Chute et fin de l'Empire Romain
Pour tout Romain, le Barbare n'était pas un être sauvage et assoiffé de sang mais un homme qui parlait un langage qui lui était incompréhensible et dont la civilisation lui apparaissait primitive. Il serait inexact de se représenter des mondes romains et barbares comme deux mondes hermétiquement séparés en temps de paix. A toutes les époques, Rome a su accepter l'installation de peuples barbares à l'intérieur de ses frontières.
Dès la fin du IIIe siècle, les empereurs romains ont accueilli de plus en plus de mercenaires barbares comme soldats : Francs, Goths, Saxons, Alamans viennent grossir les rangs de l'armée tandis que les Romains d'origine se désintéressent de la guerre. Ces soldats offrent évidemment une faible barrière de protection contre les incursions des autres tribus barbares, qui pénètrent de plus en plus dans l'Empire. En outre, Rome concède de plus en plus de territoires à des Germains alliés à des fins de colonisation. Mais graduellement, ces derniers fondent des royaumes souverains sur le sol de l'Empire.
Dés la fin du IVe siecle le continent subis des grandes transformation, l'Empire Romain est la proie aux attaques des barbares qui franchissent ses fontières et se répandent dans l'Empire romain, ce que nous avons coutume d'appeler "les grandes invasions".
Les causes à mon avis sont :
Nous pourrions dire qu'il n'y a pas eu "invasion" mais plutôt "installation" des Barbares, tellement ceux ci sétaient implantés dans l'armée romaine en plus certains comme chefs. Néanmoins, au IVe et Ve siècles, l'avancée a pris la forme d'attaques qui sont allées en s'intensifiant. Après la mort de Théodose en 395,
La crise politico-militaire des années 250-270
Entre la mort d'Auguste, le premier empereur, et le milieu du IIIe siècle, une armée professionnelle de 300.000 hommes, tant légionnaires qu'auxiliaires, suffisait à maintenir la Pax Romana. Dans les années 250-260, cette armée déployée aux frontières est mise en échec par une pression barbare sans précédent. En Europe, de nouvelles confédérations germaniques (Alamans, Francs, Saxons, Goths) s'organisent. Les Barbares franchissent le Rhin et le Danube. Les voies romaines deviennent des couloirs d'invasion. Des Francs traversent la Gaule et ravagent le Nord-Est de l'Espagne. Les villes de l'intérieur, sans garnison ni murailles, sont aisément pillées. En Orient, la dynastie sassanide redonne aux Perses les moyens et le goût de l'impérialisme militaire. L'Euphrate et traversée, Antioche est pillée.
A l'évidence, l'Empire doit réorganiser son outil militaire. Tâche d'autant plus difficile que les ambitions rivales de ses généraux contrarient l'unité de l'Empire. Les grands commandants régionaux (Bretagne, Rhin, Danube, Orient) utilisent leurs troupes pour briguer l'Empire, ou même un règne sans partage sur une partie d'Empire. L'Empire fait alors l'expérience d'une défense décentralisée. L'instabilité est de règle. Près des deux-tiers des empereurs ont une fin tragique. La plupart des empereurs de la seconde moitié du IIIe siècle est proclamée puis dénoncée par des "pronunciamentos". Contrairement à la période du Haut-Empire, le Sénat n'a plus aucun rôle politique ou militaire. Les professionnels ne veulent plus que les sénateurs exercent de commandements épisodiques dans l'armée. En 262, l'empereur Gallien les exclut de toute fonction militaire. A l'exception de l'éphémère empereur Tacite, la pourpre impériale appartient désormais exclusivement aux meilleurs ou aux plus ambitieux des généraux. L'armée assume la direction politique de l'Empire dont elle est le seul recours. Militairement, les empereurs ne sont pas inactifs. Deux d'entre eux trouvent la mort au combat: Dèce, tué par les Goths en 251 et Valérien capturé et exécuté par les Perses en 260. Le débordement des défenses frontalières conduit l'Empire à réduire son périmètre défensif en abandonnant les provinces conquises au-delà du Rhin et du Danube (Rhétie et Dacie) et délaisse en Bretagne le Mur d'Antonin, situé au Nord du Mur d'Hadrien. Une stratégie de défense en profondeur est adoptée empiriquement. Une armée de manoeuvre réduite, groupée autour de l'empereur, intercepte les Barbares à 200-300 kilomètres à l'intérieur du territoire romain. Rome cesse d'être la capitale effective de l'Empire au profit de Milan et de l'état-major itinérant du prince.
Il n'y pas de sursaut militaire des populations romaines devant la menace barbare. Toutefois les civils essaient localement d'assurer leur autodéfense. On édifie des enceintes autour des villes. Certaines de ces enceintes urbaines sont soignées et persistent jusque vers 1300. La ville du Mans présente encore une tour et un rempart de cette époque. D'autres enceintes réutilisent les pierres des bâtiments publics ou s'en servent de points-d'appui pour former des villes réduites. Rome elle-même doit s'entourer d'une enceinte en briques qui existe toujours aujourd'hui: le Mur d'Aurélien. Dans les campagnes, les grands propriétaires terriens fortifient leurs villas. Des refuges de hauteur sont construits dans les régions voisines du Rhin pour protéger les villageois. C'est de l'autodéfense passive à la fois contre les Barbares et contre les bandes de brigands qui s'organisent suite à l'affaiblissement du pouvoir. L'histoire a conservé le nom de ces bandes de brigands: les bagaudes en Gaule et les circoncellions en Afrique.
Première tentative de réorganisation
Dioclétien (284-305)
En 284, un général originaire d'Illyrie parvient à réunir l'autorité civile et militaire sous sa main. Ce général appelé Dioclétien impose entre 284 et 305 une vigoureuse réorganisation de l'Empire.
Dioclétien porte l'armée entre 450.000 et 600.000 hommes. Il rétablit de puissantes défenses frontalières sur le Rhin et le Danube après avoir mené des campagnes de pacification en terre barbare. Il augmente les flottes fluviales du Rhin et du Danube. Dioclétien crée une importante rocade fortifiée, la Strata diocletiana, pour protéger la Syrie et la Palestine contre les raids des Perses et des Bédouins. Sous son règne est établi une chaîne de forts côtiers et de surveillance navale sur les côtes de la Bretagne pour parer aux raids des pirates saxons. L'architecture militaire de la fin du IIIe siècle montre le changement de la stratégie de défense. Les forts du Haut-Empire étaient construits en plaine, ouverts par quatre entrées, avec des tours carrées d'observation bordant un mur étroit. C'étaient des forts tournés vers l'intervention. Ceux du Bas-Empire sont construits sur les hauteurs avec des murs et des fossés deux fois plus larges. Les tours en U forment des saillants en bastion. Il n'y a qu'une ou deux entrées car il s'agit de forts de défense locale. D'autre part, les nouveaux camps légionnaires ont une superficie quatre fois plus réduite que ceux du Haut-Empire. Contrairement à une idée reçue, Dioclétien n'a pas systématisé une stratégie de défense en profondeur qui s'était empiriquement mis en place avant lui. Il essaie de revenir à une défense en avant avec une armée défensive. Néanmoins, il a entrevu l'utilité d'une certaine profondeur opérationnelle et place certaines unités à 60 ou 100 kilomètres en arrière du cordon de troupes frontalières.
