Conquète de la Bretagne
Avant-propos
La Britannia désignait la province romaine qui couvrait l’Angleterre, le pays de Galles et le sud de l’Écosse du Ier siècle au début du Ve siècle.
Bien que les îles Britanniques aient été habitées par les Celtes, il ne semble pas qu'elles aient eu un langage commun. En effet, tandis que les tribus du Sud avaient une langue proche du gaulois parlé sur le continent, dans le Nord différents dialectes prévalaient. De la même manière, dans ce qui est aujourd'hui l'Ecosse et l'Irlande, d'autres divisions linguistiques bloquaient toute tentative d'unification de ces îles celtes situées au large de l'Europe.
D'un autre côté, l'Irlande et l'île principale de la Grande-Bretagne consistaient en une juxtaposition de petites unités politiques tribales n'ayant peu ou pas le souci d'unité. Les grands rois ont régné en Irlande, mais, dans la plupart des cas, les alliances plus vastes étaient des arrangements purement temporaires, mis en place pour aider une confédération de tribus à combattre un ennemi extérieur commun.
On distingue:
Les Brittons du Sud
Avant l'arrivée des Romains, l'île de Bretagne était constituée d'un ensemble disparate de régions tribales, dirigées chacune par un roi. Si les plus puissants des chefs pouvaient demander assistance aux tribus voisines en temps de crise, il n'y avait pas d'unité politique. Les Romains exploitèrent ce morcellement et les Celtes eurent beaucoup de mal à s'opposer à l'invasion romaine.
Dans le sud-est de l'île en 55 et en 54 avant J.-C. Des troubles militaires et politiques dans le monde romain avaient empêché toute invasion durant un siècle, mais les Romains et les Gallo-Romains du continent faisaient du commerce avec les Celtes du sud de l'île de Bretagne. De plus, les Romains recherchaient des informateurs et des espions, et tentaient de déstabiliser le pays en scellant des alliances avec les chefs brittons. I'organisation tribale morcelée du pays celte encourageait la politique romaine qui consistait à diviser pour régner, ce qui rendit de précieux services à César durant sa conquête.
Les Cornouailles
Avant l'invasion de l'île de Bretagne par les romains au millieu du 1er siècle après J.-C, la Cornouailles était le pays des Cornoviî ; il ne fut pratiquement pas touché par l'occupation romaine. Le commerce entre les Cornovii et les Romains était florissant ; la ville romaine d'Exeter était le centre de l'exportation de l'étain de Cornouailles et d'autres produits gallois. Quand les Romains quittèrent l'île de Bretagne au début du Ve siècle après J.-C, la Cornouailles (ou Kernow) resta prospère et continua de commercer avec le royaume romanisé de Dumnonia à l'est et celui de Cornouaille en Bretagne.
Les Gallois
L'absence de sources écrites rend obscurs les débuts de l'histoire des Brittons du pays de Galles, l'archéologie souligne l'existence de liens commerciaux entre l'Irlande, le pays de Galles et le reste de l'île de Bretagne bien avant l'arrivée des Romains au 1er siècle après J.-C. Quatre tribus celtes occupaient la région : les Deceangli au nord-est, les Ordovkes au nord-ouest, les Demetae au sud-ouest et les Belges au sud-est, qui possédaient des territoires qui s'étendaient de l'estuaire du Severn jusqu'au Soient.
Les Irlandais
A l'âge du bronze, l'Irlande était occupé par un peuple, les Ériens (les Iverniens de Ptolémée). Des chroniqueurs irlandais plus tardifs racontent que ces peuples étaient divisés en quatre tribus, correspondant aux provinces (ou fifths) de l'Ulster, du Leinster, du Munster et de Connaught Ces Irlandais anciens étaient probablement des Protoceltes qui habitaient en Europe de l'Ouest. La mythologie celte d'Irlande raconte qu'à cette époque, le pays unifié était gouverné par un grand roi, ce qui est pure spéculation comme l'est l'idée selon laquelle
Le morcellement politique qui se fera jour plus tard existait déjà. Au 1er siècle après J.-C, la province de Munster était la plus importante de l'île. Son chef ou son roi exerçait une influence sur une grande partie du sud de l'Irlande. Sa cour se tenait à Tara, dans le comté de Meath. Le site était à une altitude de 155 mètres et comportait un oppidum et un enclos circulaire de réunion, appelé plus tard le Rath of Synods.
