GUERRE DES CIMBRES
Vers 120 av JC, les Cimbres, un peuple germanique vivant dans le Jutland (Danemark actuel), avaient fuis leur territoire devant la montée des eaux consécutive à un fort tremblement de terre, ou bien poussés par la faim ou encore chassés de leurs terres par d'autres peuples (les causes divergent). Un autre peuple germanique, les Teutons, originaires du Mecklembourg ou du Holstein, descendent également vers le Sud pour les mêmes raisons et rejoint les Cimbres durant leur traversée de l'Allemagne actuelle. Les Cimbres sont commandés par Boïorix et Teutobokhe dirige les Teutons. Avec femmes et enfants, cette migration à la recherche de nouvelles terres est lente, ces peuples s'arrêtent régulièrement, cultivent des terres puis repartent inexorablement en direction du Sud et du monde celtique. Au fur et à mesure de leur migration, les Cimbres et les Teutons vont entraîner avec eux plusieurs autres peuples, en particulier des tribus helvètes. A l'est du fleuve Oder ils rencontrent les premiers celtes en Bohème, ce sont les Boïens qui les refoulent. Mais les Romains ne comprenant pas que ces Gaulois constituent un glacis protecteur contre les invasions viennent combattre ces Gaulois danubiens, les Cimbro-Teutons passent et traversent le pays des Scordisques, correspondant à la Serbie actuelle.
Ces Cimbro-Teutons, déjà accompagnés de Celtes, pénètrent en Norique dans le pays des Taurisques (Tribut celtique établi en Haute Autriche, entre la Carinthie et la Styrie, sur les pentes du Tauern (Taurus), leur capitale était Noreia) s'approchant des passes des Alpes de Carniole et assiègent Noréia (Krainburg). Le consul Gaeius Papirius Carbon défend le passage sur les hauteurs à proximité d'Aquilée. Il est venu avec une forte armée, leur ordonne de quitter le pays des Taurisques, amis du Peuple Romain et leur fournit des guides pour les reconduire à la frontière. Les envahisseurs reculent et suivent les guides qui les emmènent vers une embuscade tenue par Carbon. Mais il s'en apercoivent de décident d'attaquer, les troupes romaines sont vaincues et en grande partie éliminées en Carinthie, près de Noréia en 113 av JC. Un orage a séparé les armées, évitant aux Romains un désastre plus important et l'invasion de l'Italie. Les Cimbro-Teutons pillent la Pannonie et l'Illyrie et après 3 années, repartent vers le Jura et s'entendent avec les Helvètes puis les Séquanes. L'avance est lente car ils s'arrêtent pour cultiver et récolter. Parmi les Helvètes : les Tigurins, sur le lac de Morat, conduits par Divicon, les Thugènes et... les Ambrons (origine floue pour eux, voisin des cimbres donc originaire du jutland/Danemark, Helvètes pour les autre, ils sont en tout les cas des Celtes , probalement des "Germains Celtisés"), attirés par le butin des Cimbro-Teutons, les rejoignent.
Les Cimbres combattent d'une façon proche de celle des Gaulois, avec la tête couverte d'un heaume de bronze, une grande épée, un petit bouclier et le haut du corps revêtu d'une cuirasse. Ils attaquent en masse et les premiers rangs se tiennent attachés par des cordes passées dans leurs ceintures, lors des combats les plus périlleux. Ils sont guidés par des prêtresses, habillées de blanc retenus par une ceinture de fer. Ils se déplacent avec de lourds chariots (wagenburg).
Ces hordes qui atteignent 300 000 personnes avec les femmes et les enfants, remontent jusqu'au nord du Jura et pénètrent en Gaule vers la Franche-Comté. Ils se heurtent aux Belges qui les arrêtent vigoureusement. Mais les Eburons (Les Éburons étaient un peuple belge, établi au nord-est de la (grande) Gaule au Ier siècle av. J.-C., d'origine Germanique) qui ont des liens avec les envahisseurs acceptent le dépôt du butin qui ralentit leur marche et 6 000 Cimbres restent pour le garder. Le pillage et la destruction s'abat sur la Gaule du Centre qui se bat vaillamment. Puis en 109 av JC, cette foule en armes se tourne vers la Provincia (ou Narbonnaise) romaine et le consul Marcus Julius Silanus voit arriver des "députés". Les Cimbro-Teutons demandent des terres pour s'y installer en paix et proposent leur bras. A Rome, on est en pleine lutte pour les lois agraires ! Silanus les renvoie avec dédain et attaque leur camp et il est sévèrement battu, son camp est aux mains de l'ennemi. Il faut à nouveau lever des troupes ce qui est difficile . Le Sénat reporte les lois votées sous Gaius Gracchus qui abrègent le service militaire. Les Cimbres ne décident pas d'envahir l'Italie mais redemandent des terres et soumettent les tribus celtes aux alentours.
