L’armée romaine sous la république
Le recrutement.
L’armée englobe tous les citoyens, c’est-à-dire les petits propriétaires, qui ont les moyens de s'acheter leur équipement de légionnaires. Donc, tout citoyen, c.-à-d. tout patricien, est par le fait même, de sa naissance soldat, et doit servir en temps de guerre. Excepté les prolétaires.
Le recrutement se fait par tirage au sort parmi les mobilisables. Les volontaires sont acceptés en supplément. Lorsque la patrie est en danger (tumultus), on opère la levée en masse de tous les citoyens mobilisables, sans distinction.
Ils étaient répartis en :
- Juniores : 17 à 46 ans : troupes de campagne.
- Seniores : 46 à 60 ans : troupes de l’armée territoriale ; ils forment les « legiones urbanae ».
L’armée est organisée à chaque printemps (au mois de mars : nécessité de pouvoir trouver sur place la nourriture (pâturages, foin) des bêtes (cavalerie, transport) ou des troupes (moissons pour le blé) pour être licenciée en automne.
Au jour fixé par l'édit des consuls annonçant la levée, tous les citoyens valides en âge de porter les armes (la levée immédiate ne visait d'ailleurs que les juniores) se réunissaient sur le Capitole. On commençait par trier ceux qui devaient servir comme cavaliers légionnaires, puis on choisissait les fantassins, en tirant au sort les noms des citoyens jusqu'à ce que l'effectif décidé fût réalisé. Chaque citoyen choisi pour servir (dilectus) prêtait serment séparé (sacramentum) devant le consul. C'est un vieux soldat qui le prononce, les autres se bornant à dire "Idem in me" (pareil pour moi). Après le serment il y a une revue des troupes et des sacrifices.
C'était ce qu'on appelait la levée régulière (legitimus dilectus).
En cas de danger de la patrie, de tumultus, on procédait autrement : il y avait levée en masse, ou conjuratio; il n'y avait ni tirage ni triage ni serment individuel. On faisait appel à tous les citoyens et on les inscrivait pêle-mêle dans l'ordre où ils se présentaient; puis on les faisait prêter serment en masse, d'où le nom de conjuratio
Le consul était seul juge des cas de réforme ou d'exemption : et il y avait des peines sévères contre ceux qui ne, répondaient pas à l'appel de leur nom.
Motifs d’exemption : sacerdoces, maladie, invalidité.
Après Marius, l'armée romaine accepte les prolétaires (ceux qui ne possèdent rien jusque-là chômeurs). Les engagements volontaires deviennent de plus en plus nombreux. Les pauvres font du du service militaire un métier, en se rengageant régulièrement. Ainsi, l'armée romaine devient permanente, mais elle est plus dévouée à son général qu'à l'état.
Le danger de cette situation nouvelle est que les soldats deviennent en quelque sorte des « mercenaires » se vouant corps et âme à leur général, prêts à le suivre dans tout ce qu’il entreprend, même si c’est aux dépens de l’Etat. Quand César, après la guerre des Gaules, décidera de marcher contre Rome, ses hommes le suivront.
La durée du service est de 20 ans dans l’infanterie de 10 ans dans la cavalerie et de 26 ans dans la marine.
La légion.
Sous Romulus
Au temps de Romulus, dit la tradition, l'armée se composait de 3000 fantassins (milites) et de 300 cavaliers (celeres ou equites), fournis par les trois tribus dont se composait la cité (Ramnes, Titii, Luceres); elle était subdivisée en trois troupes de 1000 milites et de 100 celeres, chaque troupe ne renfermant que des soldats de la même tribu de cette manière, l'armée présentait comme l'image en raccourci de la cité romaine. Chaque troupe était commandée par "un homme de la tribu", un tribunus. La cavalerie avait son chef spécial, le tribunus celerum (quoique la question du tribunus celerum n'ait pu être encore résolue par les érudits). L'armée tout entière était commandée par le chef de la cité, le roi. Le nombre d'effectifs fut remanié pas les rois suivants notamment le nombre de cavaliers qui passa à 1800.
L'armée romaine s'est au départ largement inspiré des étrusque dominateurs de l'Italie centrale, (ils ont donné trois rois successifs à Rome). Les étrusques organisaient leur armée sous forme de phalange hoplitique (originaire Grèce, Macédoine). Il s'agissait d'une formation de fantassins lourdement armés en rangs serrés. Les fantassins étaient armés d'un casque, d'une cuirasse, de jambières (ces 3 éléments étaient en bronze), d'une lance et d'une épée, mais également d'un bouclier rond qui protégeait à la fois le côté gauche de celui qui le portait et le côté droit de son voisin de gauche.
En 390 av. J.-C., suite à la défaite des phalanges romaines héritées des étrusques faces au Gaulois (390 av. J.-C, Rome est pillée par les Gaulois), et à cause du manque de flexibilité de la phalange, les Romains mettent en place des nouvelles unités tactiques copiées sur les unités samnites, qui pouvaient agir plus indépendamment les unes des autres, les manipules. Ce fut progressivement la fin de la phalange remplacée par des unités plus légères et plus mobiles. L'armée romaine que nous connaissons aujourd'hui.
Les grand réformateurs furent Servus Tullius, Camille et surtout Marius qui modifièrent l'armée durant l'accroissement de Rome en royauté, république puis Empire.
Sous la république
L’armée romaine se compose de plusieurs légions ayant chacune un numéro (la quatrième, la douzième…) et, pour étendard, un aigle : « aquila » en bronze argenté, d’un poids de 4 kg.
Le nombre des légions variant suivant les campagnes
- Toutes les légions sont commandées par le général en chef : le consul ou le préteur. En campagne, il peut charger temporairement de missions un de ses aides de camp les « legati » (legatus, légat) pour le commandement de la cavalerie ou même d'une légion entière.
- Composée, en principe, de 4800 hommes. En fait, les légions de César se composaient d’environ 4000 hommes.
- Un quartier général est adjoint au consul, il s'agit de ses aides de camp et de ses gardes d'honneur.
En cas de pertes, pour ne pas briser l’esprit de corps qui devait régner au sein du groupe, les effectifs n’étaient pas renouvelés ; de toute façon, en compensation, la valeur combative et la fidélité de la légion à son aigle ne faisaient que croître.
Organisation :
- La Légion est divisée en 10 cohortes de 480 hommes. Unité tactique, la cohorte n’a pas d’étendard.
- La cohorte est divisée en 3 manipules de 160 hommes chacun.
- Le manipule est formé de 2 centuries de 80 hommes chacune (qui en principe étaient au nombre de cent, d'où leur nom).