En dehors d'éventuelles bribes de preuves archéologiques ou d'histoires mythologiques de chroniqueurs irlandais plus tardifs, on sait peu de chose de la société irlandaise et de la culture de La Tène ou même d'avant. Les premières preuves solides datent de l'époque du retrait romain de l'île de Bretagne, vers le début du Ve siècle après J.-C. À cette époque, les Irlandais avaient une structure tribale et une organisation sociale semblables à celle qui existait en Gaule depuis plus de cinq cents ans.
L'Irlande était un assemblage de petits royaumes indépendants. Il n'y avait pas trace de grand roi ni d'État unifié. Les seuls facteurs d'unité étaient la langue, les pratiques religieuses et la structure sociale.
Les Romains ne conquirent jamais l'Irlande. L'historien romain Tacite rapporte, dans sa Vie d'Agricola, que le général romain se tenait sur la côte ouest d'Ecosse et regardait, par-delà la mer d'Irlande, l'île d'Emeraude. Il avait certainement pensé à la conquérir, mais ne fit aucune tentative, sans doute parce que l'Irlande manquait de tout ce dont Rome avait besoin. L'Irlande et le nord de l'Ecosse restèrent des bastions celtes, aux confins du monde romain.
Les Calédoniens et les Pictes
Depuis 7500 avant J.-C, au Néolithique, ils étaient devenus fermiers et constructeurs de tumulus funéraires. Des cercles de pierres levées, comme l'anneau de Brodgar dans les Orcades, sont les témoins muets des hauts faits de ces premiers Écossais. On sait que les échanges culturels avec le continent, qui caractérisaient l'âge du bronze, étaient moins courants à l'époque celte. Par contre, l'Ecosse du début de l'âge du fer, plus insulaire, présentait des caractères communs avec l'Irlande et le sud de l'île de Bretagne. Les Celtes d'Ecosse n'étaient pas des tribus venues d'ailleurs, mais les descendants directs des peuples de l'âge du bronze qui les avaient précédés.
Durant le 1er siècle après J.-C, l'Ecosse était une région peuplée de tribus celtes. Ses territoires étaient divisés en seize régions tribales. Quatre de ces peuples étaient installés au sud de la ligne Forth-Clyde, ce qui est actuellement le sud de l'Ecosse. Parmi les tribus du Nord, les Calédoniens habitaient le Great Glen, une dépression glaciaire qui comprend le loch Ness. Au nord de leurs territoires se trouvaient ceux des Creones, des Decantae, des Carnonacae, des Lugi, des Smertae et les Cornavii. Au nord-est de l'Ecosse se trouvaient les Vacomagi, les Texali et les Venicones ; les Epidii habitaient l'Argyll moderne.
Le géographe grec Ptolémée, qui écrivait au IIe siècle après J.-C, avait noté ces noms de tribus. S'il existait de plus petits groupes, on ne connaît pas leurs noms. Lors des premiers contacts des Romains avec les Celtes écossais à la fin du 1er siècle après J.-C, les tribus du nord étaient connues sous le nom général de Caledonii ou Calédoniens. L'historien romain Tacite racontait que ces hommes du Nord avaient " des cheveux rouges et des membres massifs" et les distinguait de leurs voisins du Sud. Ces tribus se sont réunies en une grande coalition calédonienne.
Agricola pénétra en Ecosse en 79 après J.-C. En 84 après J.-C, il infligea une défaite aux Calédoniens au mont Graupius. Malgré cette victoire, Agricola replia ses forces dans le sud de l'Ecosse. Par la suite les Romains effectuèrent bien quelques expéditions punitives en Calédonie, mais ils ne l'occupèrent pas. Au IIIe siècle après J.-C, les Calédoniens sont remplacés par les mystérieux Pictes.