Mais la plus grande réforme entreprise par Dioclétien est le système politique qu'il met en place: la Tétrarchie (littéralement "gouvernement quadripartite"). Ce système calque les nouveaux grands commandements militaires de l'Empire. L'Empire est divisé en deux grands commandements, l'Orient et l'Occident, sous la direction de deux augustes. Chaque auguste a sous ses ordres un césar destiné à lui succéder et chargé d'une sous-région. Ces co-empereurs portent le nom de tétrarques.
Cette réforme originale a deux objectifs:
Il espère donner l'exemple, mais en fait, il donne le signal des guerres civiles ou plutôt des guerres entre militaires rivaux.
La réforme constantienne
Constantin sort vainqueur des guerres civiles et impose deux réformes qui bouleversent la civilisation romaine:
Les empereurs militaires du IIIe siècle avaient déserté Rome au profit de capitales itinérantes plus opérationnelles mais Constantin prend acte de l'appauvrissement économique, du déclin politique et stratégique de la Cité qui avait conquis l'univers. Il renforce, bien que devenu empereur unique en 324, la bipartition qu'avait établie Dioclétien entre l'Occident latin et l'Orient grec. Faille géopolitique profonde qui est à la base de l'éclatement de l'Empire, de sa disparition à l'Ouest et de sa survie à l'Est jusqu'en 1453 sous les couleurs de Byzance. Faille qui continue de séparer l'Europe en deux entre Catholiques latino-germaniques et Orthodoxes gréco-slaves.
Une troisième réforme, moins persistante historiquement, est à mettre au crédit de Constantin: la réforme de l'armée. Alors que Dioclétien avait augmenté les effectifs en les portant à plus de 450.000 hommes, tout en les maintenant aux frontières, Constantin modifie profondément la structure de l'armée. En 325, il crée deux classes opérationnelles: les troupes d'intervention dites comitatenses ("d'accompagnement"); les troupes frontalières dites ripenses ("riveraines") ou plus tard limitanei ("frontalières"). La vieille distinction opérationnelle entre légionnaires et auxiliaires disparaît en même temps que les cohortes prétoriennes supprimées en 312. L'empereur Constantin impose aux fils de vétérans de s'engager dans l'armée. Puis l'obligation est étendue aux fils de militaires en activité. Ces derniers seront recrutés dès l'âge de 16 ans alors que l'âge normal est de 18. Ce recrutement héréditaire forcé entraîne une vague de désertions. Beaucoup de fils de vétérans entrent dans les ordres, exemptés d'obligations militaires, car l'Empire est devenu chrétien. D'autres se coupent un pouce, particulièrement en Italie. L'enrôlement prend souvent l'aspect d'une arrestation. C'est une nouvelle armée qui naît.
Evolution de l'armée dans les années 360-380
Après la mort de Constantin en 337, l'armée évolue dans le sens qu'il a défini. Cette armée se caractérise par :
Cette défense en profondeur renforce le rôle de deux nouvelles catégories opérationnelles créées par Constantin. Il s'agit des troupes palatines (auxilia d'infanterie et vexillations de cavalerie) qui forment une réserve stratégique à disposition des grands commandements d'Orient et d'Occident, l'élite des troupes d'intervention. Les scholes palatines constituent la garde impériale sous les ordres du comte des domestiques. Peu nombreuses (en tout 3500 hommes par moitié d'Empire) ces scholes participent efficacement à toutes les grandes batailles du IVe siècle.
Au point de vue opérationnel, l'armée romaine tourne sur peu d'unités d'élite. Les armées d'intervention ont 5000, 15.000, exceptionnellement 30.000 hommes. En cas de crise simultanée sur plusieurs fronts Rhin, Danube, Euphrate, il n'y a pas assez de troupes disponibles, ce qui est aggravé par la bipartition politique de l'Empire rétablie en 364. Valentinien Ier devient empereur d'Occident, et nomme son frère cadet, Valens, empereur d'Orient. A cette occasion, les unités d'élite sont partagées en seniors qui vont à l'Occident et juniors qui vont à l'Orient. Une menace répandue sur plusieurs fronts amène la défaite d'Andrinople en 378 où Valens et l'armée d'Orient sont anéantis par les Goths. Les troupes frontalières, dispersées dans de multiples postes d'observation, n'ont plus la capacité de retenir un envahisseur. A partir des années 360, les recrues les plus médiocres y sont affectées. Il s'agit de paysans sans terre, fermiers ou journaliers que les grands propriétaires livrent à l'Etat en acquittement de l'impôt. Cette catégorie de troupes forme une police des frontières.
L'apparence des soldats romains change, annonçant la période médiévale: épée longue, cuirasse d'écailles qui évoque la broigne carolingienne, cottes de mailles à cagoule évoquant le haubert, casques segmentés à nasal. Les casques romains continuent d'être portés par les chefs barbares au VIe siècle tandis que l'épée longue se retrouve dans toute l'Europe. A partir du règne de Gratien (375-383) les troupes occidentales demandent à être débarrassées du casque et de la cuirasse jugés trop lourds. L'infanterie romaine devient une grosse infanterie légère adaptée à la guérilla de frontière mais au Ve siècle, plus rien ne distingue les Romains des Barbares à l'équipement romanisés. L'arme qui conserve toute sa vigueur tactique en Orient tant en Occident est la cavalerie. En particulier la cavalerie lourde cuirassée qui combat à la lance et à l'épée comme les scutaires et les cataphractaires. La cavalerie légère est l'arme d'auxiliaires barbares.
Crise du recrutement et barbarisation de l'armée
L'Empire face à une crise du recrutement croîssante a échoué en imposant l'hérédité de fonction aux fils de militaires et en réquisitionnant pour 20 ans les rebuts de la paysannerie. Dès le IIIe siècle, il recrute de plus en plus de Barbares tant dans les unités auxiliaires que dans les troupes d'élite. Les Barbares sont demandeurs d'intégration et valeureux aux armes. Les seuls peuples de l'Empire qui continue à s'engager massivement au IVe siècle sont les Gaulois et les Africains, alors que les Italiens se coupent le pouce pour ne pas servir.