L’étendard du manipule est le « signum » : l’enseigne. Il s’agit d’une hampe surmontée d’une barre transversale et d’une main étendue, d’une statuette ou de tout autre motif. Au-dessous sont placés des disques en métal, des croissants, des houppes et d’autres ornements.
Commandement:
- Une légion est commandée par des officiers supérieurs : les tribuns militaires : « tribuni militum » et des officiers subalternes : les centurions.
Les Tribuns militaires :
- sont directrement Sous les ordres du général.
- Les tribuns militaires sont 6 par légion, ils commandent chacun dix centuries et par roulement la légion entière.
- Les tribuns de rang sénatorial sont dit laticlavi, les autres angusticlavi.
Les centurions:
- Sous les ordres des tribuns militaires se trouvent 60 centurions,
- Ce sont des officiers subalternes. Ils sont deux par manipule, le premier commande sa centurie et celle de son collègue, qui la commande en second.
- Les centurions commandent une centurie.
Ils sont les braves d’entre les braves, l’épine dorsale, l’âme de la légion. Leur vigueur et leurs cicatrices forcent l’admiration des soldats.
Ils constituent toute une hiérarchie, pouvant passer de 6ème centurion de la 10ème cohorte au grande de centurion de la 1ère centurie de la 1ère cohorte ou centurion primipile. Pour y accéder, ils sont prêts à courir tous les risques, et ce désir les rend si intrépides qu’un seul d’entre eux est plus redoutable au combat que plusieurs légionnaires ensemble.
Les sous-officiers (principales)
sont aux ordres des centurions. Les sous-officiers comprennent:
- l'optiones (adjudant, il y en a un par centuries),
- le porte enseigne (signiferi),
- les instructeurs (campidoctores),
- et les préposés aux fournitures (pecuarii).
En dessous des sous-officiers se trouvent les soldats de troupes : les « miles », il y en a deux types:
les « immunes » (soldats de première classe qui sont exempts de corvée) et les « munifices » (soldats de deuxième classe). Les soldats ne peuvent pas dépasser le grade de centurion.
Les Cavaliers :
La cavalerie est désignée sous le nom d' d'« alae », parce que sa place dans l'ordre de bataille était sur les ailes, elle formait 10 turmae (turne, escadrons), commandés par un préfet, composées de 30 hommes chacune, et la turme se subdivisait elle-même en 3 décuries commandée par un décurion.
L’enseigne de la cavalerie est le « vexillum ».
L'artillerie et le génie sont sous les ordres d'un praefectus fabrum.
Les autres :
Au contingent légionnaire s'ajoutent des contingents d'infanteries réquisitionnées chez les alliés italiens, en vertu du traité d'alliance. Parfois, ils peuvent fournir jusqu'à la moitié de l'effectif total. En campagne, des troupes dites auxiliaires (auxillias) formées de population extra italique, renforcent l'armée romaine. Ce sont des troupes légères recrutées sur place où fournissant des corps spéciaux : archers crétois frondeurs des Baléares etc... Sous l'Empire ils seront un veritable corps d'armée renforaçant les effectifs qui manquent à la Légion.
Equipement du légionnaire.
Au début de la république, l'état ne distribue ni armes ni vêtements. Chacun s'équipe selon sa fortune.
La tenue ainsi que l’équipement ont évolué au fil du temps. Le légionnaire de l’époque républicaine se distingue de celui de l’époque impériale.
En effet, les premiers légionnaires portaient un long bouclier et combattait nu-pied. Son casque et sa cuirasse étaient par contre déjà bien romains. Il était armé d’une lance et d’une épée.
L'équipement du légionnaire a bien entendu évolué par la suite...
Habillement.
- Sous-vêtements en lin : slip et chemisette ; tunique de laine à manches courtes qui descendait presque jusqu’aux genoux (tunica militaris).
Dans les pays froids, pantalons ou braies (bracae) à l’instar des Barbares.
- Cape courte, en bure (grosse étoffe de laine), qui servait aussi de couverture (sagum ou sagulum) manteau de laine descendant jusqu'aux genoux et attaché sur l'épaule droite au moyen d'une fibula (agrafe). Les Romains avaient emprunté ce vêtement aux Gaulois.
- une paenula, imperméable avec capuchon qui par mauvais temps, remplaçait le sagum.
- Sandales cloutées (« caligae »), espèce de bottines, consistant en une triple semelle en cuir. Deux courroies, attachées à la deuxième semelle, s'enroulaient autour de la cheville et du mollet et fixaient ainsi la caliga au pied. Les semelles étaient cloutées. Elles étaient aussi importantes que l'armure car les légions gagnaient autant les batailles par la rapidité de leurs mouvements que par leur aptitude aux combats.
Armes défensives.
- Casque (« galea ») avec protège-joues en bronze. En fer sous l’empire. Ils ont été conçus pour protéger sans gêner la vue et l'ouïe. Les casques étaient souvent décorés de clous émaillés.
- Cuirasse (lorica)., il faut différencier 3 différents type de Cuirasse:
- La lorica squamata, la côte de maille d'écaille, broignes ou des corselets d’écailles dont l’apparence fait penser à une peau écailleuse.
- La lorica hamata , côte de maille empruntée aux Gaulois d’un poids d’une dizaine de kilos (beaucoup utilisée par les cavaliers).
- La lorica segmentata (la cuirasse articulée),la plus connue, elle est composée de bandes de métal maintenues à l'intérieur par des courroies de cuir. Très souple, son poids obligeait les soldats à s'entraider pour l'enfiler. Elle offre l'avantage d'être légère, souple et plus résistante aux coups.
- une cingulum militare (ou Balteus), un ceinturon. Il était toujours porté avec la tunique et servait d'insigne au soldat. Le tablier, composé de lanières de cuir décorées, protégeait le bas-ventre. Le cliquetis métallique qu'il provoquait au cours des marches était un moyen d'intimider l'ennemi.
- Bouclier (« scutum ») oval ou rectangulaire d’environ 1.10 m à 1.20 de haut pour 50 à 70 cm de large, Il était très lourd puisqu’il était épais de 7 cm, constitué de lattes de bois entrecroisées et collées, recouvertes de cuir et renforcées de métal. Au centre se trouve l’umbo, une plaque de métal arrondie qui dévie les projectiles et empêche les flèches de se ficher dans le bois, également utile pour frapper l’ennemi dans les mêlées.
Armes offensives.
