La république de Malte est un État insulaire situé au centre de la Méditerranée, à quelque 80 km au sud de la Sicile et à 230 km au nord de l’Afrique. Le pays forme un archipel et comprend les îles de Malte (la principale île), de Gozo, de Comino et de Filfola . L'île principale, Malte, présente une superficie de 246 km². La superficie totale de ce petit pays est de 316 km², l'un des plus petits du monde; par comparaison, la Belgique est très grande, car elle couvre 32 545  km². Même la principauté d'Andorre est plus grande que Malte avec 464 km². La capitale maltaise est La Valette.

Le pays a obtenu son indépendance du Royaume-Uni en 1964 et est devenu la république de Malte (en anglais Republic of Malta, en maltais Repubblika ta' Malta) en 1974. Malte constitue l'un des très rares États arabophones à être une démocratie parlementaire. De plus, Malte n'est pas un pays musulman, mais chrétien (catholique). Bref, au cours de son histoire, l'île de Malte a été arabisée, mais pas islamisée, ce qui suffit en soi à lui procurer une originalité incontestable au plan démolinguistique. 

 

 

Héritage culturel riche de Malte

Dès l’Antiquité, les îles maltaises ont été la proie des envahisseurs en raison de leur position stratégique dans la Méditerranée. Ainsi, se sont succédé les Phéniciens (IXe siècle avant notre ère), les Grecs (VIIIe siècle), les Carthaginois (VIe siècle) et les Romains (à partir de -218). Les insulaires maltais furent ensuite christianisés vers 50-60, puis latinisés. Après la chute de l’Empire romain, les îles furent livrées aux Vandales, aux Ostrogoths, puis aux Byzantins (en 533), avant d'être envahies par les Arabes(Aghlabides) en 870. La présence arabe fut déterminante pour les Maltais qui s’arabisèrent et s'islamisèrent (avant de se rechristianiser plus tard). Encore aujourd’hui, les Maltais parlent une langue — le maltais — à base d’arabe maghrébin. La conquête arabe prit fin en 1091 lorsque les îles de Malte furent conquises par le Normand Roger Ier, comte de Sicile.

 

C'est au cours de cette période de quatre siècles que s'installèrent des Italiens et des Siciliens, ainsi que des Génois et des Catalans, tous rapidement assimilés par la population locale. En 1249, l'empereur Frédéric II expulsa les derniers musulmans de Malte, mais il est probable que beaucoup de musulmans préférèrent se convertir au christianisme plutôt que de s'exiler.  C'est ce qui explique que la langue arabe ait pu se maintenir aussi aisément à Malte, dont la population se christianisa complètement. Au plan de l’administration religieuse, l’archipel de Malte fit partie du diocèse de Palerme en Sicile jusqu’en 1831. Pendant cette longue période sicilo-italienne, les Maltais empruntèrent massivement une partie de leur vocabulaire au sicilien et à l’italien. Périodiquement, des pirates maltais faisaient des razzias chez les Arabes du Maghreb (Algérie et Tunisie) afin de les réduire à l'esclavage sur l'île. Dans les documents officiels, le latin et le sicilien demeuraient les seules langues écrites, le maltais étant limité aux communications orales. 

Par la suite, en 1530, l’empereur Charles Quint (1500-1556), qui avait hérité de sa mère la Castille, l’Aragon, Naples et la Sicile (sans compter une grande partie de l’Amérique latine), accorda les îles de Malte à l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, un ordre militaire mais religieux consacré à la défense du Royaume latin de Jérusalem. Auparavant, soit en 1522, les hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem avaient été chassés de l’île de Rhodes en Grèce (alors leur quartier général) par les Turcs de Soliman le Magnifique (1495-1566), le sultan dont l’empire connut la période la plus riche de toute l’histoire ottomane. Rendus maîtres des îles maltaises grâce à Charles Quint, les hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem prirent le nom de chevaliers de Malte. Les chevaliers de l’ordre ont marqué fortement l’archipel de leur empreinte et furent généralement bien acceptés par les insulaires.

Afin de rendre sécuritaires leur nouveau quartier général, les chevaliers de Malte organisèrent la défense de l’île en édifiant plusieurs fortifications (fort Saint-Ange, fort Saint-Elme, fort Saint-Michel, etc.). Sous le règne du grand maître de l’ordre, Jean Parisot de La Valette, les Maltais résistèrent au Grand Siège des Turcs de 1565. C’est l’année suivante, en 1566, que La Valette, la capitale de l’archipel, fut fondée. Les chevaliers de Malte réussirent à maintenir leur ordre militaire jusqu'en 1798, non sans avoir doté Malte de somptueux édifices qui font aujourd’hui l’orgueil de la capitale.

Au cours de cette période, l'italien toscan a remplacé le latin et le sicilien dans la langue écrite, notamment dans les actes notariés, les tribunaux et l'administration publique. C'est aussi cet italien que les intellectuels maltais utilisaient pour s'exprimer publiquement et qu'ils enseignaient dans les écoles. Dès 1632, l'arabe classique était aussi enseigné, surtout au sein des ordres religieux. Toutefois, les commerçants, artisans, marins et pêcheurs ont continué de parler le sicilien et le maltais. 

Au cours du XVIIIe siècle, l’archipel de Malte devint, sous l’influence française, le grand relais du commerce français en Méditerranée. En 1798, le 71e et dernier grand maître des chevaliers de l’ordre de Malte sur l’île, l’Allemand Ferdinand von Hompesch, se rendit au général Bonaparte après une résistance symbolique. Mais en raison de plusieurs lois impopulaires promulguées par Bonaparte, les Maltais se soulevèrent et firent appel à l'amiral anglais Nelson

Napoléon débarque à MalteGrâce à l’aide des troupes britanniques, les Français durent se retirer de Malte après deux ans de siège. Cependant, les Britanniques refusèrent de rendre l’archipel à l’ordre de Malte (définitivement expulsé de l’île) et en firent plutôt une colonie anglaise. Le traité de Paris de 1814 reconnut les Maltais comme des «sujets britanniques», mais la Couronne anglaise dut assurer le maintien de la religion catholique.

Cependant, à long terme, les Britanniques ne furent pas plus acceptés que les Français. Les Britanniques imposèrent unilatéralement leur langue et accaparèrent tout le pouvoir politique et économique.Après de longues querelles, ce n'est qu'en 1962 que l'indépendance de l'État de Malte fut unilatéralement voté par le parlement et officiellement accordée par l'état anglais en 1964. Le 13 décembre 1974, Malte devint officiellement la république de Malte. Le 1er mai 2004, Malte fut acceptée, non sans résistances (après onze ans de négociations), comme premier État arabophone membre de l'Union européenne. En même temps, le maltais devint aussi l'une des langues officielles de l'UE. Le 1er janvier 2008, Malte intégrait la zone euro.