La barbarisation est progressive jusqu'en 376. Les Barbares s'engagent à titre individuel ou par contingents entiers sous les ordres de leurs princes-officiers. Leurs qualités combattantes, morales et physiques alliées à l'armement romain en font des unités d'élite. Les scholes palatines de la garde impériale sont majoritairement composées de Barbares. Les princes barbares accèdent aux plus hauts grades de l'armée dès les années 350. Dès cette époque, les Francs forment la majorité des officiers généraux de l'armée et de l'état-major d'Occident. En Orient, des Sarmates, des Géorgiens, ou des Perses ralliés à l'Empire accèdent à des grades importants. Néanmoins, ces Barbares sont intégrés dans des unités organisées à la romaine. On voit des généraux et des troupes barbares combattre avec férocité leurs frères de race pour le compte des Romains. Il s'installe un paradoxe: les Barbares sont à la fois les ennemis et les défenseurs de l'Empire. Ennemis et vaincus, ils sont distribués à travers l'Empire pour mettre en valeur les terres incultes ou abandonnées ou même recrutés dans l'armée romaine. Un ennemi qu'on arme n'est plus un ennemi: c'est un partenaire.
Le difficile équilibre de l'intégration est rompu en 376. A cette date, chassés par les Huns, Barbares asiatiques venus des steppes de Mongolie, les Goths demandent l'asile politique à l'Empire romain d'Orient. L'empereur d'Orient Valens, poussé par ses courtisans, intègre la masse des réfugiés qu'il espère transformer en cultivateurs, en soldats et en contribuables. Il installe les Goths en tant que fédérés dans les Balkans, mais la malhonnêteté des gouverneurs provinciaux les affame et les pousse à la révolte dès 376. Leur nombre est tel que les troupes frontalières ne peuvent les empêcher de se répandre et de semer la dévastation. Les renforts s'avèrent insuffisants et l'empereur Valens ne peut intervenir en personne avec l'armée de manoeuvre qu'en 378. Après son anéantissement à Andrinople, l'Empire vaincu accepte de réintégrer les Goths en tant que fédérés. Ils reçoivent des terres et des subsides de l'Etat romain contre le service des armes. La tentative de les amalgamer aux troupes régulières échoue car, trop nombreux, ils refusent la discipline romaine et gardent leurs chefs. Des heurts ont lieu avec les soldats romains. Des révoltes sporadiques éclatent. Le nouvel empereur d'Orient Théodose Ier essaie vainement de les épuiser dans les guerres civiles contre des usurpateurs.
Après la mort de Théodose en 395, son fils Honorius trop jeune et trop faible, doit accepter la régence d'un Barbare appelé Stilicon, commandant en chef des forces occidentales. En Orient, c'est un autre officier barbare, Gaïnas, qui s'impose au frère d'Honorius, Arcadius. Arcadius et la population de Constantinople, à la suite d'une réaction anti-germanique en l'an 400, parviennent à chasser Gaïnas et ses fédérés barbares. Dans le même temps, Alaric, le chef des fédérés goths mène une guerre personnelle contre l'Empire romain d'Orient jusqu'à ce qu'il obtienne le commandement de l'Illyrie en 397. En fait, il est devenu un seigneur de la guerre indépendant qui opère sur le territoire romain en prélevant l'impôt à son bénéfice. Dès 401, il se reporte contre l'Occident et attaque l'Italie. Le généralissime Stilicon contient ces assauts, mais après son assassinat en 408, Alaric a la voie libre. En 410, à sa troisième tentative de siège, il pille Rome, ce qui n'était pas arrivé depuis l'époque de Brennus en 390 avant-Jésus-Christ. Ces guerres dans la péninsule italienne obligent l'Occident à abandonner la Bretagne et à dégarnir la frontière du Rhin pour rameuter des renforts. En conséquence, à la fin de 406, le Rhin est franchi par des hordes de Vandales, de Suèves et les Alains qui dévastent la Gaule puis s'installent en Espagne vers 409.
Vers 412, Athaulf, le successeur d'Alaric, se réconcilie avec l'empereur d'Occident Honorius dont il épouse la soeur et s'institue protecteur des Romains. L'empereur l'installe en Gaule Narbonnaise puis en Aquitaine à partir de 418. Toulouse devient le centre d'un royaume wisigothique au coeur de l'Empire romain. Dès les années 420, les Wisigoths mènent une politique d'expansion territoriale aux dépens des provinces romaines. Contre eux et les agressions extérieures, L'Empire utilise des cavaliers huns et installe de nouveaux fédérés en Gaule, Francs saliens dans le Nord-Est et Burgondes autour de Lyon et de Genève. Lorsque le roi des Huns Attila investit la Gaule en 451, le généralissime Aétius réunit les différentes communautés barbares installées en Gaule aux dernières troupes régulières (composées de Barbares et de quelques provinciaux). Après la victoire contre Attila, les fédérés mènent une politique indépendante de l'Empire. Les terres qu'ils ont reçues en protection deviennent des principautés barbares. L'Empire d'Occident se délite de l'intérieur. Il n'y a plus réellement d'armée romaine, mais une garde impériale à la fidélité douteuse. Rome est pillée en 455 par les Vandales, installés en Afrique depuis 429, puis en 472 par les Burgondes, dont le roi est devenu généralissime de l'armée romaine. L'empereur entre 455 et 476 n'est plus qu'un fantoche entre les mains des condottières barbares. L'un d'eux Odoacre, renverse le dernier empereur d'Occident en 476, et s'institue patrice ("petit père") des Romains. La déposition de Romulus Augustule est une "formalité", car l'Empire d'Occident a cessé depuis longtemps d'être militairement souverain.
La barbarisation de l'armée a détruit l'Etat romain. La société romaine disparaît progressivement sous l'apport barbare. Des Etats nouveaux apparaissent en Europe occidentale. La paix romaine laisse place à ce que l'historiographie anglo-saxonne appelle les "Ages Sombres".
Originaires de Scandinavie, les Goths étaient installés au I er siècle avant notre ère sur les bords de la Vistule. Ils atteignirent les côtes de la mer Noire au début du IIIe siècle et, dès lors, se livrèrent à de fréquentes attaques contre l'Empire romain, ravageant la Thrace et la Mésie et tuant l'empereur Dèce en 251. Après avoir été écrasés par l'empereur Claude II le Gothique à Naissus, ils furent repoussés derrière le Danube par Aurélien et s'installèrent sur la rive gauche en 270. Mais leurs tentatives de conquêtes sur l'Empire reprirent et ils arrachèrent la Dacie vers 275.
