L'Etat du Vatican

 

Le Vatican constitue un petit État souverain appelé officiellement État de la Cité du Vatican. Sa superficie est de 0,44 km², ce qui en fait le plus petit État du monde. Celui-ci est totalement enclavé dans la ville de Rome et entouré de murs datant du Moyen Âge et de la Renaissance (voir l'illustration ci-dessous).

 

 

L’État de la Cité du Vatican a été créé en 1929 par les accords de Latran (conclus le 11 février entre le gouvernement italien de Mussolini et le pape Pie XI, après des années de conflit) pour assurer une base temporelle à la souveraineté spirituelle du chef de l’Église catholique. Outre la Cité, le Vatican proprement dit comprend aussi une douzaine d’édifices situés à Rome (Saint-Jean-de-Latran, Sainte-Marie-Majeure, Saint-Paul-hors-les-Murs, etc.) ou en dehors (Castel Gandolfo) auxquels la République italienne accorde le privilège d’extra-territorialité. Les édifices que la Cité du Vatican ont été conçus par les artistes et architectes les plus renommés de la Renaissance italienne, le plus imposant restant sans contredit la basilique Saint-Pierre, qui surplombe l'immense place Saint-Pierre.

Le Saint-Siège désigne le gouvernement de l’Église catholique, c’est-à-dire le pape et ceux qui l'assistent (la Curie romaine); les ambassadeurs sont nommés «près le Saint-Siège», car les relations diplomatiques sont assurées par le Saint-Siège, non par l’État du Vatican. Le pape y exerce un pouvoir absolu, à l’exemple des monarchies régnantes des XVIIe et XVIIIe siècles — à la différence près qu’il s’agit d’une théocratie —, mais il peut déléguer son pouvoir exécutif à un gouverneur nommé, qui dépend directement de lui. En fait, le pape est le «souverain pontife».

 

 

Par ailleurs, l’État de la Cité du Vatican est un ensemble immobilier dont la propriété est cédée au pape (le Saint-Siège) pour une durée illimitée. Cette souveraineté reconnue au Saint-Siège par l'État italien est un privilège — un «cadeau de Mussolini», dit-on — destiné à faciliter l'activité de l'Église catholique. L'État de la Cité du Vatican est le dernier État indépendant, à ce jour, à ne pas être membre de l'ONU; il a encore le statut d'observateur.

2 Situation démolinguistique

La population du Vatican était estimée à 860 habitants en 1998, dont environ 60 % de non-Italiens et 40 % d’Italiens. Il n'existe pas de véritable «nationalité vaticane», bien que le tiers des personnes ait acquis une sorte de «pseudo-citoyenneté vaticane», laquelle est temporaire et, en se superposant à la nationalité véritable des individus, correspond à l'exercice d'une fonction: d’abord des diplomates, puis des cardinaux, des prélats et d’autres ecclésiastiques, sans oublier les gardes suisses et certaines autres personnes nommées par le pape; ces individus ne paient aucun impôt au Vatican. En raison de la présence du Saint-Siège, on compte à Rome plus de 80 évêques, une quarantaine de cardinaux et plus de 5000 prêtres en résidence permanente.

Tous ces gens parlent diverses langues, mais l’italien demeure la langue de communication (véhiculaire) la plus courante du fait que le Vatican est situé à Rome, la capitale de la République italienne.

3 La politique linguistique

L’État de la Cité du Vatican ne dispose d’aucun texte juridique concernant la ou les langues officielles. Dans les faits, l’italien a le statut de langue officielle de l’État de la Cité du Vatican, mais le latin demeure la langue officielle de l’Église catholique, alors que le français conserve le privilège de langue officielle dans les communications avec certains organismes internationaux.