- l'Hasta (c'est une lance,pique, qui est réservée aux vétérans jusqu'à Marius)
- le javelot (« pilum » ) : 2.10 m (hampe de bois de 1.50 m et fer de 0.60 m). Portée : 30 m et même 60 lorsqu’il était lancée à l’aide d’une courroie. javelot de 2m de long qui se termine par un fer très long et très pointu. Lorsqu’il se plante dans le bouclier ou la cuirasse d’un ennemi, il se tord sous le choc. Même si un soldat n’est pas blessé à mort, il ne peut marcher, encombré par le javelot qui pend et traîne à terre.
- une fronde qui projette des balles de plomb très loin et très fort
- le glaive (« gladius ») : épée courte, d'origine espagnole, à lame pointue et à double tranchant pour frapper d’estoc et de taille. C'est une arme de combat redoutable, facile à manier au plus fort de la mêlée. Le manche pouvait être en bois, en os ou même en ivoire . Il se porte au ceinturon, du côté gauche pour les officiers, du côté droit pour les soldats.
- le poignard (« pugio ») passé au ceinturon, du côté opposé du glaive.
Les armes de cavalerie
- Le contus (c'est une lance légère, parfois utilisée comme javelot).
- Le parma (bouclier rond).
Les armes des unités légères
- le parma (bouclier rond),
- le galea (c'est un casque, en cuir).
- la funda (c'est une fronde d'une portée de 180 mètres).
- l'arcus (ou arc, les flèches sont longues de 60 cm.).
- Sac à effets divers.
- Gourde.
- Pot en bronze.
- Une meule à main en pierre (peut-être partagée par une contubernie) pour moudre son grain.
- Une marmite et une casserole en bronze.
- Des rations pour au moins trois jours dans un filet ( 1 à 1,5 kg de blé par jour consommé sous forme de pain, de biscuit, de galettes et de bouillie, 100 gr de lard, 30 gr de fromage, ½ litre de vin ; autre boisson : la « posca » : mélange d’eau et de vinaigre).
- Une sangle de cuir.
- Une chaîne.
- Un baluchon pour sa cape, ses vêtements de rechange, son nécessaire à raser et une trousse de premiers soins.
- Un dyptichon (pour ceux qui savent écrire!).
- Chaque soldat, dans les régions peu boisées, portait deux pieux servant à former la palissade d’enceinte du camp.
- Sorte de pioche (« dolabra ») à deux pointes : un tranchant horizontal pour piocher et un tranchant vertical faisant office de hache.
- Une pelle-pioche.
- Une pelle tranchante pour couper les mottes de gazon.
- Un panier pour le transport des déblais.
- Une scie.
- Une faucille.
Pour le transport.
Une potence, sorte de fourche en T, pour le port d’un barda (« sarcinae ») qui pesait environ 40 kg. Un véritable fardeau qu'il fallait porter sur l'épaule au moins trente kilomètres par jour.
Le service.
- La condition physique : course, saut en hauteur et en longueur, natation et marche :
parcours quotidien de 5 heures : 20 milles romains (29,440 km) au pas de marche (5,9 km/h) ou 24 milles (35,328 km) au pas de gymnastique (7,1 km/h) sans ou avec le barda. La marche représentait la corvée la plus dure dans la vie du soldat.
- Le maniement des armes sous la direction de centurions, de vétérans ou d’anciens entraîneurs de gladiateurs :
- du bouclier (en osier) et du glaive (en bois) contre un poteau de six pieds (1,77m), bouclier et glaive étant d’un poids double de celui de l’arme réelle pour former les muscles.
- du bouclier (en osier) et du glaive (en bois) contre un adversaire, bouclier et glaive étant d’un poids égal à celui de l’arme réelle.
- du javelot contre un poteau, le javelot, en bois, étant d’un poids double de celui de l’arme réelle.
- La préparation du camp : creusement et rebouchage de tranchées.
- Les manœuvres :
- Le légionnaire devait connaître sa place dans les rangs, et effectuer sans hésiter toutes les manœuvres pour passer d’une formation de combat à une autre.
- Les grandes manœuvres (« ambulatoriae ») sur le terrain avec armes, bagages et cavalerie.
- La « testudo » : la tortue.
- Les ordres.
Legio expedita! = garde à vous !
Signa inferre! = en avant !
Ad gladios! = aux armes
Praege! = marche !
Signa statuere! = halte !
Certo gradu! = au pas !
Concursu! = pas de charge !
Incitato gradu! = pas de gymnastique !
La solde.
La solde, au début de la guerre des Gaules, était, pour le soldat, de 5 as par jour (le double pour le centurion), salaire de misère (moins de la moitié de celui d’un petit artisan) sur lequel étaient encore effectuées des retenues pour les armes, les vêtements et les tentes. César doubla la solde ce qui permit aux légionnaires de vivre passablement en économisant les 2/7 de leur solde.
Le butin (argent, cheptel, biens mobiliers divers, surtout prisonniers vendus comme esclaves) pouvait constituer une prime importante et était partagé selon les règles. Des marchands accompagnant les légions rachetaient ces biens pour les vendre à leur tour.
Comme récompense, les vétérans, à la fin de leur service, reçevaient des médailles, des couronnes, des sommes d’argent, des terres à cultiver.
Cette distribution de terres n’était pas une solution heureuse, car, pour leur donner ces terres, il fallait les enlever à leurs propriétaires. Comme ces anciens soldats étaient loin d’être des paysans dans l’âme, ils négligeaient le bien qu’ils avaient reçu. Ainsi s’explique, en partie, la raréfaction des terres de culture en Italie et sa dépendance de plus en plus prononcée vis-à-vis des provinces en matière d’approvisionnement en blé.
Les punitions.
- Privation de solde et de butin.
- Rétrogradation.
- Dégradation.
- Congé infamant.
- Flagellation en face de la centurie, cohorte ou légion.
- Tabassage public violent qui entraînait souvent la mort. Les survivants étaient bannis de Rome.
- Punition collective : Décimation Une peine appliquée à toute une unité (légion, cohorte) qui était jugée responsable d'une défaite.
La décimation est un châtiment de la Rome antique.
Ce terme vient du latin du latin decimare, lui-même dérivé de decem, « dix ».
Les Romains pratiquaient la décimation lors des défaites de leurs propres armées. En cas de défaite grave, la sentence pouvait être cruelle : un légionnaire sur dix était exécuté parmi les survivants, l'objectif étant de punir la légion, qui était jugée collectivement responsable de la défaite. Les légionnaires devant être punis étaient divisés en groupes d'un dixième de leur nombre total. Chaque soldat piochait un "papier", et ceux sur qui le sort tombait étaient battus à mort ou lapidés par leurs camarades. Ceux-ci étaient ensuite nourris d'orge à la place de blé, et forcés de dormir hors du camp et de renier le sacramentum (serment).