Dans le courant du IVe siècle, la religion chrétienne pénétra chez eux sous la forme de l'arianisme, dont le propagateur fut l'évêque Ulfila. A cette période, ils étaient partagés entre Ostrogoths (Goths orientaux) et Wisigoths (Goths occidentaux). L'arrivée des Huns, en 375, eut pour conséquence de dissocier les deux branches, qui allaient suivre des destinées différentes. Tandis que les Ostrogoths se soumettaient aux Huns, les Wisigoths passèrent le Danube (376) et dès lors suivirent leur destinée particulière.
Ostrogoths
Le peuple Ostrogoth ou Goths de l'Est par opposition aux Wisigoths, les Goths de l'Ouest, étaient un peuple Germanique. Ils influencèrent considérablement les événements politiques de la fin de l'empire Romain.
Les Goths formèrent une tribu unie jusqu'au IIIème siècle, date à laquelle ils se séparèrent en Ostrogoths et en Wisigoths. La terminologie Est-Ouest se réfère surtout à leur région d'habitat plutôt qu'à une quelconque différence culturelle. Les deux tribus, en effet, partageaient de nombreux aspects. Entre autres, les Goths reconnaissaient une divinité tutélaire commune que les Romains nommaient Mars. Leur séparation, ou plus exactement la migration des tribus de l'Ouest vers la province Romaine de Dacie, fut le résultat naturel de la surpopulation de la région autour de la mer Noire où les Ostrogoths établirent un vaste et puissant royaume.
L'arrivée des Huns vers 370, provoqua la domination des Ostrogoths par ces derniers et incita probablement les Wisigoths à s'installer au-delà du Danube. Selon Jordanès, la défaite face aux Huns provoqua également le suicide du roi Ostrogoth Ermaric en 378.
Au cours des décennies suivantes, les Ostrogoths demeurèrent dans les Balkans sous la domination des Huns, devenant un de leurs nombreux peuple vassaux. Les Ostrogoths combattirent en Europe sous les ordres des Huns, notamment lors de la bataille des champs catalauniques en 451.
Plusieurs soulèvements des Ostrogoths contre les Huns furent matés, mais l'introduction de la culture à dos de cheval des Huns constitua par la suite un avantage majeur des Ostrogoths.Le plus grand de toutes les souverains Ostrogothiques fut Théodoric le Grand qui conquit toute l'Italie ver 455.
Wisigoths
Goths de l'Ouest par opposition aux Ostrogoths, les Goths de l'Est, étaient un peuple Germanique incorporé tardivement dans l'empire Romain. Après la chute de l'empire Romain occidental, les Wisigoths ont continué pendant 250 ans à jouer un rôle important en Europe occidentale.
les Wisigoths (c'est-à-dire les «Goths sages, vaillants») occupaient une région située entre le Dniepr et le Danube. Partiellement convertis à l'arianisme dès le IVe siècle, ils furent autorisés par l'empereur Valens à s'établir en Thrace (376), mais, mécontents du sort qu'on leur réservait sur ce territoire, ils se révoltèrent et écrasèrent l'armée romaine près d'Andrinople en 378.
De 396 à 410, sous la conduite de leur chef Alaric Ier , ils passèrent en Italie et pillèrent Rome (410). Athaulf, successeur d'Alaric, les lança alors à la conquête de la Gaule méridionale (410-415) où ils se fixèrent avec le titre de fédérés (418), occupant une vaste région s'étendant de la Provence et l'Aquitaine jusqu'à la Loire. Dans la seconde moitié du Ve siècle, leur royaume ajouta la quasi-totalité de l'Espagne à ses possessions gauloises.
Le royaume des Wisigoths eut d'abord Toulouse comme capitale (il englobait la partie de la France actuelle située entre la Loire et les Pyrénées). Lorsque Clovis Ier battit les Wisigoths à la bataille de Vouillé en 507, ces derniers ne conservent que la Septimanie (correspondant au Languedoc) et une partie de la Provence avec l'aide des Ostrogoths. Après la perte de Toulouse les Wisigoths installèrent leur capitale à Tolède. En 575 ils conquièrent le royaume des Suèves (situé dans le nord du Portugal et la Galice). En 711 le royaume est conquis par les musulmans.
La défaite d'Alaric II à Vouillé devant les Francs de Clovis (507) entraîna la perte de l'Aquitaine, et les Wisigoths durent transférer leur capitale de Narbonne à Barcelone, puis à Tolède. Ils unifièrent l'Espagne sous leur autorité dans la seconde moitié du VIe siècle. N'ayant pas réussi à imposer l'arianisme, ils se convertirent, sous Reccared I er (586-601), au catholicisme, ce qui permit à la monarchie de se concilier le clergé.
Après la défaite de Rodrigue à la bataille du Guadalete, près de Cadix (711), il ne fallut pas trois ans aux Arabes de Tariq ibn Ziyad pour anéantir leur royaume (711-713).
Venus probablement d' Asie centrale, les Huns étaient des nomades qui vivaient dans les steppes du nord du Caucase. Les Chinois les mentionnent pour la première fois au III e siècle av. J.-C. Les Huns ont fortement marqué l'imaginaire des peuples de l'Empire romain finissant, par le caractère particulièrement cruel de leurs exactions. La chronique a ainsi attribué à Attila le surnom de «fléau de Dieu».
C'est vers la fin du IV e siècle apr. J.-C. que les Huns apparaissent dans le bassin de la Volga. Après avoir écrasé les Alains, ils s'installent entre ce fleuve et le Don, avant d'envahir le royaume Ostrogoth implanté dans les plaines d'Ukraine. Poursuivant alors leur progression vers l'ouest, ils défont les Wisigoths, établis dans l'actuelle Roumanie, et atteignent les frontières de l'Empire romain sur le Danube.
Selon les descriptions laissées par l'historien romain Ammien Marcellin, les Huns sont des pasteurs nomades qui ignorent l'agriculture, ne possèdent pas d'habitations permanentes et parcourent sans répit la steppe à la recherche de pâturages et de points d'eau pour leurs troupeaux. Ils subsistent grâce à la chasse et à la cueillette, sont vêtus d'habits de lin et de fourrures. Vivant presque constamment à cheval, ils ne semblent pas avoir de vrai roi, chaque clan ayant son propre chef.
Guerriers redoutables, archers, cavaliers montés sur de petits chevaux robustes, les Huns surprennent leurs ennemis en se livrant à des charges rapides, des retraites inattendues, un harcèlement permanent. Des tombes hunniques retrouvées près du Dniepr attestent leur goût pour le pillage.