Les envahisseurs sont étonnés de retrouver les légions sur un espace aussi grand et décident de se séparer et d'attaquer simultanément en différents endroits la Provincia. Le consul Cassius Longinus traverse le Rhône près de Genève pour bloquer les Helvètes tandis que son lieutenant Marcus Aurelius Scaurus se place face aux Cimbres. Longinus est attaqué à l'improviste et son armée est taillée en pièce sur les bords du lac Léman en 107 av JC. Aurelius Scaurus est fait prisonnier par les Cimbres tandis que son armée fuit le combat.
Les chefs décident de franchir les Alpes et d'attaquer l'Italie et ils discutent du plan d'invasion quand Scaurus enchaîné et interrogé, les dissuade d'attaquer Rome l'invincible. Boïorix furieux le transperce de son épée. Mais les chefs changent d'avis et décident de soumettre d'abord la Provincia. Les Gaulois sous domination romaine ne veulent pas s'allier à ces barbares qui ont pillé sauvagement les peuples de la Gaule. Seuls les Volques Tectosages qui sont ulcérés de la garnison que les Romains ont installée dans leur capitale Tolosa (Toulouse), acceptent de s'allier aux Cimbro-Teutons. Copill le roi des Tectosages, conclut un traité d'amitié avec Boïorix et capture les légionnaires qui tenaient garnison à Tolosa et les met aux fers.
En 106 av JC, Quintus Servilius Cepion, vient en Provincia avec des troupes fraîches d'Italie. En l'absence de Copill et des Cimbro-Teutons, il assiège Tolosa qui résiste longtemps et n'est prise que par trahison et copieusement saccagée. La rumeur des trésors apportés de Delphes et accumulés à Tolosa est connue en Italie mais les devins gaulois ordonnent que le trésor soit enfoui au fond d'un lac sacré dans la cité. Cependant, Tolosa contenait beaucoup d'or et d'argent et le consul Cepion mit la main sur un butin évalué à 110 000 livres d'or et 1 500 000 livres d'argent. Légalement ce butin devait être livré à la République, mais le consul se l'approprie. L'année se termine sans combats, de nombreux renforts romains arrivent d'Italie dans la Provincia
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Le nouveau consul Cneius Mallius Maximus veut passer à l'offensive mais le Sénat a décidé de partager le commandement entre l'ancien consul et le nouveau. Et ces deux hommes s'entendent fort mal, Cepion se croit supérieur à Mallius et il veut faire la guerre en toute indépendance. Cette mésentente est rapidement connue des ennemis qui envoient un corps d'armée composé de Cimbres et d'Ambrons, près du camp de Mallius, à Arausio, près d'Orange, le 6 octobre 105 av JC. Pour remporter une "facile victoire", Cepion vient placer son camp entre celui de Mallius et les ennemis. Ceux ci croyant à une réconciliation des 2 généraux romains envoient des messagers pour négocier la paix au camp de Mallius. Cepion furieux, les arrête en chemin, les insulte et les menace de mort. Le récit de cet événement change rapidement l'attitude des Cimbres et des Ambrons qui vouent aux dieux tout ce que la victoire fera tomber entre leurs mains.
Ils attaquent et prennent l'un après l'autre les camps de Cepion et de Mallius, les légionnaires combattent avec le Rhône dans le dos. 80 000 soldats et 40 000 valets et esclaves sont tués, le reste est prisonnier mis à part dix hommes dont Cepion, Mallius et Sertorius qui repassent les Alpes. Les vainqueurs détruisent méthodiquement tout ce qui a appartenu aux Romains : les prisonniers sont pendus aux arbres, l'or, l'argent et les chevaux sont jetés dans le Rhône, les armes et les bagages sont cassés. La route de la Provincia est libre et la côte est ravagée depuis le Rhône jusqu'aux Pyrénées. Là, les Cimbres seuls entrent en Ibérie, tandis que les autres peuples les attendent en Gaule.