En 55 av. J.-C., Jules César débarque au sud de l’île de Grande-Bretagne, alors appelée « Bretagne » ou Britannia (en latin) ; il réitère sa traversée en 54 av JC. Ces deux débarquements permirent l'établissement de premières relations de pouvoir entre Rome et les royaumes britanniques : de nombreux rois se rallient à César et lui envoient des otages (Trinovantes, Cantiaci, etc.). Il n’y eut cependant ni établissement de colonies, ni annexion. En revanche, un roi atrébate, Commios, fuit la Gaule pour s'établir en Bretagne. Ces faits militaires constituèrent donc un précédent et une voie à suivre pour les successeurs de César.
Ce fut sous l'Empereur Claude en 43 ap JC que débutat la conquète de la Bretagne...
Les débuts de la conquête de la Bretagne (43 - 50 ap JC)
En 43 ap JC, Verica, un prince de Bretagne roi des des Atrédates, alliés de Rome, est écarté du pouvoir par les Catuvellauni et les Trinovantes et vient demander l'aide de Rome. Claude dispose d'un bon motif d'intervention : se poser en arbitre entre les Bretons et une véritable raison : empêcher qu'un puissant royaume celtique se forme et donne aux sujets gaulois des idées de révolte. Il peut compter sur certains Bretons qui craignent l'expansion des Catuvellauni.De plus l'empereur semble avoir besoin d'une victoire pour conforter son pouvoir fragile.
Tout est bien organisé à l'avance : l'intendance, le regroupement des unités, et même des éléphants sont envoyés pour impressionner les barbares que Rome n'a évidemment pas prévenu de la nouvelle guerre. Claude donne un nom à cette île : Britannia. A Rome, le consul Vitellius est aux commandes. En mars ou avril, Aulus Plautius embarque à Gesoriacum (Boulogne) avec 4 légions, 3 venant de Germanie ( II Augusta, XIV Gemina et XX Valeria Victris) et une de la région du Danube ( IX Hispana), débarquent sans résistance à Rutupiae (actuellement la plage de Deal, au sud de Ramsgate, près de Richborough et prennent d'assaut l'oppidum des Cantiaci, près de Canterbury.
Puis les Romains rencontrent une défense plus sérieuse sur la Medway. Les Bretons n'avaient pas pris au sérieux la mobilisation romaine, mais à présent ils se rassemblent derrière la rivière Medway sous le commandement de Caratacus et Togodumnus. Une bataille très violente oppose des combattants très déterminés. La bataille de Medway dure deux jours !
Le premier jour, des cavaliers auxiliaires bataves réussissent à traverser la Medway et neutralisent les chariots de guerre bretons. Plautius ordonne à Vespasien de franchir la rivière avec la II Augusta. Puis, l'une après l'autre, les trois autres légions suivent le même chemin et combattent, mais la nuit est tombée.
Le deuxième jour, les Bretons sont plus nombreux mais ne disposent plus de l'avantage des chariots de guerre. Le combat est encore plus vif mais une charge violente commandée par Hosidius Geta, réussit à couper en deux la ligne bretonne et les Bretons s'enfuient avec Caracatus vers la Tamise, connaissant bien les endroits fermes et praticables comme le confirme Dion Cassius. Les légionnaires poursuivent les Bretons dans les marais et subissent ainsi des pertes sensibles.
Après cette bataille décisive, il reste à franchir la Tamise. Mais Plautius campe au bords du fleuve, veille sur le terrain conquis et appelle Claude qui se rend en Britannia en Juillet et reste 16 jours dans l'île pour franchir la Manche dans les deux sens avant les marées d'équinoxe. Aussitôt que l'empereur est là, c'est la bataille de la Tamise. Les cavaliers germains traversent le fleuve à la nage tandis que les légions passent sur des pontons préparés à l'avance, en plusieurs endroits. Les Bretons sont attaqués de tous côtés et c'est une véritable hécatombe. Togodumnus est tué dans la bataille. Dans la foulée, la cité fortifiée de Camulodunum (actuellement Colchester), capitale des Catuvellauni est prise. C'est dans ses murs que Claudius reçut la reddition officielle de chefs de tribus brittonnes. Elle devient rapidement une colonie de vétérans.