Les punis étant tirés au sort, chaque soldat-citoyen, quel que soit son rang, pouvait être exécuté de la sorte. Ceci inspirait une grande peur dans les légions romaines. Les premiers documents relatant une décimation datent de 471 av. J.-C. ; Elle fut utilisée notamment dans la troisième guerre servile, contre Spartacus, par Crassus. La pratique a subsisté tout au long de la République.
Cependant, il faut noter que ce châtiment ne fut pas utilisé à outrance, car il affaiblissait grandement les armées.
- Décapitation.
La légion en marche.
La discipline et l’entraînement des légions se manifestent également dans les déplacements, et notamment dans les cadences de marche. La cadence normale est de 5 kilomètres en une heure, puis 10 minutes de pause. Cette cadence est maintenue pendant 5 à 7 heures de marche par jour. Il existe aussi une cadence accélérée à 7,2 kilomètres en 50 minutes, maintenue parfois pendant plusieurs heures (8 ou 9 exceptionnellement), en cas d’urgence (pour aller porter secours à une autre légion).
Cette rapidité de déplacement (inégalée jusqu'à la Révolution française) permet de réunir deux fois plus de troupes que l'ennemi en un endroit déterminé, avant qu'il puisse réagir.
Sous l’Empire, cette cadence est possible grâce à un entraînement ayant lieu au moins trois fois par mois, à date fixe (quel que soit le temps). Tous les militaires se chargent de tout l’équipement réglementaire (jusqu’à 40 kilogrammes) et font, via des itinéraires accidentés, une quarantaine de kilomètres, en alternant les deux cadences.
L’avant-garde proprement dite est composée de cavalerie. Puis viennent les légions suivies chacune de leurs bagages (« impedimenta ») : objets de campement, tentes, provision de javelots, avoir personnel des soldats. Le transport de tout cela exige 1000 à 1500 bêtes de somme ou de trait.
La colonne est fermée par les bagages de l’armée : l’avoir personnel du général et des officiers supérieurs, les finances de l’armée, les provisions de vivres, des articles de ménage, des forges de campagne, l’artillerie …
En pays ennemi, les légions suivent sans bagages ; ceux-ci viennent en arrière sous la garde d’une ou de deux légions. La légion est alors dite « expedita ».
Le camp (« castra »).
A l’issue de l’étape, vers midi, débute la construction du camp pour la nuit.
Des éclaireurs à cheval ont précédé l’armée pour éviter les embuscades et choisir l’emplacement : de préférence une colline en pente douce (ce qui facilite le refoulement de l’ennemi en cas d’attaque) à proximité de l’eau, du bois (pour la palissade) et du fourrage
(pâturages pour les bêtes, moisson pour le blé).
Quand l’armée arrive, des drapeaux indiquent l’emplacement où chaque division de l’armée doit déposer ses bagages. C’est à cet emplacement que la tente du soldat sera dressée.
Une moitié de chaque centurie procède aux travaux de terrassement pendant que l’autre moitié et la cavalerie assurent la protection. En quelques heures surgit une place forte en miniature avec ses fossés, ses remparts, ses portes et ses tours. Un camp de deux légions occupe 45 hectares (550 m x 800 m).
Dans le camp, une centurie dont le sait, comporte 80 hommes, est formée de 10 contubernies (contuberniums) (groupement par tente) de 8 hommes chacune.
Les camps d’hiver (« hiberna»).
Les campagnes militaires, en raison du climat, de la difficulté du ravitaillement et du manque de pâtures, sont interrompues en hiver. On construit donc, avec la même disposition que les camps d’été, des camps d’hiver avec des défenses renforcées et, à la place des tentes, des constructions adaptées au climat et aux matériaux locaux (par exemple, en Gaule, des huttes en chaume de style gaulois).
Les troupes pouvaient aussi hiverner dans une ville alliée ou dans une ville conquise dont les habitants avaient été massacrés, chassés ou vendus comme esclaves.
La Bataille
L'armée du roi SERVIUS TULLIUS (VIeme siècle avant JC) se présentait en phalange massive, sur 6 rangs de profondeur.
A partir de la réforme de l'armée du dictateur CAMILLE (IVeme siècle avant JC), la disposition se fait plus rationnelle, la bataille se livre sur de petits fronts. Les légionnaires sont rangés au coude à coude, les corps alliés flanquent les légions romaines et la cavalerie est aux 2 ailes, avec les éléments légers en avant.
Chaque légion en ordre de bataille se présente sur 3 lignes en quinconce, articulées en manipules. Les manipules, divisées en centuries, se présentent eux mêmes sur plusieurs rangs. Ils sont séparés les uns des autres par des intervalles égaux à leurs fronts, de sorte que chacun puisse effectuer un repli sans affecter l'ensemble du dispositif.
Le signal donné, les soldats lancent le javelot, puis on en vient au corps à corps. Les vétérans, en nombre 2 fois moins important que chacune des 2 lignes d'assaut, sont en position d'attente, le genou à terre. Ils ne sont engagés que si les 2 premières lignes ont été repoussées. Parfois, l'armée doit recourir à des formations savantes comme le cuneus (quelques braves entraînent une colonne, dont les rangs s'élargissent au point de former un angle aigu) ou l'orbis (les soldats font le cercle pour résister de tous les cotés).
A la fin de la république (fin du IIeme siècle avant JC et Ier siècle avant JC), alors que les campagnes militaires se déroulent sur des champs de bataille très différents les uns des autres, MARIUS puis CESAR, améliorent les techniques du combat légionnaire en les dégageant de la formation stéréotypée de la tactique manipulaire et en disposant leurs troupes en fonction des conditions géographiques. On se met à développer les attaques sur le coté et en encerclement, toute la légion n'est plus sur le champ de bataille, mais des troupes sont gardées en réserve à distance respectable. Enfin on fait de plus en plus souvent appel à des bataillons étrangers spécialisés comme les archers et les frondeurs qui permettent de déstabiliser l'ennemi. Pendant l'Empire, le rôle de la cavalerie dans les combats est renforcé, car les romains doivent affronter des ennemis réputés comme excellents cavaliers, tels les Barbares, les Parthes, les peuples d'Afrique et d'Asie.
C'est la raison pour laquelle, à partir du IIeme siècle, on voit apparaître dans la légion une cavalerie lourde dont les hommes portent une cuirasse comme les fantassins. Ces cuirassiers ou cataphracti constituent alors les ailes de la légion en ligne de combat.
Le siège d’une ville.
Lorsqu’il fallait prendre une place forte mal fortifiée, les légionnaires s’approchaient des remparts en formant des « tortues » tortues avec leurs boucliers et montaient à l’assaut des murs avec des échelles, ou ils essayaient d’enfoncer les portes.