3.1 L’Administration

La Cité du Vatican ne dispose pas de services publics (électricité, eau, gaz, collecte des ordures ménagères, etc.) auprès de la population, car elle utilise ceux de l'État italien. Tous les textes officiels de l’État du Vatican sont donc rédigés et diffusés en italien. Quant à l’administration courante de l’Église catholique, elle est confiée à la Curie romaine (le gouvernement de l’Église), qui fonctionne généralement en italien, bien que certains prélats puissent communiquer, sur une base provisoire, en latin, lorsqu’ils ignorent l’italien. La langue des forces de sécurité reste l’italien, même si les quelque 100 gardes suisses qui assurent la sécurité du Vatican parlent l’allemand entre eux, voire le suisse-allemand (ou Schweizerdeutsch); tout le personnel est d’origine suisse-allemande, y compris les religieuses qui préparent les repas de la cantine, ainsi que l'aumônier. Mais la centaine de policiers du Corps de vigilance du Vatican utilisent l’italien, car la surveillance de la place Saint-Pierre est assurée par la police italienne.

3.2 L’Église et l’emploi des langues

Dans les communications internationales, l’État du Vatican a choisi le français comme langue véhiculaire à l’Organisation des Nations unies (ONU), l’Unesco, la Conférence pour la sécurité et la coopération en Europe (CSCE), l'Agence internationale de l'énergie atomique, la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, etc. Rappelons que le Vatican peut signer et ratifier des conventions internationales pour manifester l'appui de son autorité morale et encourager ainsi les autres États à y adhérer.

Le latin est demeuré la langue officielle et universelle des écrits diffusés par l’Église catholique et le Saint-Siège. C’est pourquoi les textes officiels (actes pontificaux, lettres apostoliques, encycliques, bénédictions urbi et orbi, bulles, etc.) sont tous rédigés en latin. Cependant, ils sont ensuite traduits en plusieurs langues nationales, mais il revient généralement aux conférences épiscopales nationales d'adapter les textes officiels latins dans les langues des pays où elles sont installées. Comme le Vatican dispose d'un puissant appareil de diffusion de l’information (que certains qualifient d’«instruments de propagande»), le plurilinguisme est devenu la règle pour communiquer avec les catholiques du monde entier, que ce soit pour Radio-Vaticana (ou Radio-Vatican), le journal officiel L’Osservatore Romano, le Vatican sur Internet, etc.

Le quotidien du Vatican, L’Osservatore Romano (soit «L’Observateur romain»), est un journal politico-religieux publié pour la première fois le 1er juillet 1861. Il a toujours été diffusé en italien, mais des éditions hebdomadaires du dimanche sont publiées avec le même logo (L’Osservatore Romano) en francais (1949), en anglais (1968), en espagnol (1969), en portugais (1970) et en allemand (1971); une édition mensuelle en polonais est diffusée depuis 1980. La diffusion actuelle dépasse les 70 000 exemplaires en tenant compte des 32 éditions hebdomadaires en cinq langues étrangères.

Le Vatican dispose d’autres structures d’information, notamment le Bureau de presse du Saint-Siège qui publie chaque jour des informations et des documents officiels du Saint-Siège auprès d’environ 200 journalistes italiens et étrangers accrédités. La langue de base est l’italien, mais des services sont offerts en anglais, en espagnol et en français. Généralement, les textes sont publiés dans leur langue de rédaction respective et dans les traductions disponibles.

Radio-Vatican (Radio-Vaticana) émet sur ondes courtes en différentes langues du monde. Par exemple, la chaîne I de Radio-Vatican diffuse ses émissions régulières en italien, en anglais et en français; la chaîne II diffuse ses programmes en portugais, en espagnol et allemand. Pour le reste de l’Europe et en Amérique, Radio-Vatican offre des émissions dans les langues suivantes: croate, tchèque, slovaque, polonais, hongrois, slovène, arabe, espéranto, arménien, russe, ukrainien, biélorusse, lituanien, letton, albanais, bulgare et roumain. Les programmes pour l’Asie et l'Afrique sont offerts en arabe, hindi, tamoul, malayalam, swahili, amharique, français, anglais, portugais, espagnol, chinois, japonais, vietnamien et somali. Au total, Radio-Vatican diffuse dans plus de 35 langues à travers le monde.