Puis Claude confie le gouvernement et la soumission de l'île à Plautius, rentre en Gaule et y fait une longue tournée ainsi qu'en Italie du Nord et revient à Rome en début d'année 44 ap JC. A la fin de l'année 43 ap JC, la Britannia est officiellement rattachée à l'Empire et Claude à cette occasion, crée une nouvelle légion, la Legio XXII Primigenia. Très vite la pénétration romaine rayonne depuis Camulodunum et entre 43 et 47 ap JC, Plautius pousse ses légions, la IX Hispana au Nord à Lindum (Lincoln), la XIV Gemina à l'Ouest, vers Bagendon (près de Bristol) et la II Augusta au Sud Ouest, commandée par le légat Vespasien à Maiden Castle (Weimouth) et vers Exeter. Vespasien et son fils Titus se distinguent dans cette campagne de Britannia.
La bataille de Caer Caradoc
En 50 ap JC, le successeur d' Aulus Plautius, Publius Ostorius Scapula livre une bataille décisive au lieu dit Caer Caradoc. Caracatus s'est retranché dans un terrain en collines, difficile d'accès pour les assaillants. Quand la pente est douce, des murs de pierre brute sont édifiés. Son armée est composée surtout de guerriers ordovices complétés par des silures. Scapula commande une troupe moins noimbreuse et il est réticent devant l'assaut des lignes fortifiées bretonnes, mais l'enthousiasme de ses légionnaires le fait changer d'avis. Les légionnaires montent à l'assaut et traversent facilement la rivière (probablement la Severn ou la Teme) et subissent une pluie de projectiles. Ils forment la tortue et démontent les pierres du rempart. Au corps à corps les Romains repoussent les Bretons qui se retirent et sont pris entre les légionnaires et les auxiliaires. L'épouse et la fille de Caracatus sont capturées mais Caracatus s'échappe vers le nord et cherche un refuge chez les Brigantes. Il soumet les Icènes et les Brigantes puis fonde une colonie à Camalodunum, pour tenir en respect les Silures (dans le sud de l'actuel Pays de Galles). En 51 ap JC, la guerre se déplace vers l'Ouest, chez les Ordoviques (au Nord de l'actuel Pays de Galles). Cartismandua, la reine des Brigantes, au nord, livre, aux Romains, Caractatus venu se réfugier chez elle.
Caratacus est ramené à Rome, enchaîné, et exhibé dans les rues. On le conduit devant l'empereur Claude qui reçoit pour l'occasion un Triomphe, suprême honneur donné aux empereurs par le peuple romain. Mais là où l'on pouvait s'attendre à une exécution, les choses ne se passent pas comme prévu : Caratacos s'adresse à Claude, et fait preuve de tant d'éloquence que l'empereur l'épargne ! Souhaite-t-il apaiser les tensions dans la province bretonne nouvellement conquise ? A-t-il été réellement conquis par l'éloquence de son ennemi vaincu ? Quoiqu'il en soit, Caratacos finit ses jours paisiblement avec sa famille, dans une prison dorée des alentours de Rome.
Suite de la conquête de la Bretagne :
L'un des buts de la campagne est d'éradiquer les risques de "fermentation anti-romaine" en Gaule, attribués aux druides. En venant en Britannia, les légionnaires pourchassent les druides dont une partie se réfugie dans l'île de Mona (actuellement Anglesey, dans la mer d'Irlande). Néron donne l'ordre de prendre ce repaire et d' éliminer ces "agitateurs". Le nouveau gouverneur Paulinus Suetonius, prépare soigneusement l'assaut et fait construire "des navires dont la carène fut assez plate pour aborder sur une plage basse et sans rives certaines... L'ennemi bordait le rivage : à travers ses bataillons épais et hérissés de fer, courraient, semblables aux Furies, des femmes échevelées, en vêtement lugubres, agitant des torches ardentes ; et des druides, rangés à l’entour, levaient les mains vers le ciel avec d’horribles prières (Tacite)". (autre lieu druidique? stonehedge)
Et tous les druides sont exterminés. Le temple est détruit mais Suetonius apprend une terrible nouvelle, Boudicca, la reine des Icènes, avec l'aide des Trinovantes s'est révoltée et un grand massacre de citoyens romains a eu lieu.