Après avoir traversé et dévasté les plaines roumaines, les Huns franchissent les Carpates et s'installent dans la plaine de Pannonie (Hongrie actuelle) vers 396. Peu inquiète, Rome les laisse agir à leur guise au-delà du limes (fortification marquant la frontière de l'Empire romain), car les Huns s'en prennent aux Goths, ennemis traditionnels de Rome.
M ais la situation change brutalement en 408, date à laquelle les Huns pénètrent en territoire romain en lançant de nombreuses razzias. Vers 425, un empire hunnique semble s'être formé sur le moyen Danube. Etendant leur domination sur les populations germaniques, les Huns enrôlent des Germains dans leur armée. En 430, l'empereur Théodose II accepte de leur payer un tribut annuel, qui est doublé cinq ans plus tard, puis multiplié par cinq en 443.
Le chef hun Attila arrive au pouvoir en 441. Sous son règne, la puissance des Huns atteint son apogée. En effet, après 445, date à laquelle il fait assassiner son frère Bléda, il gouverne en autocrate. Il charge des émissaires, les logades, de parcourir l'empire pour réclamer des tributs sous peine de destruction. Avide de butins, il lance chaque année des raids sur l'Empire d'Orient et ruine régulièrement les villes des Balkans.
En 450, il se retourne contre l'Empire d'Occident. Il passe le Rhin à Mayence et pénètre dans l'est de la Gaule, avant que son armée soit mise en déroute par le Romain Aetius près de Troyes (bataille des champs Catalauniques, 451). Les Huns refluent alors vers l'est.
Un an plus tard, Attila lance un nouveau raid vers l'Italie. Il dévaste la plaine du Pô, rencontre le pape Léon le Grand et décide brutalement de rentrer en Pannonie avec son armée. Il meurt en 453, laissant un empire riche, mais dont l'autorité se lézarde sous les révoltes successives des peuples vassaux.
Incapables de s'unir, ses fils sont battus en 455 sur la Nedao, en Pannonie, par une coalition de Gépides et d' Ostrogoths. Cette défaite marque la fin de la puissance hunnique.
Peuple originaire d'Ossétie, les Alains sont des nomades apparentés aux Sarmates du Kirghistan. Au Ier siècle, ils apparaissent aux abords de la Perse où leurs incursions provoquent la chute des Parthes. Les Sassanides qui leur succèdent établissent en 226 un empire durable, refoulant les Alains aux confins du Don, de l'Oural et du Caucase, où ils fondent un royaume éphémère.
En 375, ils doivent prendre la fuite devant les Huns et franchissent le Danube en 406, année qui marque le début des grandes invasions barbares dans l'Empire Romain (Alains, Burgondes, Alamans, Suèves, Ostrogoths, Wisigoths et Vandales).
Alliés aux Vandales, et menés par leur roi Goar, les Alains écrasent les Francs conduits par le duc de Mayence. Worms, Mayence, Strasbourg, Tournai, Arras, Amiens, Reims tombent à leur passage. Toujours accompagnés des Vandales, ils franchissent la Loire en 408 où Goar et sa tribu se soumettent aux Romains. Aetius les installe sur la Loire et à Orléans.
D'autres Alains, menés par Sambida, se fixent sur le Rhône. Les derniers, conduits par Respendial, suivent les Vandales en Hispanie en 409 et s'établissent en Galice d'où ils sont délogés en 418 par les Wisigoths. Leur périple avec les Vandales se poursuit alors jusqu'en Andalousie et en Afrique du Nord.
À Orléans, sous le roi Sangiban, les Alains opposent une résistance farouche à Attila qui avait envahi la Gaule en 451. Une centaine de localités de l'Orléanais se souviennent des Alains : Allaines, Alainville, Alaincourt, etc. Par la suite, les Alains se sont naturellement intégrés aux peuples voisins tandis que leurs lointains cousins, les Ossètes ou Osses, après avoir survécu aux massacres de Tamerlan, vivent toujours dans le Caucase.
Entre le Ier et le IIIème siècle, les Vandales sont un peuple établi en Germanie orientale, dans une région située entre la Vistule et l'Oder, au bord de la mer Baltique. Ils étaient très proches d'autres peuples barbares comme les Goths.
Ils s'installèrent au cours du IIIème siècle en Pannonie, entre le Danube et l'Illyrie. Le nom de Vandales sera aussi donné à des peuples voisins comme les Silings, installés sur le Main supérieur, ainsi qu'aux Hasdings, installés en Pannonie.
Au début du Vème siècle, les Huns chassèrent les Vandales de leurs terres. C'est pourquoi ils se joignirent aux autres peuples Germains (Goths, Alamans, Suèves, ...) afin d'envahir l'empire Romain occidental. Ils passèrent le Rhin en 406.
Ils participèrent à l'invasion de la Gaule et la pillèrent pendant 2 ans. Très rapidement ils migrèrent vers l'Espagne.
En 409, les Vandales entrèrent en Espagne et résistèrent non sans mal aux Wisigoths désireux d'y installer un royaume. Les Vandales occupèrent notamment l'Andalousie. Ils la pillèrent pendant une vingtaine d'années. Cette étape fut très importante pour eux car elle leur permit de devenir le seul peuple barbare maîtrisant la navigation.
En 428, Genséric devint roi des Vandales. Résistant de moins en moins aux pressions des Wisigoths, ils décidèrent d'organiser la traversée du détroit de Gibraltar en 429. Ils progressèrent le long de la côte nord-africaine pour arriver à Carthage 10 ans plus tard.
En 439, ils prirent la ville de Carthage (dans l'actuelle Tunisie), capitale de l'Afrique Romaine, et c'est en 442 que Rome se décida à laisser la souveraineté de cette terre aux rois Vandales. C'est alors qu'ils appliquèrent une politique de confiscation des terres appartenant à des propriétaires Romains (contrairement aux autres Barbares qui partagèrent simplement les terres). Les coutumes et lois du Bas-Empire Romain furent cependant conservées (tablettes d'Albertini, 493-496).
Les Vandales se sont rapidement heurtés à l'église Romaine très puissante en Afrique du Nord. Cette opposition a naturellement exclu toute fusion entre Vandales et Romains. Ils continuèrent donc à être adeptes de l'arianisme (hérésie chrétienne) tout en menant une coexistence avec les Romains d'Afrique.
Fidèles à leur tradition de pillage et grâce à leur supériorité maritime, ils entreprirent un saccage systématique des côtes et des îles de Méditerranée occidentale (Espagne, Sicile, Corse, îles Baléares, ...). Ils mirent aussi à sac la ville de Rome en 455 et parvinrent en 468 à détruire une énorme flotte Byzantine envoyée contre eux.