Les places fortes mieux fortifiées, voire protégées par des escarpements ou des marais, devaient être soumises à un siège.
Pour s’approcher des murs, il fallait construire un « agger » : chaussée de siège très large et très dure faite de troncs d’arbres, de pierres et de terre, sur laquelle on pouvait faire rouler des tours d’assaut faites de plusieurs étages auxquels on accédait par des escaliers. A partir des étages supérieurs, les légionnaires lançaient leurs javelots, pendant que, au « rez-de-chaussée », leurs camarades attaquaient la muraille à coups de bélier.
Pendant les travaux, les soldats, protégés par des « plutei » : panneaux de protection montés sur roues et des « vineae » : baraques de protection montées sur roues et que l’on pouvait pousser en files pour constituer une galerie, étaient couverts par l’artillerie.
Les machines de siège sont multiples et sophistiquées, les principales pièces d'artilleries furent au départ isssue des techniques grecques, Macédoniennes plus precisément, comme la gastraphete (arc à ventre) ou l'oxybeles (tireur à mécanisme).
Les romains perfectionnèrent des machines de guerre, adaptées suivants les circonstances, le siège signifie la mise en place de moyens considérables et des règles savantes d'encerclement de la ville. Les machines de siège sont multiples et sophistiquées pour lancer des projectiles (dont le principe moteur est fourni par la torsion d'un faisceau de fibres), pierres ou traits.
- Le scorpion: Le scorpion est une sorte de gros arc, tirant un lourd javelot capable de causer de gros dommages. Il ne possède pas de roues et est difficile à déplacer. Par conséquent, il est surtout utilisé sur les navires de guerre, ou bien dans une fortification.
- La baliste: La baliste est une énorme arbalète montée sur une plate-forme de bois pourvue de 4 roues. La corde est tendue au moyen d'une manivelle, et le lourd javelot qui lui sert de projectile occasionne des dégâts nettement plus sérieux que le scorpion. Cette arme est également plus mobile, mais elle est plus chère et plus lourde.
- L'onagre: L'onagre est une machine de jet semblable à la catapulte, mais de dimensions plus réduites. Il est facilement transportable sur le champ de bataille. Il lance des projectiles à 30m de distance et à près de 40m de haut.
- La catapulte: La catapulte est la plus grosse machine de jet. Elle lance à grande distance des produits enflammés, des grosses pierres et des boulets de plomb de plus de 100 kilos. Elle se compose d'une poutre en bois portant à une extrémité une poche de peau dans laquelle est logé le projectile. De gros câbles qui s'enroulent sur une sorte de treuil, permettent d'abaisser cette poutre et de tendre la corde d'un arc placé au sommet de la machine. On lâche alors brusquement les câbles, la poutre vient buter contre une grosse barre et le projectile jaillit avec violence de la poche.
Les romains utilisent aussi des armes incendiaires destinées à faire brûler la cité en restant à l'extérieur.
L’armée et la religion.
Avant chaque bataille, le général consultait les dieux en prenant les auspices : recherche de la volonté des dieux par l’observation du vol des oiseaux ou de l’appétit des poulets sacrés. Il n’engageait le combat que si les auspices étaient favorables.
Après la victoire, les soldats remerciaient les dieux en érigeant des congères (rassemblement en tas des armes capturées) ou en élevant des trophées (décoration de troncs d’arbres ou de pieux avec des armes prises à l’ennemi).
Les enseignes, sont considérés comme l'âme même de la formation militaire et sont l'objet d'un véritable culte : jusquà Marius, chaque manipule à son signum (hampe terminée par un fer de lance). Chaque corps de cavalerie sont vexillum (fanion) dont le rôle est grand sur le champ de bataille. Marius donne à la légion un emblème commun: l'aigle (aquila) qu'il superpose aux signum des manipules.
Légende
Sous la République:
Le recrutement.
La légion.
Equipement du légionnaire.
Le service.
La solde.
Les punitions.
La légion en marche.
Le camp (« castra »).
La bataille.
Le siège d’une ville.
L’armée et la religion.
Sous l'Empire
Preface.
La composition de l’armée
La hiérarchie et le commandement.
La défense de l’Empire
Les armées.
Les menaces sur le limes.
L’évolution des armées.
Conséquences économiques et sociales.
Les causes de l’impuissance face aux invasions.
L’armée et le pouvoir.
L’évolution du recrutement.
La fortification des cités.
La Marine
Preface.
Construction.
Tactique navale.
Les différents navires romains.
Les équipages et l'encadrement.
Sous l'empire romain.
Organisation des flottes permanentes.
Les équipages et l'encadrement.
Sous le Bas-Empire.
Et la Marine
Les Romains n'ont fait progresser ni l'art des constructions (provenant des grecs de Grèce et des carthaginois) ni la stratégie navale. L'empire romain reste une puissance continentale. À toutes les époques les Romains ont considéré le service dans la marine comme une corvée pour les citoyens.
La première victoire navale romaine aurait eu lieu en 338 sur les latins d'Antium. À la suite de cette victoire, les restes des vaisseaux vaincus auraient servi à décorer la tribune aux célèbrations de Rome. En réalité, la première flotte romaine n'apparaît qu'après la guerre contre Pyrrhus, à la veille de la première guerre punique, une quinquérèmes carthaginoise échouée aurait servi, en 261, de modèle aux chantiers Romains. Après la victoire sur Carthage, les Romains ne construiront plus de grandes flottes et laisseront un temps les grecs s'occuper de la défense de la méditerranée pour leur compte. Néanmoins à la fin de la république, la marine romaine sera souvent au combat : Pompée contre les pirates Ciliciens en 67 av J.C (victoire remporté en deux mois), Octave contre Antoine à Actium ne sont que quelques exemples.
Une fois les bords assemblées, on montait l'ossature du navire. Les poutrelles étaient encastrées avec des chevilles. La partie immergée de la quille était alourdie par des plaques de plomb. Une tablette à hauteur du banc de rameurs le plus élevé, permettait aux volets du premier ordre de rames de dépasser les ordres inférieurs,
Le navire romain est un vaisseau à rames (birème, trirème, quadrirèmes, quinquérèmes selon le nombre de rames en hauteur), à faible tonnage (à peine supérieure à 200 tonnes). Les Romains sont si médiocres marins que leur tactique consiste à transformer autant que possible le combat naval en combat terrestre. Cela grâce à une innovation principale : le corbeau (corvus il s'agissait d'une sort de ponts-levis ni de deux crochets de faire qui permettaient d'immobiliser le navire adverse et qui servait de passerelle pour l'infanterie qui débarquait sur le navire ennemi)
Les différents navires romains
La quinquérème étaient long de 40 mètres et large de 7. L'équipage était composé de 300 marins et de 120 fantassins de marine commandés par une vingtaine d'officiers et de sous-officiers.