En effet, les Icènes sont favorables aux Romains malgré une courte révolte en 48 ap JC. Le vieux roi Prasutagus, pour préserver l'avenir de sa femme et de ses filles, a légué son royaume à Néron et partagé ses biens entre sa famille et l'empereur, conformément à la loi impériale. En 60 ap JC, le roi Icène meurt. Le royaume correspondant au Norfolk et Suffolk actuels, est annexé. Néron envoie Catus Decianus, son procurateur faire l'inventaire des biens du défunt pour établir un partage équitable. Mais Catus se comporte avec les Icènes en pays conquis. Les vexations et les insultes pleuvent, la reine Boudicca (Boadicée) est flagellée, ses deux filles violées, ses neveux jetés en prison et les nobles Icènes traités en esclaves et dépouillés de leur patrimoine. Selon Dion Cassius, des membres de la tribu doivent des sommes importantes aux usuriers romains, dont une partie demande brusquement le remboursement de leur prêt. Les Romains mettent les tribus bretonnes en faillite !
Boudicca appelle les Bretons à la révolte et les Trinovantes suivent Le gouverneur Suetonius Paulinius est en campagne avec la majeure partie de son armée dans l'actuel Pays de Galles et attaque l'île de Mona. Le moment est bien choisi. Selon Tacite, le reine se comporte en chef de guerre et lève des armées, elle combat et monte sur un char. Les Romains isolés sont attaqués. Mais l'effort principal porte sur la nouvelle colonie située à Camalodunum que les Trinovantes attaquent rapidement. La cité n'a pas de murailles. Catus Decianus envoie 200 légionnaires soutenir les vétérans de la Legio XX qui résistent deux jours avec les citoyens en état de porter les armes dans le théâtre de Claude. La cité est prise, pillée et incendiée par une armée estimée à 120 000 hommes. Tous les Romains sont exterminés.
Les garnisons romaines éloignées ne réagissent pas à l'exception de celle de Lincoln dans le Nord, où le légat de la Legio IX, Quintus Petilius Cerialis Caesius, décide de sauver la colonie attaquée et arrive trop tard. Il est attaqué par des forces très supérieures et perd toute son infanterie, la cavalerie réussit avec peine à se replier et s'enfermer dans Lincoln. Boudicca continue sa marche destructrice vers Londinium (Londres) et massacre les Romains dispersés sur son passage. Londinium est pillée et brûlée et les habitants qui n'ont pu fuir sont massacrés. La cité de Verulamium (près de Saint Albans) subit le même sort. Des couches de terre brûlée sont appelées aujourd'hui par les archéologues "la strate de destruction de Boudicca". L'armée bretonne évite les forts et les postes militaires. Paullinus averti, devance ses légions avec sa cavalerie, décide d'abandonner Londinium et revient dans l'Ouest pour rassembler le plus de troupes.
La bataille de Watling street (61 ap JC), appelée aussi bataille de Paulerspury
Suetonius Paulinius est le dernier rempart de la Britannia, aussi il ne veut rencontrer cette foule armée, évaluée à plus de 200 000 personnes qu'avec le maximum de légionnaires et dans un endroit choisi. Il appelle la Legio II Augusta, basée à Isca Dumnoniorum (près de l'actuel Exeter dans le Devon). Mais son commandant provisoire Poenius Postumus, refuse de quitter son camp. Il n'a donc qu'une armée de 10 000 hommes composée pour l'essentiel de la Legio XIV Gemina, d'éléments de la Legio XX Valeria Victris et tous les auxiliaires. Pour encourager ces hommes alors qu' on estime à 70 000 les romains exécutés en quelques jours.
Paulinius s'est installé dans une gorge étroite ouverte sur une large plaine avec une forêt derrière lui, la gorge protégeant l'armée romaine d'une attaque de flancs, tandis que la forêt ferait obstacle à un assaut par l'arrière. Les Bretons ont laissé leurs chars de guerre au fond de la plaine avec leurs familles. L'armée bretonne est ralentie par les civils, le bétail et les chariots pleins du butin ramassé dans les cités romaines. Boudicca, canalisée par le terrain, déclenche un assaut frontal. L'avantage du nombre (20 contre 1) est annulé. Pendant leur progression, les Bretons reçoivent les lourds pila (lances) qui se plantent dans les boucliers qui deviennent inutiles. Une seconde volée cause beaucoup de pertes chez ces guerriers sans cuirasses. Mais la détermination est forte dans les deux camps.