Pour ce qui est de la télévision, le Centro Televisivo Vaticano ou Centre de télévision du Vatican (CTV) a été institué en 1983; depuis le mois de novembre 1996, il est devenu un organisme associé de plein droit au Saint-Siège. Sur demande des différentes chaînes de télévision du monde, le CTV peut acheminer le signal, via satellite, dans les cinq continents et distribue les images-vidéos aux agences et aux télévisions qui en font la demande. Le CTV assure également la retransmission, dans le monde entier, du magasine hebdomadaire Octava Dies, d'une durée de 25 minutes. Cette diffusion est réalisée à travers les chaînes catholiques italiennes et l’agence américaine APTN (Associated Press Television News). On la trouve également dans les langues italienne et anglaise sur le site Internet du Vatican.

Bref, la politique linguistique de l’État de la Cité du Vatican et du Saint-Siège en est une de pragmatisme et de multilinguisme. En fait, l’Église catholique a conservé son latin traditionnel comme langue officielle qui sert d’avantage de langue de relais (ou véhiculaire) pour la traduction vers d’autres langues que d’une véritable langue officielle qui, de toute façon, n’est plus parlée naturellement par aucun citoyen du monde. Depuis de nombreuses années, les services de traduction du Vatican sont réputés comme étant parmi les plus actifs du genre.

 

 

Le 11 février 1929, le Saint-Siège conclut les accords du Latran avec le gouvernement fasciste de Mussolini. Signés dans le palais du Latran, près de la basilique de Saint-Jean-de-Latran, ils consacrent l'existence d'un nouvel État souverain, le plus petit du monde : la Cité du Vatican.

Des bénéfices réciproques

Depuis l'occupation des derniers résidus des États pontificaux par l'armée italienne, en 1870, les papes se considéraient prisonniers dans leurs palais romains. Pie IX avait refusé avec hauteur la loi de «Garanties» proposée le 13 mai 1875 par le roi Victor-Emmanuel III car elle faisait du Saint-Siège une sorte de protectorat.

Le dictateur Mussolini et le pape Pie XI régularisent la situation, avec d'un côté la reconnaissance de tous les droits d'un État souverain à la cité du Vatican (44 hectares, le plus petit État du monde), de l'autre la reconnaissance de Rome comme capitale de l'État italien. Les basiliques romaines telles que Sainte-Marie-Majeure et Saint-Jean-de-Latran bénéficient d'un statut d'extraterritorialité ainsi que quelques autres bâtiments. Rien à voir avec les 18.000 km2 des États pontificaux en 1859 !

A titre de compensation pour ces territoires enlevés au Saint-Siège en 1870, l'Italie verse au Vatican une consistante indemnité financière (750 millions de lires). Par ailleurs, le catholicisme est déclaré «seule religion de l'État».L'enseignement religieux est obligatoire, le divorce interdit, les prêtres dispensés du service militaire,...

Le traité est signé au nom du pape par son Secrétaire d'État, le cardinal Gasparri, et au nom du gouvernement italien par Mussolini lui-même, qui recueille à cette occasion un éclatant succès diplomatique. Il sera confirmé par le gouvernement républicain qui succèdera au régime mussolinien et est toujours en vigueur (à quelques détails près comme l'interdiction du divorce).

Un peu plus tard, le cardinal Gasparri va signer des arrangements avec le Mexique qui lui vaudront sa disgrâce. Et en juillet 1933, son successeur à la Secrétairerie d'Etat, le cardinal Pacelli (futur Pie XII) concluera un Concordat avec l'Allemagne de Hitler. Cette initiative malvenue aura pour effet d'assommer la résistance des organisations catholiques allemandes à la montée du nazisme.....