Leur royaume s'étendant sur une zone productrice de céréales, ils devinrent alors un peuple important pour l'approvisionnement en blé de l'Italie.
La chute des Vandales :
L'instabilité du trône Vandale à la mort de Genséric provoqua une chute rapide de ce royaume. Le problème religieux, la rivalité des héritiers, les rébellions Berbères, l'expansion de l'empire Byzantin eurent raison de ce royaume. En 533, l'empereur Byzantin Justinien Ier envoya le général Bélisaire reconquérir l'Occident ; il précipita donc la chute du royaume Vandale en 534. Le peuple Vandale fut ensuite assimilé par le peuple Byzantin, notamment au sein de l'armée.
L'héritage des Vandales est assez peu important. Mis à part quelques noms de lieux (la Vandalousie est devenue l'Andalousie, par le biais de l'Arabe Al Andalus), c'est surtout dans le vocabulaire que l'héritage est le plus évident. Dans de nombreuses langues, le qualificatif de vandale a une connotation de terreur, de destruction aveugle, de pillage, de saccage.
Poussés sans doute par d'autres peuples migrants, les Suèves quittent la rive orientale de l'Elbe au Ier siècle avant notre ère. Ils forment un peuple disparate comportant différentes tribus dont celles des Quades, des Semnons et des Marcomans nous ont laissé leur nom. Leur route vers le sud-ouest les amena aux abords de la Gaule dont César les éloigna en 58 av JC. C'est sur la rive orientale du Rhin qu'ils se fixèrent, dans une région qui leur devra de s'appeler Souabe.
En 406, lors des grandes invasions barbares dans l'empire Romain (Ostrogoths, Wisigoths, Alains, Vandales, etc., talonnés par les Huns), de nouvelles pressions migratoires les poussent à passer le Rhin et à poursuivre leur route jusqu'en Espagne où ils rattrapent les Vandales. Repoussés, ils poursuivent jusqu'en Galice où ils fondent un royaume éphémère que les Wisigoths annexeront en 585.
Peuple Germanique du rameau Ostique ayant participé aux migrations et invasions de la fin de l'Antiquité, période durant laquelle ils s'établissent durablement en Gaule.
Au terme de migrations en Germanie et sur le plateau bavarois, les Burgondes ont un royaume près de Worms au début du Vème siècle. Pris entre les Alamans au sud et les Francs au nord, ils restent en Rhénanie une trentaine d'années.
Convertis au christianisme orthodoxe (catholicisme), puis à l'arianisme, ils rompent avec les Romains et se heurtent au général Aetius qui les défait. Une partie d'entre eux traverse alors le Rhin pour se mettre au service d'Attila, tandis que les autres, bien que vaincus, se voient intégrés comme auxiliaires de l'armée Romaine et reçoivent le droit de s'établir en Savoie (la Sapaudia, ce qui signifie pays des sapins, couvrait vraisemblablement les territoires frontière entre les Alpes et le Jura).
Vers 500, les Burgondes ont étendu leur royaume vers l'Ouest et ce dernier est centré sur le Lyonnais et sur le Dauphiné. Leur roi, Gondebaud, a su éliminer ses trois frères pour concentrer le pouvoir entre ses mains. En plus de faire rédiger un recueil de lois Romaines (la Loi Gombette) et d'avoir régné lors de l'apogée du royaume Burgonde, il est aussi connu comme l'oncle de l'épouse catholique de Clovis, Clothilde. Son fils Sigismond abandonne l'arianisme et retourne au catholicisme. Pour consolider la foi de son peuple, il fonda en 515 l'Abbaye de Saint-Maurice d'Agaune et en fit un lieu de pèlerinage.
En 534, le royaume des Burgondes est finalement annexé par les Francs Mérovingiens.
Au Moyen Âge, la Bourgogne perpétue, par son nom, le souvenir de ce premier royaume même si ses origines directes sont beaucoup plus tardives.
Appelé aussi Alémans étaient un ensemble de tribus Germaniques établies d'abord sur le cours moyen et inférieur de l'Elbe puis le long du Main où ils furent mentionnés pour la première fois par Dion Cassius en 213.
Selon Asinius Quadratus, leur nom, qui signifie tous les hommes, indiquent qu'ils étaient un regroupement de diverses tribus. Il ne fait toutefois peu de doute que les anciens Hermundures formaient le gros de la nation. Les tribus qui firent probablement partie des Alamans sont entre autres les Hermundures (Hermions), les Juthunges, les Bucinobantes, les Lentienses, les Semmons, les Quades et les Teutons. À partir du IVème siècle, on entend aussi parler des Suèves. Les Hermundures firent probablement partie des Suèves. Plus tard, les noms de Alamans et Suèves semble avoir été synonyme, bien que les Suèves se déplacèrent en Espagne où ils établirent un royaume indépendant qui dura jusqu'au VIème siècle.
Les Alamans étaient continuellement en conflit avec l'Empire Romain. En 268, ils lancèrent une invasion majeure dans le nord de l'Italie, là où les Romains avaient été forcé de retirer une grande partie de leurs troupes en réponse à l'invasion des Wisigoths. Au début de l'été, l'empereur Gallien arrêta leur avance en Italie, mais ensuite dut faire face aux Goths. Quand, en septembre, la campagne des Goths se termina par la victoire des Romains à la bataille de Naissus, le successeur de Gallien, Claude le Gothique, retourna dans le Nord pour s'occuper des Alamans qui commençaient à occuper toute l'Italie au Nord du Pô.
Après que des efforts pour arriver à une retraite pacifique échouèrent, en novembre Claude força les Alamans à se battre lors de la bataille du lac de Garde. Les Alamans furent battus et forcés à retourner en Germanie où pendant de nombreuses années ils ne furent plus une menace pour les Romains.
Leur plus célèbre bataille contre les Romains eut lieu à Strasbourg en 357. Ils furent battus par l'empereur Julien l'Apostat et leur roi Chonodomarius fut pris prisonnier. Le 2 janvier 366, les Alamans franchirent en grand nombre le Rhin gelé, afin d'envahir l'empire Romain.
Au début du Vème siècle, il semble que les Alamans franchirent le Rhin et conquirent puis s'installèrent dans ce qui est maintenant l'Alsace et une grande partie de la Suisse. Leur royaume dura jusqu'en 496, quand il fut conquit par Clovis Ier à la bataille de Tolbiac. Ils acceptèrent la suzeraineté des Francs et leur royaume devint le duché d'Alémanie.