La décéris étaient longue de 45 mètres et large de 8. L'équipage était composé de 600 marins et de 300 fantassins de marines. Ce navire pouvait comporter des tours en bois à l'avant et à l'arrière.
Les équipages et l'encadrement
Sous la république, il y a pas encore d'escadre régulière. C'est le chef des troupes terrestres qui commande également la flotte (praefectus classis). Sur chaque navire se trouve un capitaine (magister navis), un pilote (gubernator) et des décurions qui commandent l'équipage. Généralement, les capitaines sont des affranchis grecs.
L'équipage comprend : les rameurs (remiges recrutés parmi les esclaves), les matelots de pont (nautae ce sont des prolétaires, des affranchis, ou des alliés maritimes à qui Rome emprunte leurs navires), des soldats d'infanterie de marine (classiarii étrangers, affranchis ou même parfois esclaves).
Les bases navales sont administrés par des quaestores classici.
Organisation des flottes permanentes
Auguste créée des flottes permanentes pour la police navale et la protection des convois de ravitaillement. Mais ces flottes n'auront jamais à livrer des batailles importantes.La flotte est divisée 8 escadres: celle de Misène et de Ravenne en Italie, celle de Fréjus en Gaule, celle de Bretagne qui est créée par Claude, celle de Libye, celle d'Alexandrie, celle de Syrie, et celle du Pont. Il existe également trois flotilles: celle du Rhin, celle du lac de Constance et celle du Danube
Les équipages et l'encadrement
Le service dure vingt-six ans, au bout desquels les noms citoyens reçoivent le droit de cité. Les provinces fournissent la majorité des recrues. L'empereur Claude ne fera plus admettre d'esclaves dans les équipages. Chaque escadre est commandée par un préfet qui est le plus souvent un chevalier mais peut être un affranchi. Les commandants des navires sont des navarchi ou des trierarchi. Les officiers de marine sont peu considérés. Les triérarques se réjouiront d'être assimilés aux centurions de l'armée de terre.
Au Bas-Empire, la flotte romaine est en pleine décadence. Sauf pour la répression de la piraterie et la surveillance des frontières septentrionales, les flottes sont inactives. Au début du Ve siècle, on dénombre une trentaine d'escadres minuscule pour la plupart, aux ordres des gouverneurs. Mais les flottes seront inefficaces pour empêcher les barbares de franchir le Rhin et le Danube, et pour empêcher le pillage de Rome par mer en 455
Liste des légions de l'époque du Haut-Empire
(voir carte en cliquant sur le lien)
- Legio I Adiutrix
- Legio I Germanica (-48 / 70)
- Legio I Illyrica
- Legio I Italica
- Legio I Minervia
- Legio I Parthica
- Legio II Adiutrix
- Legio II Augusta
- Legio II Italica
- Legio II Primigenia
- Legio II Parthica
- Legio II Trajana
- Legio III Augusta
- Legio III Cyrenaica
- Legio III Italica / Concordia
- Legio III Gallica
- Legio III Parthica
- Legio IV Flavia Felix
- Legio IV Macedonica
- Legio IV Scythica
- Legio IV Martia
- Legio V Alaudae
- Legio V Macedonica
- Legio VI Ferrata
- Legio VI Victrix
- Legio VII Claudia
- Legio VII Gemina
- Legio VIII Augusta
- Legio VIII Claudia
- Legio IX Hispana / Macedonica / Triumphatrix
- Legio X Fretensis
- Legio X Gemina
- Legio XI Claudia / Claudia Pia Fidelis
- Legio XII Fulminata
- Legio XII Victrix
- Legio XIII Gemina
- Legio XIV Gemina Martia Victrix
- Legio XV Apollinaris
- Legio XV Primigenia
- Legio XVI Gallica
- Legio XVI Flavia Firma
- Legio XVII - légion anéantie lors du désastre de Varus en Germanie
- Legio XVIII - id.
- Legio XIX - id.
- Legio XX Valeria / Valeria Victrix
- Legio XXI Rapax
- Legio XXII Deiotariana
- Legio XXII Primigenia
- Legio XXX Ulpia Victrix / Pia Fidelis
L’armée romaine sous l’Empire
L’armée républicaine de Marius
Marius a créé une armée de métier en ouvrant l’armée romaine aux pauvres. Cette modification dans le système de recrutement a pour effet d’attacher les soldats à leur chef. L’armée, même si elle n’est pas composée de mercenaires, devient extrêmement liée à ses chefs : les soldats suivront leur chef, ce qui a pour conséquence les nombreuses guerres civiles qui dureront pendant tout le Ier siècle avant J.-C. Les conflits opposant Marius et Sylla, puis Pompée et césar et enfin Octave à Antoine sont à inscrire dans cette perspective.
L’armée est professionnelle puisque les soldats s’engagent pour 16 ans, ce qui assure une armée nombreuse et permanente. Seuls les citoyens portent les armes selon l’idéal civis et miles.
La composition de l’armée
La garnison de Rome
- 10 cohortes prétoriennes dont le commandement appartient à un tribun. Ces cohortes constituent une pépinière de cadres (officiers subalternes - centurions) et la possibilité d'accéder à l'ordre équestre et au service civil pour les meilleurs. Ces cohortes sont regroupées dans un seul camp sur le Viminal aux porte de la ville. Sa fonction essentielle est la garde du palais impérial.
- 4 cohortes urbaines qui partagent les quartiers des prétoriens. Ils sont à la disposition du préfet de la ville de Rome. Leur commandement est assuré par un tribun.
- 7 cohortes de vigiles qui assurent le service d'incendie et de la police nocturne. Les vigiles sont recrutés parmi les affranchis ; jusqu'à la création de ce corps, les pompiers étaient recrutés parmi les esclaves non émancipés.
- les equites singulares sont recrutés parmi la cavalerie auxiliaire. Ils sont 500 placés sous l'autorité d'un tribun.
- les protectores, pris parmi les centurions de l'armée d'active, constituent la garde d'honneur de l'empereur.
Les armées provinciales.
La grande majorité des effectifs disponibles sont massés dans les provinces frontalières de l’Empire.
- Les légions, au nombre de 33 (j'en compte plus !) sont exclusivement composées de citoyens romains. Elles sont réparties le long du limes, à faible distance de la frontière, à l'exception de la VIIème Gemina, isolée en Tarraconnaise à Legio et la IIème Parthica à Albanum.
