y rester pendant 4 siècles.

Ptolémée de Maurétanie, né vers l'an 1 av. J.-C., règne de 23 à 40 sur la Maurétanie.

Il est le fils de Juba II (52 av. J.-C.–23 ap. J.-C.), lui-même fils du roi de Numidie Juba Ier, et époux de Cléopâtre Séléné (40 av. J.-C.–6 ap. J.-C.), unique fille de Cléopâtre VII et de Marc Antoine. Ptolémée possède donc un héritage à la fois nord africain, grec et romain. Il est cousin germain de l'empereur romain Claude et cousin issu de germain de Néron et Caligula.

Ptolémée et sa sœur Drusilla reçoivent une éducation romaine. En l'an 19, son père le nomme co-monarque. Quatre ans plus tard, Juba II meurt et Ptolémée monte sur le trône. En 24, Ptolémée, avec l'assistance du gouverneur romain, met fin à la révolte des Garamantes et du mercenaire Tacfarinas. Pour cette victoire, le Sénat romain accorde à Ptolémée un sceptre en ivoire et une tunique de triomphe, et le reconnaît comme roi, allié et ami.

Il épouse Julia Urania, dont la tradition fait soit une affranchie gréco-syrienne, soit une membre de la famille royale d'Émèse. Il en a vers 37–39 Drusilla, seul enfant qu'on lui connaît. Elle épousera Antoine Félix, procurateur de Judée, en 52.

Le peuple gétule, descendant direct de la branche de la civilisation capsienne ayant émigré au Sahara vers 3000 av. J.-C. est certainement le peuple qui a dominé de la façon la plus certaine l'Algérie durant les 1500 ans de son antiquité. Ils étaient le peuple le plus nombreux d'Afrique du Nord, mais également le moins connu.

Des différents peuples qui habitaient l'Afrique mineure aux temps antiques, Maures,Numides, Gétules, ces derniers sont les moins bien connus bien qu'ils fussent nombreux et répartis sur de vastes espaces. Ce qui fait dire à Strabon (XVII, 3,2) qu'ils constituent « le plus grand des peuples libyques ».

Les Gétules sont présents durant toute la période de la domination romaine sur l'Afrique, ce territoire que les Romains nommaient la province d'Africa ne recouvrait bien entendu que l'Afrique du Nord. Certaines de leurs tribus entraient fréquemment en contact avec les cités romaines, mais avec des intentions bien plus souvent guerrières que pacifiques. Parmi les villes où leur présence est largement attestée, on peut citer en particulier Sala en Maurétanie Tingitane – aujourd'hui Le Chella, non loin de Rabat au Maroc – et Madaure en Numidi] – Mdaourouch, près d'Annaba en Algérie, ville natale d’ Apulée, où saint Augustin étudia.

Mais les Gétules ne sont pas des citadins : ils sont avant tout des pasteurs nomades. Dès l'époque protohistorique, bien avant la grande extension de l'agriculture céréalière en Numidie que Polybe attribue au règne de Masinissa, ils n'hésitaient pas à faire des razzias dans les régions agricoles.