A Rome, le désastre d'Arausio provoque la stupeur et des réactions. Un plébiscite abroge l'impérium du proconsul Cepion, c'est la première fois depuis Tarquin ! (il a finis exilé de Rome et déchu de sa citoyenneté romaine). L'autre consul prend des mesures énergiques. Il empêche tous les hommes âgés de moins de 35 ans de quitter l'Italie. Il recrute 9 légions et les fait entraîner de manière plus intense, les faisant encadrer par les spécialistes de l'entraînement des gladiateurs. Une loi est votée permettant au consul de nommer personnellement la moitié des tribuns militaires qui étaient jusque là tous élus. Rome nomme au consulat, en 104 av JC, pour la deuxième fois le général Gaius Marius, absent et le maintient 5 ans dans cette charge.
Marius vient dans la Provincia, désertée par les Cimbro-Teutons et fortifie le moral de ses troupes par l'entraînement et des travaux de défense. Pour assurer l'approvisionnement régulier de ses troupes, il fait creuser un canal entre Fos et Arles, appelé Fossae Marianae, la fosse Mariane. Dans la Provincia, une révolte éclate dans plusieurs régions et les Tectosages sont les premiers à se soulever. Sylla est chargé par Marius de briser ces révoltes, il vainc plusieurs fois les insugés, écrase l'armée des Tectosages et capture son roi Copill par trahison.
Pendant ce temps, les Cimbres ravagent une grande partie de l'Ibérie sans rencontrer beaucoup de résistance mais sont arrêtés par les Celtibères. Ils décident de quitter le pays, repassent les Pyrénées et rejoignent leurs alliés. Ensemble, ils décident d'envahir l'Italie par deux voies distinctes pour diviser les forces romaines, et rendez vous est pris sur les berges du Pô. Marius s'est approché des forces ennemies pour les observer, au confluent de l'Isère et du Rhône. Les Teutons avec les Ambrons et les Thugènes, suivant la route prise en 113 av JC, se dirigent par la Provincia vers les cols alpins.
Voyant les Ambro-Teutons suivre le Rhône, Marius se retire vers la mer pour protéger les deux voies romaines qui conduisent en Italie et se retranche dans cette position. L'avant-garde ennemie arrive, se répand, range ses chariots et dresse ses tentes face aux retranchements romains. Les provocations et défis sont nombreux, les légionnaires s'impatientent mais Marius les arrête.
Décus par le peu de succès de leurs provocations, les Ambro-Teutons attaquent le camp romain trois jours de suite et sont repoussés avec des pertes. Alors ils poursuivent leur route en suivant la voie domitienne et défilent pendant six jours entiers devant le camp romain. Marius ne répond pas aux provocations et une fois la horde passée, il la suit de près le long du Rhône, jusqu'à la région d'Acquae Sextiae (Aix en Provence). En arrivant, Marius installe et fortifie son camp sur une colline élevée entre la cité et les campements ennemis des Ambrons et des Teutons séparés. Le site manque d'eau et les esclaves et domestiques ainsi que les troupes légères liguriennes descendent en puiser à la rivière Caenus et y rencontrent des ennemis.
Le combat commence là, les renforts arrivent des deux côtés et la bataille devient générale. Les Ambrons accourent et attaquent au pied de la colline et sont arrêtés par les Ligures, puis viennent les légions qui taillent en pièce la masse des Ambrons qui sont venus en renfort et les poursuivent jusqu'à leurs chariots formant un rempart et où les femmes accueillent les fuyards et les légionnaires à coup de hache ou d'épée. Mais Marius est inquiet car les fortifications ne sont pas terminées. Le lendemain, dans le camp romain on soigne les blessés et achève la fortification du camp.
Le troisième jour, les légions se déploient sur la colline et les Teutons provoqués par la cavalerie romaine, montent à l'attaque. Le combat est équilibré jusqu'à midi, moment où le soleil frappe ces Germains peu habitués à ces températures. C'est alors que Marcellus, envoyé pendant la nuit avec 3 000 légionnaires d'élite dans un bois épais derrière le camp ennemi, débouche sur l'arrière garde teutonne qui se replie en désordre vers le cœur de la bataille. La confusion gagne toute l'armée des Teutons qui est dispersée, tuée ou capturée. Le roi Teutobokhe et quelques chefs sont faits prisonniers chez les Séquanes et rapportés au camp de Marius.