Mais la ligne bretonne est tout à fait désorganisée et Paulinus lance l'attaque des légionnaires formée en coin. Les Romains, avec leur armure, leurs armes supérieures et leur discipline, bénéficient d'un avantage décisif dans ce combat rapproché et repoussent la masse des Bretons. C'est alors que les cavaliers romains interviennent, la lance tendue, dans la mêlée. Les pertes s'accumulent chez les Bretons et ils cherchent à sortir de ce piège mais ils sont bloqués par les chars et la tuerie commence. Les légionnaires attaquent aussi les femmes, les enfants et les animaux. Tacite nous fournit une estimation pour les pertes : 80 000 Bretons et 400 Romains sont restés sur le sol.
Boudicca s'empoisonne d'après Tacite ou tombe malade et meurt avec un somptueux enterrement?? selon Dion Cassius. La seconde version est peu probable car Suetonius Paulinus exerce des représailles terribles, et même en affamant les populations. Poenius Postumus(celui qui a refusé de suivre Paulinus) est traduit devant un conseil de guerre et se perce de son épée. Le nouveau procurateur Julius Classicianus est fort critique envers Paulinus, Néron envoie son affranchi Polyclitus pour se rendre compte de la situation et réconcilier le gouverneur et le procurateur. La tournée de Polyclitus surprend beaucoup les Bretons, en particulier quand le gouverneur ayant terminé une guerre si terrible, obéit à un esclave. Le gouverneur est rappelé à la fin de l'année et il est remplacé par un diplomate, Publius Petronius Turpilianus car Néron qui a envoyé depuis la Germanie, deux mille légionnaires, huit cohortes alliées, et mille chevaux, veut éviter la répétition de la catastrophe de 60 61 ap JC. La conquête de l'Ouest et du Nord est remise à plus tard.
Le lieu précis de la bataille n'est pas connu. Il est près de cet axe routier construit par les Romains qui est renommé Watling street.
Suite de la conquète de Bretagne 3ème partie
En Britannia, le gouverneur Suetonius Paulinus a été remplacé par Petronius Turpilinus plus "compréhensif" à l'égard des Bretons, puis par Trebellius Maximus, dépourvu d'expérience militaire qui traverse bien la mutinerie de l'armée pendant la guerre civile. Puis vient Vettius Bolanus qui lui non plus ne rétablit pas la discipline. En 71 ap JC, Vespasien envoie Petilius Cerialis, après sa victoire contre Civilis, en Britannia. Il attaque immédiatement le peuple des Brigantes, "qui passe pour le plus peuplé de la province" et dont la capitale est Eburacum (ou Eboracon du celtique eburos qui signifie "sanglier",actuelle York). Les combats sont nombreux et sanglants, une grande victoire est remportée par Cerialis en octobre ou novembre 72 ap JC et le territoire des Brigantes est annexé en 74 ap JC. Le camp de la Legio IX Hispana est installé à Eburacum. Le gouverneur suivant Sextus Julius Frontinus (le célèbre Frontin des stratagèmes), soumet dans l'été 74 ap JC, les Silures qui vivent dans l'actuel Pays de Galles. En juillet 78, le nouveau gouverneur de Britannia Cneius Julius Agricola entreprend de finir la conquête de l'actuel Pays de Galles. A la fin de l'année, Agricola soumet le peuple des Ordovices et l'île de Mona (Anglesey). Une nouvelle campagne en 79 ap JC se limite à quelques escarmouches.