- Les troupes auxiliaires sont recrutées parmi les non-citoyens. Elle sont composées d'unités de taille réduite d'infanterie ou de cavalerie. La cohorte d'infanterie comprend 500 hommes et l'aile de cavalerie 500 cavaliers.
La marine
Auguste crée une marine de guerre forte de huit escadres et de trois flottilles :- deux escadres (Misène et Ravenne) protègent l'Italie ; ce sont les escadres dites prétoriennes.
- les autres escadres sont basées en Syrie, en Egypte, en mer Noire, en Manche, en mer du Nord, en Gaule (Fréjus) et en Lybie.
- trois flottilles fluviales (sur le Rhin, en Pannonie et Mésie c'est-à-dire sur le Danube).
Les commandants de flotte portent le titre de praefectii (amiraux) ; ce sont le plus souvent des membres de l’ordre équestre. Le service dans la marine dure 26 ans au bout desquels les non-citoyens obtiennent le droit de cité.
La hiérarchie et le commandement.
Le recrutement de la troupe
Le principe de la conscription n’a jamais été aboli, mais les empereurs ont fait appel au volontariat. Pour maintenir les effectifs, il fallait recruter annuellement 20 000 hommes. Seuls les hommes libres sont enrôlés. Le service est long : 12, puis 16 ans pour les prétoriens ; 16 puis 20 ans pour les légionnaires ; 26 ans dans la marine.Les soldats perçoivent une solde dont une partie (annone militaire) est versée en nature. Chaque soldat, selon son grade, touche une part de butin et les populations des pays traversés sont soumises au logement des gens de guerre (hospitium). En fin de service, le soldat accède au statut de vétéran ; il perçoit alors une prime de démobilisation d’un montant équivalent à une dizaine d’années de solde. Quant aux pérégrins, ils reçoivent la pleine citoyenneté romaine (la civitas).
La carrière des simples soldats.
Un simple soldat peut devenir centurion au terme d’un lent avancement. Le poste de primipile (premier centurion de la légion) est l’aboutissement de sa carrière. Les centurions sont en majorité issus de la troupe
La carrière des officiers supérieurs.
Les officiers supérieurs et les généraux sont issus des ordres privilégiés de la société (classe sénatoriale et ordre équestre). Le commandement d’une légion ne peut être assumé que par un magistrat ou un ancien magistrat ; le légat de légion est nommé par l’empereur parmi les anciens préteurs, donc un membre de la classe sénatoriale.Le cursus des chevaliers commence toujours par des fonction militaires (préfet de cohorte, tribun militaire) avant d’accéder à des fonctions civiles.
La défense de l’Empire
Les limes
Les empereurs des deux premiers siècles mènent une série de guerre pour améliorer le tracé des frontières. Les trois grandes frontières terrestres sont le Rhin, le Danube et l’Orient auxquelles s’ajoutent la Bretagne et l’Afrique.Le limes est l’ensemble de la zone frontière qui sépare Rome du monde barbare ; il s’agit à la fois d’une ligne de surveillance et d’un dispositif d’alerte qui possède un double but :
- militaire qui permet en cas d'attaque inopinée d'alerter les troupes et leur permettre d'accourir
- douanier, car les échanges avec le monde extérieur se règlent par son intermédiaire.
- le limes de Bretagne (mur d'Hadrien) comprend tris éléments : un fossé, un retranchement de terre et une ligne de châteaux forts reliés par une rocade parallèle au front pour assurer la liaison entre ses différents éléments.
- le limes rhénan se subdivise en deux secteurs :
- en aval de la Moelle, c'est le Rhin qui assure la défense
- le secteur du haut Rhin est organisé sur le modèle du limes breton
- le limes danubien est constitué par quatre secteurs
- le limes de Rhétie constitué par un mur de pierre ininterrompu garni d'une ligne de tours
- le limes du Danube moyen où le fleuve constitue la ligne de défense principale ;
- le limes de Dacie comprend à la fois un mur fortifié et un limes fluvial
- le limes du Danube inférieur est un limes fluvial.
- le limes d'Orient possède trois secteurs
- le limes du Pont court de la Crimée à Trébizonde ; c'est une chaîne de villes fortifiées
- le limes de l'Euphrate est un limes fluvial ; la frontière romaine est repoussée jusqu'au Haut Tigre
- le limes syro-arabique est constitué par le désert ouvert
- le limes d'Afrique dispose de trois secteurs :
- le limes d'Egypte qui a pour mission de barrer la vallée du Nil face au Soudan.
- le limes d'Afrique avec la Tripolitaine et la Numidie
- le limes de Maurétanie couvre l'Afrique du Nord vers le Sud.
Les armées
Le principe défensif adopté est celui de la couverture : l’armée est disposée linéairement le long de la frontière ; à chaque armée correspond un secteur déterminé. Derrière ce cordon sont placées des armées de réserve qui sont destinées à renforcer les forces du limes et à assurer la sécurité intérieure.En fait, chaque armée pourvoit, sous la forme de détachements, à l’occupation permanente des ouvrages de première ligne du limes. Le gros des troupes se tient en réserve, à l’arrière, dans une série de camps permanents.
Les menaces sur le limes au début du IIIème siècle.
Les premiers signes de poussée germanique apparaissent vers 213.L’Orient constitue la grande affaire du IIIème siècle : Septime Sévère, Caracalla, Macrin et Alexandre Sévère y font campagne.
La frontière africaine est consolidée par les Sévères.
L’évolution des armées sous le Haut-Empire.
Le rôle précis dévolu à chaque armée leur donne un caractère régional renforcé par- la fixation des unités qui sont affectées de manières permanentes à leur garnison ;
- la transformation du recrutement : celui-ci devient régional au début de l'Empire, puis local avec Hadrien (les troupe sont recrutées dans le secteur géographique où elles sont appelées à servir, créant un lien très fort entre le soldat et sa région natale). L'inconvénient est que le soldat répugne à servir loin de chez lui et que le commandement va hésiter à le faire combattre loin de chez lui, même si certains secteurs sont gravement menacés.
Conséquences économiques et sociales.
Près des camps s’installent les canabae, huttes où habitent les marchands et les indigènes qui vivent dans la mouvance de la société militaires. Du camp naît parfois une véritable cité (Cologne, Trèves, Argentoratum, etc.).Les marchands s’installent le long des voies romaines qui sont avant tout des voies stratégiques permettant aux légions de rejoindre rapidement les secteurs menacés. Ces routes constituent donc des axes particuliers favorisant les échanges à la fois économiques, culturels et cultuels.
