Histoire d'Obélisque
Le terme obélisque vient du grec obeliskos qui signifie « broche à rôtir » ou « aiguille ». Pour les Egyptiens c'est benben qui signifie « s'élever en brillant ».
C'est un monument monolithique (une seule pierre) qui s'érige vers le ciel, vers le Soleil, vers Rê. Selon la légende, il serait un rayon de soleil figé. Rê, dont l'obélisque est le symbole, se serait manifesté aux hommes sous cette forme.
Il est constitué de trois parties : Le piédestal à la base, le bloc à quatre faces qui constitue la partie majeure au milieu, et enfin le pyramidion recouvert d'or au sommet.
Les obélisques vont quasiment toujours par paires et sont érigés près des temples dédiés aux divinités solaires. C'est un ornement symbolique permettant aux voyageurs qui passaient par-là de savoir que le temple était dédié à une divinité solaire.
Lors des fêtes dites du jubilé, les pharaons décidaient qu'on devait ériger une paire d'obélisques en l'honneur du dieu héliopolitain ou un dieu assimilé. Ils étaient recouverts de hiéroglyphes et des cartouches du roi qui a décidé leur construction, ce qui permet de les dater assez facilement.
L'obélisque est très ancien, bien avant le premier pharaon Narmer qui a unifié la Haute et la Basse Egypte. Il faut remonter à l'époque prédynastique aucours de laquelle naît le culte d'une pierre dressée sur laquelle le soleil se pose lorsqu'il se lève.
Son usage va ensuite se répandre d'Héliopolis, la « ville du Soleil », la ville de Rê, à l'Egypte toute entière. A la Ve dynastie il apparaît pour la première fois dans les temples solaires dans lesquels il est au centre du saint des saints : le sanctuaire.
Les obélisques se multiplient au Nouvel Empire (1500 – 1000 av. J-C). On les érige par paires de chaque côté des entrées des pylônes (en égyptien « bekhenet »). Le pylône est une porte monumentale constituée de deux tours avec une entrée au milieu qui était érigée, souvent en dernier, devant les temples.
On peut se demander si le fait d'ériger les obélisques par paire n'a pas une signification mystique. L'espace qui se situe entre les deux obélisques pourrait faire penser à une porte symbolique et la passer nous engage dans un autre monde. Passer cette porte c'est comme entrer dans le monde du dieu.
Beaucoup d'obélisques sont aujourd'hui conservés et toujours visibles dont quelques-uns hors du territoire égyptien. On connait tous celui qui est sur la place de la Concorde à Paris, on en trouve aussi à New York, Rome, Istanbul ou encore Londres.
Déjà au VIIe siècle avant notre ère, Assurbanipal (669 – 627 av. J-C), roi assyrien, aurait rapporté à Ninive, après s'être emparé de Thèbes en 663 avant notre ère, deux immenses obélisques. Il rapportait, triomphant, comme preuve de son succès militaire, une preuve magnifique de sa victoire.
Pour les empereurs romains, l'obélisque était aussi un trophée. Ils en ont donc, naturellement, rapporté quelques-uns dans l'Empire romain, environ une quinzaine, rien qu'à Rome. D'ailleurs, l'un d'eux trône majestueusement sur la Place Saint-Pierre.
Au XIXe siècle, les Egyptiens ont offerts à des souverains étrangers des obélisques et celui de la Concorde en fait partie.
Tous proviennent du même endroit : la carrière de granit d'Assouan. Il n'y a qu'ici que l'on trouve le fameux granit rose dont sont fait ces fameux monolithes. C'est également des carrières d'Assouan que viennent les blocs de pierre qui ont servi à construire les pyramides et les statues monumentales.
Près d'Assouan, dans une carrière de granit, on peut y voir un obélisque inachevé d'environ 1.200 tonnes et d'une longueur de 42 mètres commandé par le pharaon Thoutmosis III (XVIIIe dynastie). Sa taille a été abandonnée à cause d'une fêlure dans la roche, le rendant ainsi inesthétique et fragilisé. Il menaçait sans doute de se briser lors du transport. Et puis, on n'offre pas au dieu un ouvrage imparfait ou abîmé, cela s'entend.
Taillé sur trois faces, il est vierge de toute inscription. Il n'est pas non plus poli. Il aurait été le plus grand obélisque érigé en Egypte mais le géant de pierre ne verra jamais le temple qui lui était destiné.
L'obélisque, aussi surprennant que cela puisse paraître, était taillé dans sa carrière et extrait en un seul bloc. Une fois dégagé, les ouvriers le plaçaient sur des traîneaux qui étaient ensuite tirés par des milliers d'hommes (certaines sources avancent le nombre faramineux de 3.000 hommes) jusqu'au Nil.
Puis ils le chargeaient sur une énorme barge à sec sur la rive du fleuve et une fois que la crue remontait l'embarcation, elle était tractée par plusieurs bateaux à rame jusqu'au temple auquel il était destiné et devant lequel il devait trôner fièrement avec son pyramidion doré à son sommet qui brillait de tous ses feux sous les rayons chaleureux du soleil. Une lueur étincellante qui était sans doute la preuve que Rê avait apprécié l'hommage de Pharaon.
Il était ensuite tiré sur une rampe en terre au bout de laquelle on le faisait basculer pour l'ériger à la verticale et ainsi le faire poindre en direction du soleil.
Pour mener à bien cette « expédition », il fallait donc une force humaine considérable que l'on peut facilement imaginer. Un vrai tour de force plusieurs fois réussi.
L'étude de l'obélisque inachevé a permis de mieux comprendre comment il était taillé. On y voit de larges saignées latérales qui laissent à penser que les ouvriers attaquaient la roche brute et homogène, sans aucun défaut ou fissure, par percussion à l'aide de marteaux ou de boules de dolérite.
Sa surface était aplanie par l'application de briques chaudes que l'on refroidissait brutalement avec de l'eau. Enfin, les ouvriers damaient sans relâche le granit à l'aide de boules de dolérite qui pesaient environ 5 kg pour un diamètre de 15 à 30 cm environ.
Après quelques mois, l'obélisque était prêt à effectuer son seul et unique voyage, cette croisière sur le Nil qui l'emmenait vers son temple. Un voyage qui, évidemment, n'était pas de tout repos...