Au Ier siècle, des tribus installées sur la rive droite du Rhin inférieur opéraient des raids maritimes et terrestres dans l'Empire Romain. Ces tribus ne formaient pas encore un peuple, avec ses caractères ethniques, son histoire et ses coutumes.
Au IIIe siècle, certaines de ces peuplades s'unirent contre les Romains pour former une ligue de guerriers que l'on appela les «Franci». Leurs expéditions dévastatrices en Gaule (en 258 et 276) provoquèrent une crise très profonde, que les Romains surmontèrent difficilement.
Cependant, à la fin du IIIe siècle, les tribus franques, vaincues par l'empereur Maximien, furent installées par les Romains sur la rive gauche du Rhin et soumises au paiement d'un tribut, tandis que les autres groupes continuaient à vivre indépendants au-delà du limes, la frontière fortifiée qui défendait l'Empire.
Au IV e siècle, l'Empire romain, partagé et affaibli, se trouva menacé par les Barbares, et l'armée avait de plus en plus recours à ceux de ces peuples déjà installés sur le territoire. Certains Francs accédèrent ainsi aux postes les plus élevés de la hiérarchie militaire romaine. Les Francs Saliens (installés à l'ouest dans ce qui est aujourd'hui la région de l'Overijssel, aux Pays-Bas), et les Francs rhénans, à l'est, devinrent des peuples fédérés, c'est-à-dire entretenus en échange d'un service militaire accompli sous la conduite de leurs roitelets tribaux.
Lors de la grande invasion des Vandales en 406-407, les Francs défendirent, aux côtés des armées romaines, le limes rhénan contre les vagues de Germains poussés vers l'ouest par l'avancée des Huns. Ils contribuèrent notablement à la défaite d' Attila à la bataille des champs Catalauniques, en 451. En même temps, ils opérèrent une lente descente vers le sud, occupant la Belgique actuelle, le nord de la France ainsi que des villes romaines, comme Tournai ou Cambrai à l'ouest, Cologne ou Trèves à l'est.
Lorsqu'en 481 Clovis succéda à son père Childéric, il n'y avait plus d'empereur romain en Occident, et la Gaule était presque entièrement aux mains des Barbares. Burgondes et Wisigoths avaient fondé dans la vallée du Rhône et dans la Gaule méridionale deux puissants royaumes qui semblaient prêts à étendre leur hégémonie sur l'ensemble du pays. Au nord de la Somme, les Francs Saliens restaient divisés, et les Francs rhénans étaient menacés à l'est par les Alamans.
Pendant son long règne, Clovis étendit sa domination sur une grande partie de la Gaule, battant le Romain Syagrius, l'emportant sur les Wisigoths repousant même ces derniers en Espagne après sa victoire après la bataille de Vouillé, ainsi que les Alamans. A la fin de sa vie, après avoir éliminé ses anciens alliés, il rassembla tous les Francs sous son autorité. Les guerriers francs, réputés pour leur bravoure et la qualité de leur armement, furent servis par l'intelligence retorse de leur roi. Clovis, roi païen, comprit quel parti il pouvait tirer de l'appui des Gallo-Romains catholiques face aux Burgondes et aux Wisigoths ariens, c'est-à-dire adeptes d'une forme schismatique de christianisme. Il se convertit donc au catholicisme, et ses conquêtes furent facilitées par les évêques. A sa mort, le royaume franc s'étendait des Pyrénées à la Weser, de la Bretagne à la Bourgogne, non comprises.
Le peuple des Angles (latin gens anglorum), qui donne son nom aux Anglais et à l’Angleterre, est une peuplade germanique probablement originaire des régions cotières s’étendant entre la Hollande actuelle et le sud de l’actuelle péninsule du Danemark correspondant à l’actuelle Frise. Les Angles s’installèrent durablement en Grande-Bretagne dès le Ve siècle.
D’autres tribus suivirent un autre chemin ; on en trouve trace en Poitou, où ils s’installèrent à Angles-sur-l’Anglin, village qui a gardé leur nom, ainsi que la rivière qui passe à ses pieds.
L’origine géographique exacte des Angles est inconnue. Leurs territoires ancestraux sont cependant situés sur les rives de la Baltique, entre la Hollande actuelle (la Frise du haut Moyen Âge) et le Danemark.
Ces mercenaires, ou ces envahisseurs païens s’établirent dans l’île de Bretagne et bâtirent leurs royaumes par la force au détriment des royaumes bretons. Le retrait des troupes romaines avait laissés ces derniers sans défense, ce qui fut probablement la cause première de l’arrivée des Angles. Dès 410, en effet, les sources latines mentionnent la présence de pirates frisons en Mer du nord et dans la Manche, mais il semble que leur immigration massive n’ait débuté que dans les années 430.
Les Saxons sont un peuple germanique, rattaché sur le plan ethnolinguistique au rameau westique. Ils sont mentionnés pour la première fois par l’astronome et géographe égyptien Claude Ptolémée au IIe siècle de notre ère. Il situe alors leurs terres dans le Jutland, ce qui correspond à peu près à l’actuel Schleswig-Holstein d’où ils semblent s’être étendus au sud et à l’ouest.
Les Saxons sont aussi un peuple germanique situé sur le littoral de la mer du Nord allant du Jütland à l’embouchure du Rhin. Leur origine s’apparente aux Chauques, eux-mêmes issus des Ingvaeones. Cités par les sources romaines pour la première fois au II°s apr. J.-C. qui localisaient les Saxons au Holstein, ce peuple germanique s’étendit au III°s jusqu’au fleuve Weser et engloba la Basse Saxe. Ils se distinguèrent alors par leurs actions de piraterie qui écumaient les rives de la Grande-Bretagne et des côtes de l’Atlantique. En 286, le général Carausius fut chargé de mettre un terme à cette piraterie et de protéger la Manche en bloquant son accès par la création d’un système militaire défensif, le Litus saxonicum qui ne fut percé qu’en 364. Ceci n’empêcha pas les Saxons de migrer le long de la côtes de la mer du Nord jusqu’en Flandres tout en lançant divers raids ponctuels.
Combattus par le roi franc Childéric Ier alors qu’ils menaçaient la Gaule et arrivaient jusqu’à Orléans, ils se tournèrent ensuite contre la Grande-Bretagne abandonnée par l’armée romaine dès 407. Ils envahirent rapidement cette proie facile et fondèrent plusieurs royaumes sur l’île. Par la suite, tout au long des règnes des rois mérovingiens, ils n’eurent qu’un rôle épisodique scandé par des incursions et des raids jusqu’au VIII° siècle. Si Thierry Ier puis Clotaire Ier attaquèrent la Saxe et imposèrent leur domination dès 555, les Saxons se révoltèrent et reprirent leur indépendance par la suite. Clotaire II remporta alors contre eux une brillante victoire mais il se contenta de leur imposer le versement d’un tribut. Enfin, Dagobert Ier utilisa les Saxons situés en Germanie pour arrêter les attaques des Wendes, un peuple Slave.