L’armée est aussi créatrice d’activités économiques : elle favorise l’arrière-pays immédiat par le développement d’une importante activité agricole nécessaire pour nourrir la troupe. Elle est à l’origine du colonat.
Les causes de l’impuissance face aux invasions.
A partir du IIIème siècle, Rome n’est plus en mesure de mener des opérations d’envergure sur deux fronts à la fois. Cette impuissance est dûe à plusieurs causes :- l'insuffisance des effectifs pour défendre les 9 000 km du limes et assurer en même temps la sécurité intérieure.
- le coût énorme de l'armée ;
- l'inadaptation de la stratégie axée sur la défensive qui est à l'origine de la conception du limes. Les villes de l'intérieur ne sont pas protégées, elles ne sont pas ceintes de remparts. La conception du limes ne convient qu'à une époque paisible.
- la difficulté de rassembler de gros effectifs (problèmes de commandement et logistique).
- des carences tactiques. Les soldats sont lourdement armés; leur qualité principale est la discipline, leur aptitude à manoeuvrer. Une armée romaine peut affronter victorieusement n'importe quel adversaire en bataille rangée et excelle dans les opérations de siège.
- l'insuffisance de la cavalerie. Ses faibles effectifs ne lui permettent que de remplir des missions de liaisons ou d'escorte ; il n'y a que très peu d'unités de reconnaissance : la surprise joue en défaveur de la légion qui est souvent surprise en mouvement, donc dans une posture très vulnérable.
L’armée et le pouvoir
Les usurpations sous le Haut Empire
- 14 av. J.-C. : révoltes de Pannonie et de Germanie
- 41 apr. J.-C. : Assasinat de Caligula et tentative de restauration républicaine esquissée par le Sénat
- 42 apr. J.-C. : révolte du gouverneur de Dalmatie
- 68-69 : après le suicide de Néron, l'armée d'Espagne proclame Galba empereur ; Galba est tué au Forum et Vespasien, candidat de l'Armée d'Orient l'emporte.
- 88 : le légat de la Germanie supérieure se soulève avec la connivence secrète d'une partie du Sénat.
- 175 : révolte d'Avidius Cassius, commandant de l'Armée d'Orient.
Septime Sévère
En 192, les prétoriens, mécontents des réformes de Pertinax touchant l’armée l’assassinent et mettent l’Empire eux enchères entre le préfet de la Ville et un richissime homme d’affaire. L’armée du Danube proclame empereur son chef Septime-Sévère et l’armée d’Orient fait de même avec Pescennius Niger. L’armée du Rhin se rallie à Septime-Sévère.Après sa victoire sur le préfet de la Ville, Septime-Sévère désarme les prétoriens, reconstitue une nouvelle garde et double les effectifs : la cohorte passe de 500 à 1 000 hommes. Le recrutement d’italique devient provincial. En temps de guerre, les prétoriens suivent l’empereur en campagne.
Septime-Sévère vainc Pescenniu Niger dans une expédition en Orient ; il en profite pour expulser les Parthes de Mésopotamie. Enfin, par une expédition en Gaule, il s’assure la maîtrise complète du pouvoir.
« Enrichir les soldats et ne pas s’occuper du reste » aurait été la pensée de Septime-Sévère. L’armée est partout présente dans le régime et la solde et le bien-être matériel des soldats sont pris en compte :
- les soldes sont augmentées de 50% pour compenser l'érosion monétaire.
- l'annone militaire assure l'entretien de l'armée.
L’armée et le pouvoir au cours du IIIème siècle.
La lutte pour le pouvoir est celle de deux grandes armées provinciales : l’armée d’Orient et l’armée du Danube. L’armée d’Orient triomphe avec Elagabal et Philippe ; la victoire de l’armée du Danube est définitive avec les empereurs illyriens qui sont des soldats de carrière.
Les réformes de Gallien
L’édit de Gallien (262)
L’édit de 262 interdit aux sénateurs l’exercice des charges militaires ; leur carrière devient purement civile. Les sénateur ne peuvent plus être légats propréteurs des provinces impériales : l’armée se professionnalise jusque dans son commandement ; tous les tribuns sont issus de l’ordre équestre.
Création d’une armée mobile et protectores.
Gallien s’efforce d’accroître l’efficacité de l’armée sur le plan tactique. Il constitue une armée mobile et une réserve de cavalerie.
Les réformes de la fin du IIIème siècle
Dioclétien
Les réformes de Gallien ont eu pour effet de créer une armée de manoeuvre, mobile et souple, commandée par des professionnels. C’est devenu un outil efficace.En 305, il devait y avoir une cinquantaine de légions de deux types :
- certaines, une minorité, ont conservé leurs effectifs du Haut Empire (5 000 à 6 000 hommes)
- les autres ne comptent qu'un millier d'hommes.
Les légions sont toujours réparties le long du limes à raison d’une ou deux par province frontalière. Dioclétien s’efforce à renforcer le limes dans la profondeur en créant des forts en arrière du limes. Le commandement de la troupe et l’entretien des fortifications revient au gouverneur (praeses) lorsque ce dernier cumule les pouvoirs civils et militaires, soit à un dux provincial, indépendant du gouverneur. Les duces sont des chefs de circonscriptions territoriales fixes de défense ; ils sont recrutés parmi les officiers de carrière.
Autour de chaque tétrarque est constituée une armée de manoeuvre permanente, le comitatus, dont les membre portent le titre de comites. Ces troupes d’élite comprennent une garde rapprochée et un corps de lancier.
Constantin
C’est à Constantin que l’on doit la création de l’armée du Bas-Empire. La réforme de 312 et 325 consiste à replier loin des frontières l’essentiel des troupes. L’armée comprend deux parties :- les comitatenses (armée de campagne) composée du plus gros des légions
- les limitanei, unités demeurées sur la frontière qui forment un faible cordon chargé de renseigner.
L’évolution du recrutement
Le recrutement pèse sur trois catégories :- les fils de soldats
- les colons des grands domaines qui doivent fournir un nombre fixe de recrues. Le service ne pèse pas sur l'individu, mais sur la terre. On entre dans le système médiéval.
- Les barbares installés dans l'Empire.
La fortification des cités.
Les cités qui étaient sous le Haut Empire des villes ouvertes se fortifient au cours du IIIème siècle sous la poussée des circonstances. Au IVème siècle, le limes est soutenu par un réseau de villes fortifiées. Ces enceintes ont des dimensions généralement restreintes (en moyenne 2 000 m dans les Gaules). Ces villes fortifiées jouent bien leur rôle de pôle de fixation : en 298, Constance Chlore, menacé par les Alamans, trouve refuge derrière les remparts de Langres.