En 80 ap JC, Agricola monte une expédition dans le nord de la Britannia. Il part de Mancunium (Manchester) qui ravage tout le pays jusqu'à l'aestuarium Tanaum (actuellement Middlesborough). En 81 ap JC, une nouvelle campagne d'Agricola lui livre toute la Britannia jusqu'aux golfes de Glota (la Clyde) et de Bodotria (la Forth). Il installe des troupes face à l'Hibernie (actuelle île d'Irlande), dans le but de préparer une expédition vers cette île qui a accuelli un des rois du pays, récemment chassé. En 82 ap JC, la flotte romaine reconnaît les ports au nord de la Forth et Agricola remporte une victoire contre les Bretons. Apprenant que les Calédoniens vont l'attaquer de plusieurs côtés en même temps, il partage son armée en trois colonnes. Les Calédoniens rassemblés attaquent la Legio IX, la plus faible de toutes, de nuit et pénètrent dans le camp. "Déjà l'intérieur des retranchements devenait un champ de bataille", Agricola ordonne aux plus rapides cavaliers et fantassins de charger l'ennemi en queue et à toute l'armée de pousser un cri. Les Calédoniens sont pris entre deux ennemis et sont mis en fuite.
La bataille du Mons Grampius (Monts Grampians)
En 83 ap JC, Agricola lance une nouvelle campagne, envoie la flotte en premier et suit avec l'armée allégée de ses bagages. Il s'avance jusqu'aux Monts Grampius.. Les Bretons ont rassemblé beaucoup de monde, Tacite parle de trente mille combattants sous les ordres de Galgacus. Agricola place l'infanterie auxiliaire forte de huit mille soldats au centre de son dispositif et trois mille cavaliers sur les ailes. Les légions restent sur les retranchements. L'infanterie des Bretons est rangée sur des collines, les chars et la cavalerie voltigent et Agricola s'aperçoit qu'il va être débordé, alors il élargit sont front et il se place en tête. Après les échanges de projectiles, Agricola ordonne à trois cohortes de Bataves et deux de Tongres d'attaquer l'épée à la main. Face aux petits boucliers et aux sabres longs et sans pointe des Bretons, les ennemis sont bientôt enfoncés et les Bataves montent la colline. Les cavaliers et les chars bretons interviennent mais le terrain inégal et la ligne serrée des légionnaires les empêchent d'avancer. Les Bretons postés sur le haut des collines descendent et menacent d'envelopper les légionnaires. Agricola envoie contre eux quatre escadrons tenus en réserve. Les Bretons déroutent et sont poursuivis par la cavalerie. Les pertes des Bretons sont d'environ 20 000 soldats contre 340 chez les Romains.
Le Mur d'Hadrien (Vallum Hadriani 122-126 ap JC)
L'Empereur Hadrien a en particulier laissé son nom à la première fortification qui barre la Britannia dans une petite largeur et la sépare de l'Ecosse et de ses invasions à répétition. Une invasion en particulier a du peser lourd dans cette décision. a la suite d'une attaque des Barbares, le camp d'Eburacum est pris et la Legio IX est anéantie, elle disparaît désormais de la liste des légions. Hadrien fit reculer les troupes romaines qui résidaient dans le sud de l'Ecosse et fit construire un grand mur de 4,5 mètres de hauteur et d'une profondeur de 3 mètres à la base et 2 mètres au sommet. Ce mur est protégé vers le nord, par un fossé profond de trois mètres et large de onze mètres. Deux levées parallèles de terres, hautes de 2 mètres séparées par un fossé profond de 2 mètres également. Ce mur s'étend du fleuve Tyne à l'est jusqu'à l'estuaire Solvay Firth à l'ouest, sur une distance de 117 kilomètres. 14 000 hommes (surtout des esclaves) participent à sa construction. Trois cents tours et dix sept camps retranchés abritant cinq cents soldats chacun, consolident cet obstacle dont celui de Vindolanda qui existe encore au VIème siècle, près de l'actuelle ville de Chesterholm dans le Northumberland. En outre un fortin chaque kilomètre et demi et 10 000 à 12 000 légionnaires protègent la frontière des Calédoniens.
Les Champs Décumates en Germanie sont couverts par un ouvrage comparable au Mur d'Hadrien bien que plus long, de Mayence à Ratisbonne. Ses ruines sont surnommées Taufelmauer, le Mur-du-Diable. Une ligne de forts, reliés par une route militaire, d'est en ouest, consolide le limes en Maurétanie Césarienne. En relation avec ce renforcement des défenses, l'enrôlement des légionnaires et des auxiliaires de l'amée impériale se fait à présent strictement au niveau local. cette évolution fait disparaître la mobilité des armées provinciales.