Les Saxons demeurent un peuple insoumis au pouvoir franc. En 690, les Saxons s’emparèrent du pays des Bructères, foyer originel des Francs avant leur expansion en Gaule. Pourtant, le maire du palais Ragenfred s’allia avec eux contre Charles Martel mais ce dernier lança une grande expédition qui atteignit la Weser afin de mater provisoirement ce redoutable peuple.
Quelques populations saxonnes parvinrent à s’établir en Gaule notamment autour de l’embouchure de la Meuse, au Bessin et au Boulonnais, en Calvados et même en Charente. Certains, suivant la migration lombarde, s’établirent en Italie du Nord d’où ils lancèrent une attaque contre les Francs en 572 contre Nice avant d’être défait à Estoublon par le duc Mummole.
Une partie d’entre eux, ainsi que des Angles, des Jutes et des Frisons, envahirent la Grande-Bretagne au début du Moyen Âge.
La langue des Saxons donna naissance au Old English le vieil anglais, et se prolonge aujourd’hui encore dans le dialecte bas-saxon.
Peuple germanique de la mer du Nord localisé aux premiers siècles de l’ère chrétienne dans la partie méridionale de la péninsule du Jutland (Danemark) auquel ils ont donné leur nom.
A partir du milieu du Ve siècle, certains d’entre eux s’enrôlent comme mercenaires au service des chefs bretons de Grande Bretagne. Ils s’installent dans le Kent, où selon la tradition leurs chefs Hengist et Horsa d’abord au service du roi breton Vortigern, se révoltent et fondent un royaume, et dans l’île de Wight.
Les Jutes restés au Jutland se confondent ensuite avec les Danois, dans la mouvance des Vikings.
Le nom Pictes, peut-être formé à partir d’une épithète latine, signifierait littéralement « hommes peints » (entre autres, selon Bède le Vénérable). Il fut attribué par les Britto-romains, puis par les Anglo-Saxons aux habitants des basses terres de l’Écosse actuelle pour une période allant du IIIe siècle jusqu’au milieu du IXe siècle environ. Les Pictes correspondaient ainsi vraisemblablement aux Caledonii mentionnés par le conquérant romain Agricola en 80.
Le nom « Pictes » évoque les relations belliqueuses qu’eurent les tribus établies au-delà du mur d’Hadrien avec Rome, puisque les peintures auxquelles ce qualificatif fait allusion étaient vraisemblablement des peintures de guerre.
Les Lombards (Langobardi en latin puis Lombardi par déformation après le VIIIe siècle sauf en Italie méridionale qui conserve le nom de Langobardi jusqu’au XIIe siècle) étaient un peuple germanique venu de la baltique, appartenant plus précisément au groupe des Germains de l’Elbe mais originaire de Scandinavie méridionale selon leur propre tradition orale rapportée par leur historien Paul Diacre à la fin du VIIIe siècle. Ce peuple, sous la conduite de leur roi Alboïn, envahit l’Italie du Nord à partir du début de l’an 568.
Les Lombards (ou plus exactement, Langobards) sont connus depuis bien longtemps par les Romains: en effet, en -98, l’historien Tacite les mentionne déjà dans son ouvrage sur les Germains, Germania. Pourtant, les Lombards restent plusieurs siècles dans l’ombre et leur histoire antérieur au Ve siècle est très mal connue voir méconnue. Le peuple lombard ne participe pas au invasions et migrations barbares des IVe siècle et Ve siècle.
Leur propre tradition orale tardive (l’Origo Gentis Langobardorum) décrit comment les Lombards quittèrent leur Scandinavie, dirigés par deux chefs frères, Ibor et Agio, et comment il s’établirent en Europe centrale.
Au Ier siècle, les Lombards sont établis sur le cours inférieur de l’Elbe où ils affrontent l’empereur Tibère. Au siècle suivant, ils gagnent le cours moyen du Danube. Ainsi, en 167, ils sont présents en Pannonie où ils demeurèrent ensuite plusieurs siècles. Vers la fin du Ve siècle, en effet, ils obtiennent dans cette région un traité de l’empereur Justinien, devenant ainsi des fédérés de Rome. De nombreux guerriers Lombards serviront à partir de l’an 551, comme mercenaires dans la péninsule italienne contre les Ostrogoths.
De Pannonie, ils détruisent le petit royaume hérule vers 505 puis ils occupent la province romaine de Pannonie première (peut-être en 527) enfin la Pannonie seconde à partir de 547. S’alliant aux redoutables cavaliers Avars, un peuple de la steppe nouveau venu dans la région, ils battent sévèrement les Gépides qui tentent d’étendre leur royaume (v. 567). Une partie des Gépides s’unissent aux Lombards et les suivront en Italie où ils conserveront durant un certain temps leurs propres lois. Á partir du milieu du VIe siècle, il semble que certains Lombards se sont convertis au christianisme tandis que parallèlement, ils sont touchés par l’arianisme (issus d’Ostrogoths d’Italie ?). En tout cas, l’immense majorité des Lombards sont encore païens.
Selon les sources, leur roi Alboïn passe ensuite un accord avec le khagan avar : durant 200 ans, les Lombards pourront retourner en Pannonie et retrouver leur territoire. L’ensemble des Lombards, accompagnés de Gépides, mais également de bandes saxonnes, hérules et même avares, se mettent alors en route pour l’Italie où la destruction du royaume du grand Théodoric avait surtout créée un véritable vide politique, militaire et même administratif : près de 25 années de lutte acharnée entre Byzantins et Ostrogoths avaient mit la riche Italie en ruine et la reconquête justinienne s’avérait fragile.
Pillage de Rome Par Alaric roi des Wisigoths en Août 410
.Stilicon (Flavius), général romain du Bas-Empire, mort en 408 ap. J.-C. Comme la plupart des généraux de la fin de l'empire romain, Stilicon était d'origine barbare; de naissance il était Vandales. Il fit preuve sous le règne d'Honorius de grands talents militaires; il déploya même des qualités d'homme d'État. Premier ministre de cet empereur et commandant en chef des armées de l'empire d'occident, il lutta, non sans énergie ni succès, contre les Wisigoths et leur chef Alaric.
Persuadé par son entourage que Stilicon complote contre lui, Honorius le fait assassiner le 22 août 408.