Pendant ce temps, les Cimbres et les Tigurins remontent le Rhin vers sa source, traversent les Alpes au col du Brenner et descendent par la vallée de l'Adige en laissant les Helvètes en hauteur pour garder les passages et aussi pour soutenir les Cimbres si nécessaire. En 102 av JC, le consul Quintius Lutatius Catulus chargé de la défense des frontières recule à l'approche des Cimbres et se retranche sur la rive gauche de l'Adige près de Trente. Les Cimbres traversent l'Adige après l'avoir comblé de rocs, de troncs d'arbre et de terre. Les légionnaires fuient jusqu'à la rive sud du Pô. Les Cimbres, maîtres de la Vénétie et du territoire situé au nord du Pô, attendent leurs alliés pendant tout l'hiver. Marius ramène son armée victorieuse et rejoint les légions de Catulus au début de l'été.
Les Cimbres ne veulent pas combattre et négocient pour gagner du temps. Apprenant de Marius la destruction des Ambro-Teutons, ils décident de combattre. Boïorix et Marius conviennent du lieu et de la date de la bataille. Ce sera 3 jours plus tard soit le 30 juillet 101 av JC, dans les Campi Raudii, situés près de Verceil, une vaste plaine propice à la fois à la cavalerie romaine et au déploiement des masses d'infanterie de Cimbres. Marius prend position à l'est pour profiter du vent violent qui souffle fort et du soleil qui va se lever.
L'infanterie des Cimbres avance en masse compacte. Les combattants des premiers rangs sont attachés les uns aux autres. La cavalerie, forte de 15 000 hommes est bien protégée par des cuirasses d'acier mais elle erre dans les brouillards du matin et tombe soudains sur les escadrons romains plus solides. Cette cavalerie est rejetée en arrière. Les légions du centre, celles du consul Lutatius, avancent pour les poursuivre. L'infanterie des Cimbres se déploie en demi-cercle. Marius qui commande les 2 ailes renforcées de l'armée romaine se rend compte du danger, mais les légionnaires ne peuvent être rattrapés.
Marius, après le sacrifice d'une brebis, s'écrie "la victoire est à nous", et il se précipite dans la mêlée, avec ses soldats motivés. La bataille est longue et sanglante. Le soleil se reflète sur les armures des légionnaires, éblouissant les ennemis. Le vent rabat la poussière du champ rendant la situation des Cimbres plus inconfortable. La bataille est favorable aux Romains. Boïorix est tué, les autres chefs se rendent ou se suicident. Les femmes, sur les chariots combattent furieusement et voyant le sort qui les attendent, se massacrent mutuellement. Les Tigurins, restés sur les hauteurs des Alpes, retournent en Helvétie.
Les pertes sont faibles pour l'armée romaine. Les chiffres sont variés pour les pertes des Cimbres : de 140 000 tués et 60 000 prisonniers jusqu'à 100 000 tués et captifs, ce qui semble plus probable. Sylla vient pacifier les Alpes de Norique. Les 2 consuls célèbrent ensemble leur triomphe. Marius est considéré comme le vainqueur mais celui ci juge prudent de ne pas mécontenter les légionnaires de Catulus qui ont plus souffert de la bataille.
C'est durant cette periode que Marius a effectué sa réforme de la légion Romaine.
La colonie, colonie originelle de Narbonne, implantée sur la côte méditerranéenne près de l'Aude, donnera son nom à la Province romaine, du nom de Narbo Martius, ville dédiée à Mars. Aix-en-Provence est fondée à la même époque en 122 av JC.
Cette région, la Gaule narbonnaise, est aussi appelée la Provincia (dont le mot a donné « Provence »). Elle était aussi appelée Braccata, ce nom faisant allusion aux braies (braccx) portées par les habitants, en opposition à la Gaule Cisalpine (conquise par Rome vers l'an 200 av JC), où le port de la tunique romaine s'était déjà imposée à la population, du moins dans les cités.
Le terme « teutons » (du Proto-Germanique Þeudanōs, dont le mot Allemand Deutsch, Allemand, dérive aussi, ainsi que l’adjectif français "tudesque") désigne des peuples germaniques qui pourraient être différents et dont le nom générique signifie notre Peuple